Le 3ème procès AZF s'est ouvert à Paris, 15 ans après la catastrophe de Toulouse

Les débats ont débuté ce mardi 24 janvier pour 4 mois devant la Cour d'appel de Paris, avec retransmission à Toulouse, pour tenter, une nouvelle fois, d'établir les responsabilités dans l'explosion de l'usine chimique le 21 septembre 2001.

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Plus de 15 ans après l'explosion de l'usine AZF à Paris, qui a fait 31 morts, des centaines de blessés, des milliers de sinistrés et traumatisés, le troisième procès s'est ouvert ce mardi 24 janvier 2017 devant la Cour d'appel de Paris. Il doit se tenir jusqu'au 24 mai, à raison de trois journées par semaine (du mardi à jeudi).

"Pas de déclaration" de Serge Biechlin devant la presse

Le visage fermé, Serge Biechlin, seul prévenu personne physique (l'autre prévenu est une personne morale, la société Grande Paroisse propriétaire de l'usine), est arrivé quelques minutes à peine avant le début de l'audience, accompagné de son agent de sécurité et de certains de ses avocats. "Aucune déclaration" a-t-il répondu à la question "dans quel état d'esprit êtes-vous aujourd'hui", posée par un journaliste de France 3 Midi-Pyrénées (voir vidéo ci-dessous) avant que de nombreux journalistes et caméras ne l'entourent. 
Finalement, le prévenu Serge Biechlin a le même visage, crispé, que lors de l'ouverture des deux précédents procès à Toulouse en 2009 et 2012. Il a seulement vieilli (il est aujourd'hui âgé de 72 ans). 
"Nous avons tous 16 ans de plus", soupire Jacques Mignard, le président de l'association Mémoire et Solidarité, qui représente les anciens salariés de l'usine. 

Nous avons tous 16 ans de plus


Le temps passe et il va falloir pour les témoins, au fil de ces quatre mois de procès, se replonger dans ses souvenirs pour répondre aux questions de la Cour, présidée par Claudine Forkel, présidente de la 13ème chambre des appels correctionnels de la Cour d'appel de Paris. Le ministère public lui est représenté par les avocats généraux Jean-Christophe Crocq et Stéphane Chassard (NB : contrairement aux deux procès précédents à Toulouse, la Cour d'appel de Paris ne permet pas de filmer ou photographier les magistrats, y compris pour ce procès qui concerne de très nombreuses victimes et parties civiles). 

"Nous sommes las, fatigué,
poursuit Jacques Mignard, qui avec son association soutient la position de Total selon laquelle il ne s'agit pas d'un accident industriel mais que l'explosion aurait été la conséquence d'une intervention extérieure. Mais nous avons l'énergie du désespoir afin qu'on nous dise ce qui s'est vraiment passé". 

Alors que des associations de victimes manifestaient devant le palais de justice pour réclamer la condamnation de Total et protester contre la tenue du procès à Paris, Jacques Mignard estime lui que cette délocalisation peut apporter "de la serénité". "Nous avons vécu un procès en appel à Toulouse (NDLR : en 2012) dans des conditions calamiteuses, un contexte toulousain hostile. Donc oui, venir à Paris, cela implique de grosses contraintes, mais l'essentiel c'est que ce procès ait lieu et tant mieux si c'est à Paris, dans le calme". 

Le temps aurait-il donc un impact sur les témoignages ? Un argument que réfute Maître Stella Bisseuil, avocate de l'association des familles endeuillées et qui représente 418 parties civiles au procès. "On a les témoignages faits à chaud, juste après l'explosion, explique l'avocate, et justement cela nous permet de les confronter face à des témoins, surtout ceux proches de Total, qui ont changé de témoignages au fil des ans". L'avocate, qui, comme beaucoup de ses confrères s'attend à un procès "difficile et tendu avec une position de Total et de ses avocats, très vindicative"

Ce mardi les débats ne se sont pas éternisés : appel des prévenus, des parties civiles et des experts. Une heure et demie d'audience à peine. Reprise mardi à 13h30. 

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