Deux adolescents scolarisés au lycée des Arènes à Toulouse sont partis pour la Syrie s'engager aux côtés d'Al-Qaïda. Cet engagement précoce fait écho à la mort en 2013 de deux jeunes demi-frères Toulousains tués en Syrie. Le parquet anti-terroriste de Paris a été saisi de l'enquête.
Le jour de la rentrée des vacances de Noël, le 6 janvier, deux adolescents de 15 ans, scolarisés au lycée des Arènes, ont quitté Toulouse pour rejoindre la Syrie, via la Turquie, et combattre auprès d'Al-qaïda, a indiqué le parquet de Toulouse. L'un des adolescents réside à Pinsaguel (Haute-Garonne), l'autre à Toulouse.
Des profils différents
Les deux jeunes, dont l'un que l'on appellera du pseudo Hakim (à la demande de ses parents qui ont également fourni eux-mêmes la photo de leur fils ci-contre) est un bon élève, délégué de classe. Cependant, ses copains de classe de seconde, interrogés par France 3, ont constaté une évolution de son comportement depuis le mois de novembre 2013 : plus renfermé, n'écoutant que de la musique religieuse, avec un discours politisé anti-américain et anti-juif, et ne fréquentant plus que le deuxième adolescent. Celui-ci a un profil un peu différent : un moment déscolarisé il est revenu dans le milieu scolaire mais était souvent absent du lycée. Mais, pour l'un comme pour l'autre, la communauté scolaire, élèves, proviseur, enseignants, n'a rien vu venir.Pour les familles, c'est un "enlèvement"
Interrogées par les services de renseignement, les familles de ces deux ados sont particulièrement inquiètes. "Hakim" a téléphoné depuis la Syrie en milieu de cette semaine, indiquant à ses parents qu'il donnerait de ses nouvelles dans un mois, s'il est "toujours vivant". La famille dénonce l'enrôlement par internet et "le lavage de cerveau" que ces deux jeunes garçons auraient subi avant leur départ. Elle s'étonne qu'un enfant de 15 ans puisse quitter le territoire français sans attirer l'attention. Ces parents, effondrés, parle d'un véritable "enlèvement" de leur enfant.Une photo avec des armes
Pourtant, d'après nos informations, l'un des copains d'Hakim a reçu, via un réseau social, une photo des deux jeunes gens en Syrie portant des armes. Les deux jeunes seraient avec un groupe de Français. Selon ses parents, Hakim aurait eu une voix "effrayée" lors de sa dernière communication téléphonique. Mais la conversation a été brève et vraisemblablement contrôlée par des personnes sur place en Syrie.LIRE AUSSI : Manuel Valls veut "tout faire" pour les ramener à Toulouse
Une enquête judiciaire
Sans détailler les conditions de ce départ ni la façon dont ils avaient été embrigadés, le procureur de Toulouse a confirmé vendredi avoir été alerté début janvier par la gendarmerie, elle-même prévenue par les familles, que "deux jeunes étaient partis pour la Turquie après avoir fait connaître leur intention de participer aux évènements en Syrie".Le parquet de Toulouse a prévenu dans l'heure le parquet de Paris "qui s'est très vite saisi de l'affaire compte tenu de la connotation
particulière de ce départ vers la Turquie qui n'était qu'une escale", a-t-il dit. "Ce n'est pas une fugue de mineurs, on est dans un cadre tout à fait différent", a dit le procureur qui a reconnu être frappé par l'âge des deux jeunes.
EN VIDEO / Le reportage de Sandrine Mörch et Laurence Boffet :