Témoignage. Le cri d’alarme d’une médecin généraliste : "je n’ai pas l’impression de faire la médecine que j’espérais faire"

Publié le Écrit par Lucie Caillieret et Mathieu Maillet

Aurélie Laumon est médecin généraliste à Rosières-en-Santerre, dans la Somme. Passionnée par son métier, elle se mobilise aux côtés de ses confrères pour le défendre. Après avoir participé à la grève durant les fêtes, elle reçoit à nouveau ses patients. Entre crise de la santé, charges d’un cabinet médical et vie familiale, cette médecin partage son quotidien.

"Il me tient à cœur que les patients comprennent que notre mouvement, on ne le fait pas pour nous. On le fait pour nos qualités de travail […] Aujourd’hui, on ne peut plus soigner les gens comme on rêvait de le faire."

Si Aurélie Laumon accepte de témoigner au micro de nos journalistes, c’est pour alerter sur une profession qui, selon elle, a considérablement changé. Le métier essuie notamment les conséquences de la crise du milieu hospitalier.

"On est parfois obligés d’instaurer des traitements à la place du diabétologue, à la place du cardiologue ou de mettre en place des traitements pour la douleur, car les patients souffrent et leur rendez-vous avec l’algologue est dans trois mois."

Je ne m’en cache pas, moi je vois une psychologue parce que je n’ai pas l’impression de faire la médecine que j’espérais faire […] On est toujours obligés de se presser car on sait que derrière, la salle d’attente est pleine. Des bébés peuvent pleurer. Des urgences peuvent se mettre entre deux rendez-vous.

Aurélie Laumon

Médecin généraliste

Concilier travail et vie personnelle

"J'ai choisi ce métier en me disant : c'est un métier intéressant qui me permet de rencontrer des gens et de les aider au quotidien. Ça gagne bien, après dix ans d'études. Et surtout, je pourrai garder du temps avec ma famille."

Il y a sept ans, à son arrivée dans ce cabinet médical de la Somme, Aurélie Laumon pensait pouvoir travailler quatre jours par semaines. Aujourd'hui, elle peine à atteindre cet idéal. Difficile pour elle de concilier son travail, qu'elle exerce chaque jour de 8 heures à 20 heures, avec le temps qu'elle souhaiterait consacrer à ses trois enfants.

Selon cette médecin, cela s'explique en partie par l'augmentation des charges : "Un cabinet médical, ça coûte de l’argent, même quand on n’y travaille pas. Quand on est en arrêt maladie, quand on est en congé maternité… Si je n’ai pas de remplaçant pour payer une partie de mes charges, ça me coûte 6 000 euros par mois."

Des fois, lorsque je prends deux semaines de congés avec mes enfants, il arrive très souvent que je dise à ma secrétaire "je vais rentrer plus tôt" parce que les charges du cabinet plombent la situation. C’est pour ça qu’on veut une revalorisation.

Aurélie Laumon

Médecin généraliste

Une grève pour davantage de moyens

Aurélie Laumon a participé à la grève pendant les fêtes. Jeudi 5 janvier, elle a également manifesté à Paris, aux côtés de milliers de généralistes

"Moi ça me coûte de faire grève. Quand je vois que mes patients n’ont pas pu consulter, ça me fait mal au cœur. Mais pour qu’on soit encore là dans les années à venir, il faut que là, on soit dans la rue et qu’on nous entende. C’est très important."

François Braun, ministre de la Santé, s'est dit prêt à revaloriser le montant de la consultation des médecins libéraux, "dès lors que les besoins de santé des Français sont remplis". Le ministre exclut toutefois de l'augmenter jusqu'aux 50 euros demandés par certains grévistes. 

Pour l'heure, comme nombre de ses confrères, Aurélie Laumon conserve ses craintes et reste mobilisée.

Qu’avez-vous pensé de ce témoignage ?
Cela pourrait vous intéresser :
L'actualité "Société" vous intéresse ? Continuez votre exploration et découvrez d'autres thématiques dans notre newsletter quotidienne.
Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
choisir une région
Hauts-de-France
France Télévisions utilise votre adresse e-mail pour vous envoyer la newsletter de votre région. Vous pouvez vous désabonner à tout moment via le lien en bas de ces newsletters. Notre politique de confidentialité