Dans la nuit de vendredi 22 à samedi 23 mars, plusieurs établissements scolaires des Hauts-de-France ont été touchés par des cyberattaques. Une dizaine en Picardie, dont six dans la Somme. Ils ont vu leurs comptes d'espace numérique de travail (ENT) piratés, et des élèves ont reçu des messages à caractère terroriste.
Face aux messages de menace envoyés à plusieurs élèves des Hauts-de-France, dans la nuit du vendredi 22 au samedi 23 mars, les autorités en lien avec les académies ont pris plusieurs mesures de sécurité. Dans un entretien, Rollon Mouchel-Blaisot, le préfet de la Somme, explique celles qui vont être mises en place pour assurer le retour en classe ce lundi 25 mars. Des mesures appliquées également dans l'Oise et dans la Somme, informe l'académie d'Amiens.
Face à l'afflux de ces mails, l'accès aux comptes de l'espace numérique de travail (ENT) a été suspendu ce samedi, afin de mettre fin à la "propagation de ce message tout à fait infâme et inquiétant", a indiqué Rollon Mouchel-Blaisot, le préfet de la Somme. Par la suite, des dépôts de plainte ont été déposés auprès des services de police et de gendarmerie.
Des forces de police ou de gendarmerie vont être également en appui.
Rollon Mouchel-BlaisotLe préfet de la Somme
Dans ce contexte, il a été décidé, avec les autorités académiques, "de renforcer les équipes mobiles de sécurité. Pour être en appui pour le filtrage et l’accueil des élèves", ce lundi matin, explique le préfet de la Somme. "Des forces de police ou de gendarmeries vont être également en appui. Et aussi des cellules d’écoute vont être déployées dans ces établissements pour être au plus près des professeurs, des agents d’éducation nationale, des élèves et des parents."
Lundi, dès l’ouverture des établissements scolaires, le recteur Pierre Moya, Catherine Albaric-Delpech, directrice académique des services de l'Éducation nationale (DASEN) de l’Aisne, Jean-Paul Obellianne, DASEN de l’Oise et Gilles Neuviale, DASEN de la Somme, iront à la rencontre des personnels et élèves de plusieurs établissements menacés.
"On ne laisse rien passer"
Il a insisté sur le fait de garder "une très grande vigilance, une très grande attention sur ce qu’il se passe. On ne laisse rien passer, on n’écarte aucune hypothèse, même si à ce stade ce sont plutôt des actes de malveillance. Mais dans le contexte que nous connaissons, on ne peut rien laisser au hasard."
Si le nombre de patrouilles est en train d'être "calé au cas par cas", Rollon Mouchel-Blaisot assure qu'il y aura des patrouilles physiques, "à l’entrée de chaque établissement".
Concernant l’espace numérique de travail, il "va rouvrir puisqu'il permet justement la collaboration entre les professeurs, les élèves et les parents. On va faire un point de situation bien sûr cette semaine", indique le préfet. "L'objectif, c'est bien sûr de les contrecarrer, de les combattre dès qu'elles arrivent. Et de mettre tout en place comme une sorte de rideau de protection pour empêcher qu'elles se propagent."
Des menaces qui font échos aux alertes à la bombe
Ces menaces font écho à la vague de fausses alertes à la bombe qui avaient touché un nombre important d'établissements scolaires à l'automne 2023. Pour le préfet,"c'est un petit peu plus technique. Lors d'une alerte à la bombe, un plaisantin peut téléphoner ou envoyer un courrier et faire un acte de malveillance de manière assez facile, s'il le souhaite […] Je pense que les cyberattaques sont beaucoup plus dangereuses, puisqu'elles supposent une compétence, une organisation. Et avec une possibilité de démultiplier leur message de mort, leur message de terrorisme ou leur message d'attaque. Sans bien sûr négliger des alertes à la bombe. Mais c'est beaucoup plus dangereux parce qu'elles peuvent faire beaucoup de dégâts. Des dégâts matériels, mais aussi un dégât sur les esprits quand on véhicule des images ou des phrases de mort."
Les six établissements de la Somme concernés sont : le lycée Boucher de Perthes d'Abbeville, le lycée de l’Authie à Doullens, le lycée Edouard Branly, les collèges Sagebien et Rosa Parks à Amiens, puis le collège Les Coudriers, à Villers-Bocage.
Dans l'Aisne, deux établissements ont été touchés : le lycée Colard Noël de Saint-Quentin et le lycée Léonard de Vinci, à Soissons.
Enfin, dans l'Oise, ce sont le lycée François Truffaut de Beauvais et le collège Ferdinand Buisson de Grandvilliers, qui ont été ciblés par les cyberattaques. C'est le cas également du lycée Mireille Grenet, dont les messages reçus ne sont pas les mêmes dans les autres établissements, mais dont la sécurisation et l'accompagnement du rectorat sont identiques.
Avec Claire-Marine Selles / FTV