Trois jours après les attentats de Paris, quelle est l'ambiance dans une grande ville comme Toulouse ? Reportage entre quotidien et recueillement.

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La ville rose se réveille dans le brouillard, ce lundi. Quel temps fait-il à Paris ? 
Sur le chemin de l’école de mon fils, les feuilles mortes et l’insouciance des enfants sont là, comme vendredi. Un peu avant 9h00, les bouchons sont là aussi, sur la rocade. C’est un lundi ordinaire à Toulouse. Tout est comme d’habitude et pourtant, rien n’est pareil.

11h30, dans le métro à Compans-Caffarelli, la voix mécanique qui annonce que les bus et les métros s’arrêteront à midi le temps de l’hommage national est le seul détail qui me ramène à Paris. Station Jean-Jaurès, tout est calme. Pas la moindre force de l’ordre à l’horizon.
Place Wilson, un vieux monsieur lit la Dépêche du Midi près du manège. "La France en deuil" s’affiche pleine page.
L’accès au Capitole par la place Henri IV est fermé, Vigipirate oblige. Devant la Mairie, des bougies, des passants arrêtés, silencieux, recueillis.

Dans un grand magasin, on fouille tous les sacs à l’entrée "et on est vigilant" indique un des vigiles à l’entrée. Personne visiblement ne rechigne à ouvrir son sac, "les gens sont compréhensifs, ils s’étonnent même qu’on ne l’ait pas fait plus tôt". Le dispositif de sécurité a été renforcé dès samedi et il va l’être encore dans les heures qui viennent. 
11h50, par petits groupes, des gens convergent vers le Capitole pour une minute de silence spontanée.
12h00. Sur les boulevards, les bus de Tisséo s’arrêtent. Le temps aussi. Un homme a garé sa voiture sur la voie de bus, il se recueille tête baissée.
12h30, la vie continue sur une terrasse de café, place de la Trinité.  La dernière voiture de Benzema, les impôts locaux… Les conversations vont bon train. Mais Paris n’est jamais loin. On y revient toujours. "On est tous sonnés", dit mon voisin de gauche. A droite, une jeune fille raconte la minute de silence au téléphone. "J’étais très émue… A la fin, un type a crié tout seul : "on est là parce qu’on n’a pas peur".

Plus tard, rue Alsace, les gens font leurs courses comme si de rien n’était. Un drapeau est en berne. Je n’avais jamais remarqué le consulat du Danemark au-dessus de ce magasin de chaussures…
La vie continue mais entre deux boutiques, on parle des frappes en Syrie ou de la peur de prendre le métro. Quatre amis discutent en marchant rue Saint-Rome : "c’était dur samedi, on sentait que tout le monde avait besoin de douceur mais nous qui avons vécu ça de loin, on ne peut pas rester trop longtemps moroses" dit une jeune femme. "Enfin nous, on a déjà connu ça avec Merah", lui répond son ami.

Mes pas me ramènent au Capitole. La foule est partie mais des gens se recueillent toujours. Le silence règne. Quatre jeunes filles disposent des bougies en forme de cœur.
Ce même besoin de "faire un geste", "d’être solidaire", je le retrouve quelques pas plus loin, à l’Etablissement français du sang (EFS), sur les allées Jean Jaurès. La salle d’attente est pleine. Depuis ce matin, des gens se pressent pour donner leur sang pour les victimes des attentats de Paris.
Une affluence sans précédent qui a obligé l’EFS à appeler des médecins et des infirmières en renfort. Et qui les contraint à refuser des dons, faute de place. "C’est fantastique, cet élan" dit un médecin "mais ça nous pose d’énormes problèmes de logistique. Si ça continue comme ça, on va avoir trop de sang. On devra même sans doute en jeter car il se périme au bout de 42 jours"».  Il regrette de devoir dire non à ses donneurs venus spontanément, souvent pour la première fois : "ce désir de donner va disparaître assez vite".

Toulouse est presque la même qu’hier mais dans la rue, tout le monde a l’air plus grave. C’est impalpable, c’est silencieux mais un fil ténu nous relie à Paris. Place Arnaud Bernard, une affiche, quelques fleurs… Un banc public transformé en stèle me fait soudain monter les larmes aux yeux.
Il me ramène à Paris, à tous ces anonymes et à mes proches frappés en terrasse ou dans une salle de concert. Des gens comme moi. Si loin, si proches.

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