Alexandre Loye, agriculteur et éleveur de Quend dans la Somme est engagé depuis 4 ans dans une démarche d'agriculture raisonnée. Récompensé avec un deuxième Prix d'Excellence Agri-Ecologique au Salon de l'Agriculture 2018, il nous raconte ce que cela a changé pour lui.
Cela fait 4 ans qu'Alexandre ne lâche rien. Convertir les 95 hectares de culture intensive de l'exploitation familiale en prairies, n'a pas été de tout repos. Aujourd'hui, il est fier de pouvoir affirmer :
Depuis sa médaille, les gens l'interpellent sur les marchés. Ses ventes aussi ont augmenté. Ce 2ème Prix d'Excellence Agri-Ecologique est une récompense méritée pour cet homme de conviction.Les gens veulent savoir ce qu'ils mettent dans leurs assiettes. Moi, je peux dire que je sais ce que je mets dans l'assiette de mes vaches.
Première étape : changer le modèle familial
Quand il rejoint l'exploitation familiale La Ferme du Petit Bas, il y a 4 ans, cette dernière est constituée de 95 hectares de polyculture conventionnelle et d'une exploitation laitière intensive. Convaincus avec son père que ce modèle est à bout de souffle, ils décident de changer de système. Petit à petit, hectare après hectare, ils convertissent leurs cultures céréalières en prairies et abandonnent les vaches laitières au profit de celles qui produisent de la viande. 35 hectares ont déjà été transformés.Cette médaille est une reconnaissance de son travail mené depuis 4 ans en matière de prairies humides, naturelles, qu'il fauche chaque été pour nourrir toute l'année son troupeau de vaches. Chaque hiver, les quelques 120 bovins d'Alexandre consomment une moyenne de 130 tonnes de fourrage. Il complémente parfois celles qui allaitent avec des céréales. Abandonner le maïs et les granulés était une évidence.Pendant que mes voisins agriculteurs transforment des prairies en terres cultivables, nous, on fait l'inverse
un pari réussi
L'agriculteur pratique le circuit court, il vend sa viande aux particuliers, s'aide des réseaux sociaux, s'implante dans les cantines scolaires et restaurants locaux.Si les premiers temps ont été difficiles fiNancièrement, cette médaille le pousse commercialement, lui permet d'asseoir sa réputation. Un premier pas peut-être, avant de demander le label bio. En attendant, il continue sur les 60 hectares qui restent à convertir, une culture de cérales raisonnées.
Aujourd'hui nous sommes encore trop fragiles fiancièrement. Le passage au bio demande beaucoup d'investissement, alors cette médaille nous permet de reconnaitre que nous faisons des effort et que nous nous engageons pour la biodiversité et l'environnement. On produit moins mais mieux.
Dans ses prairies près de 50 espèces végétales différentes
Conforté par sa médaille, Alexandre sait qu'il a pris les bonnes décisions. La biodiversité qu'il protège se retrouve dans ses produits. C'est un gage de qualité pour sa viande qu'il vend surtout en direct.
On est heureux et on sait pourquoi on travaille.
Heureux aussi de pouvoir compter dans ses prairies plus de 50 espèces végétales différentes dont deux en voie de disparition.
Alors ça sert à quoi une médaille ?
A dire que l'on ne s'est pas trompé, qu'on a pris des risques mais finalement c'étaient les bons, qu'on a flirté avec le gouffre mais on s'est relevé...
À donner confiance, à rassurer....C'est aussi un tremplin.
Une rencontre signée Yolande Malgras et Jérôme Arrignon.