Jem 2014 Retour sur une première semaine sportive : Dressage, Concours Complet, Paradressage, Reining, Endurance

Plus d'une quarantaine de médailles distribuées, 1 pour la France. Le caractère chauvin du supporter n'est pas satisfait, l'amoureux du sport, de l'équitation est heureux. 5 épreuves déjà terminées et des performances comme s'il en pleuvait... Pluie, qui a d'ailleurs bien honoré notre Normandie.

Une semaine déjà de Jeux équestres mondiaux. Le reining, le paradressage, le dressage, l'endurance et le concours complet. On retiendra de cette première semaine peu de vraies surprises. Les favoris globalement n'ont pas déçu.
Au tableau des médailles attribuées, les Anglais sont en tête juste devant les Allemands. Deux nation européennes. Des femmes et des hommes de chevaux qui ont su être prêts pour ce rendez-vous.

Dressage : Charlotte Dujardin la britannique en individuel, les Allemands par équipe

En dressage les Allemands méritent leur médaille d'or par équipe. Mais leur puissance collective n'a pas réussi à barrer la route à Charlotte Dujardin, l'anglaise, avec son Valegro . Celle qui a déjà obtenu dans sa carrière la plus haute note jamais octroyée, enregistre un 92,161% en reprise libre en musique après avoir conquis la médaille d'or en individuel deux jours avant. Son double titre consacre un couple exceptionnel.

Concours Complet, une allemande sur le toit du monde

Les Allemands montent également sur la première marche du podium avec des tours remarquables et une gestion de la compétition intelligente. Sandra Auffarth, première à l'issue du dressage et deuxième après le cross en minimisant le temps dépassé et un sans faute, arrive sur le concours de saut d'obstacles dans la meilleure des positions possibles. William Fox-Pitt, sans doute le plus francophile des Anglais, 1er au classement mondial, repart finalement de Normandie comme il est venu : sans titre majeur. Dimanche au stade d'Ornano, il fait tomber une barre, alors qu'il était 1er au classement général provisoire après une excellente prestation sur le fond au haras du Pin la veille.  Mais les scores sont très serrés. Et Sandra Auffarth est en embuscade. Avec son sans faute, elle s'empare de la couronne mondiale dans la discipline la plus spectaculaire et la plus exigeante physiquement. Elle passe ainsi devant le champion mondial sortant, Michael Jung (3ème). Ce dernier aura été l'auteur d'un excellent chrono sur la piste du Pin (10'59 sur les 10'32 requises). A noter parmi les péripéties de ces quatre jours de compétitions, le meilleur temps réalisé par Zara Philipps (10'40), petite fille de la Reine d'Angleterre, fille de la princesse Ann et du capitaine Marc Phillips, deux champions internationaux de complet. D'ailleurs, l'équipe de Grande Bretagne termine deuxième. A signaler aussi, la chute de Mark Todd, double champion du monde, tombé sur le cross, mais aussi celles des néo-zélandais et d etes américains, pourtant poids lourds de la discipline, décimés pendant le cross qui n'ont pu prétendre au classement par équipe. Et le championnat du monde se transformait en championnat d'Europe.

Reining

La discipline reste aux mains des américains. Un podium aux couleurs de la bannière étoilée en individuel. Trois américains, avec le meilleur d'entre eux Shawn Flarida, "The Boss", qui remporte l'or avec 4 points d'avance sur son plus proche poursuivant Andrea Fppani. Si Tom Mc Cutcheon, champion du monde sortant ne figure pas dans les premiers, c'est sa femme, l'excellente texane, Mandy et son étalon Yellow Jersey qui prend le bronze. Ces résultats individuels viennent parachever une semaine de rêve, puisque les athlètes US avaient déjà remporté le titre mondial par équipe devant les Belges (médailles d'argent par équipe) et les Autrichiens, 3ème. Et l'enseignement de ces jeux dans cette spécialité c'est la confirmation des progrès évidents, patents des européens ; cela même si les allemands ou les italiens, pourtant challengers pour les accessits ratent le podium.
Les brésiliens, qui investissent beaucoup d'énergie et d'argent, avec deux représentants dans cette finale démontrent également qu'il faudra compter avec eux dans les années à venir.

En Endurance, enfin une médaille pour la France

Le Prince de Dubaî s'empare de la médaille d'or et en équipe c'est l'Espagne qui devient championne du monde.
Une épreuve d'endurance, difficile, dans l'environnement féérique de la baie du Mont-Saint-Michel, sous la pluie.  Une chute lourde d'une Costa Ricaine : le cheval ne se relèvera pa. L'épreuve permet à la France d'enregistrer sa première et seule médaille de cette semaine de compétition. Les français remportent l'argent par équipe sur les 42 médailles déjà décernées. Car nos deux équipes (féminine et masculine) de horseball ont bien gagné dimanche les deux finales de tournois organisés à Saint Lô, mais manque de chance, la discipline est en démonstration et non encore officielle aux Jeux Équestres Mondiaux.

