La Butte-Rouge à Châtenay-Malabry est une cité-jardin des années 30, emblématique de son temps et avec de nombreux logements sociaux mais le bâti a besoin d'une sérieuse cure de jouvence. De nombreux logements sont dégradés mais le projet de réhabilitation ne fait pas l'unanimité.
Elle se caractérise par sa forme géométrique et la couleur rosée de ses 216 bâtiments. La Butte-Rouge s'étend sur 60 hectares, elle s'est structurée autour d'espaces verts. Cette cité ouvrière de style Bauhaus est sortie de terre au début des années 30 pour combattre l'insalubrité et apporter du confort aux classes populaires. Mais depuis, le temps a fait son œuvre et le bâti a vieilli.
Pas d'ascenseur ni d'accès handicapé et des problèmes d'humidité récurent dans les rez-de-chaussée. Des problèmes auxquels fait face Floriane Boucheix : "J'ai des flaques d'eau le matin, j'ai des flaques d'eau partout donc je suis obligée d'éponger au fur et à mesure", souffle la locataire.
Pour mettre la cité aux normes, un projet d'envergure a vu le jour avec, à la clef, 800 logements supplémentaires. Certains bâtiments seront simplement rénovés comme 55% des tours de la cité classées sites patrimoniaux remarquables.
"En les mettant simplement aux normes, on perdrait environ 600 logements donc on voit bien qu'il y a une nécessaire évolution et modernisation de cette cité-jardin [...] On ne peut pas faire, au XXIe siècle, plus de 4 000 logements, sans qu'ils ne soient accessibles ou sans offrir un confort moderne" affirme Carl Segaud, le maire de la commune.
Les associations locales fermement opposées au projet
En dehors du périmètre classé, les immeubles subiront des extensions, ils pourront même être démolis puis reconstruits. Mais pour plusieurs collectifs locaux, détruire 40 bâtiments est impensable : "C'est une œuvre urbaine, vous avez plusieurs bâtiments mais qui font un tout, vous ne pouvez pas dire 'j'enlève cette partie', 'celle-là, je la garde", dénonce Barbara Gutlas, membre de l'association Châtenay Patrimoine Environnement.
Ce projet porte une autre ambition : apporter plus de mixité sociale dans ce quartier desservi depuis quelques mois par le tramway. Aujourd'hui, 100% des logements sont sociaux mais demain, il n'en restera que 40%. La cité sera composée de 20% de logements intermédiaires et 40% de logements privés. Selon Sylvie Boxberger, membre de l'association Sauvons la Butte-Rouge : "Le projet caché derrière c'est de gentrifier le quartier. On est sur un projet de gentrification où on élimine 60% de logements sociaux".
Selon la municipalité, les premiers logements privés devraient être livrés fin 2025. Plus de 200 familles ont déjà été relogées dans le parc social de la ville.