Des résultats français en demi-teintes

Ces 7 premiers jours sont décevants pour les français, notamment en complet qui rêvaient d'accéder au podium par équipe. Le travail entamé pendant l'hiver sur le dressage a payé. Nos chevaux qui ne sont pas réputés pour être les meilleurs dans cette partie de la discipline ont progressé sous la direction de Serge Cornut lors du cursus de préparation mis en place par la Fédération. La France misait sur le cross pour faire la différence. Thierry Touzaint avait en conférence de presse redit combien les difficultés de l'épreuve de fond pouvaient nous être profitables. Le cross fut rendu plus difficile encore par les conditions météo et le sol gras avec la pluie tombée durant toute la semaine. Personne n'entra dans le temps accordé. Une épreuve spectaculaire devant 50 000 personnes. Mais parfois le sort est cruel. Devant un public chauffé à bloc, trois équipiers auront réalisé un refus en hippique. Seul Maxime Livio, le plus jeune signe à 27 ans un belle 5ème place. Mais un français était sur le podium : Opgun Louvo, le cheval de Sandra est né en Basse-Normandie, chez la famille Berlioz au Molay-Mitry. 

Même s'il est plus facile de raconter l'histoire quand on connaît la fin, on peut regretter aujourd'hui les forfaits de Donatien Schaully, champion de France 2014 et Nicolas Touzaint ou même Thomas Carlille, obligé de jeter les gants à l'entame du regroupement du stage de préparation.
A noter l'émotion ressentie au passage d'Eric Sherrer, qui s'appuyait sur le public acquis à sa cause, dédiait son parcours à son Père Yvan, bien connu au Pin, disparu quelques jours avant. 

Romuald Poard

Il était heureux d'être en finale. il fut plus heureux encore du score obtenu. Avec une très belle 16ème place, Romu pour les amis, a fait honneur à son sport au grand bonheur des spectateurs français et des autres. Une belle prestation. Car il s'est fait plaisir, et cela s'est vu. Et Guy Duponchel, l'entraîneur sélectionneur l'avait dit, il l'a fait : A la suite de la qualification de Romuald, il a rasé sa moustache. Et puis par équipe, les Français ont fait mieux qu'à Lexington... Reste que le niveau de notre cavalerie nationale pêche encore pour pouvoir rivaliser en toute quiétude avec les chevaux américains. 

Paradressage

En paradressage, pas de médailles mais des motifs de satisfaction. Une qualification de Anne-Frédérique Royon avec J'adore à la Reprise Libre en Musique, au cumul des points lors des deux premières manches. Ce que ne parviendra pas à faire Vladimir Vinchon et Rockford17 ; néanmoins, sa prestation le méritait, sans chauvinisme aucun. Pour au moins 3 des 5 juges, ces deux dernières, Hong-kongaise et néerlandaise, ne semblant pas avoir vu la même prestation. Une appréciation et des notes qui empêcheront le mayennais d'accéder à la RLM. Mais cette réelle injustice ne saurait occulter l'extraordinaire chemin parcouru les deux éléments du couple ne se connaissant que depuis 6 mois et la qualité de leur prestation lors notamment du second passage. De la solidité, de l'homogénéité, du calme et de la fluidité sur l'ensemble de la reprise.
En paradressage le modèle anglais a une fois de plus marqué de son empreinte les résultats avec 3 médailles d'or sur 5. Mais les Italiens et les nos voisin d'outre-Rhin repartent avec respectivement un titre en grade Ia, et en III. 
A noter en grade Ib, l'argent pour Pepo Puch, autrichien, qui voici 10 ans, concourrait parmi les valides en concours complet.

Une organisation cahotique

Côté organisation, on a beaucoup parlé des difficultés pour se rendre sur le site du Pin. C'est vrai que le réseau routier fut saturé. Peut-être aurions nous pu nous inspirer de l'exemple de la Grande-Bretagne, plus habituée aux rendez-vous de masse de ce style comme à Badminton qui accueille chaque année 200 000 spectateurs pour la journée du cross, dans la campagne anglaise qui ne jouit pas d'un réseau routier plus imposant que le nôtre. On a beaucoup parlé des bouchons, des gens qui ont baissé les bras et fait demi-tour, de ceux qui parcouru des kilomètres à pied pour rejoindre le Haras du Pin, ou encore de ceux qui ont même essayé d'acheter des vélos aux habitants de la région pour contourner le blocage des embouteillages et voies d'accès bloquées. Mais sans doute n'a t-on pas souligné le manque cruel de toilettes (des files interminables) le peu de restauration ambulante, et la pénurie tôt dans l'après-midi de victuailles.