Après le clash avec les Anglais, les pêcheurs normands en pleine tension avec les Néerlandais

Deux chalutiers géants aperçus au large de Cherbourg. Trois gros bateaux de pêche néerlandais repérés près des côtes du Calvados. La semaine n'est pas encore terminée que les pêcheurs normands sont déjà vent debout. Ils reprochent, entre autres, la concurrence illégale de ces navires étrangers. 

Bataille navale en Manche, saison 2 ? Il y a un an, pêcheurs normands et anglais s'écharpaient violement en pleine mer, sur fond de concurrence déloyale sur les dates et zones de prélèvement des coquilles Saint-Jacques. Depuis, les tensions se sont apaisées et des accords ont été trouvés. Mais en cette mi-octobre, une nouvelle confrontation est en train de naître. Un scenario quasi-identique mais des protagonistes et une trame de fond différents. 

Cette année, le rôle des méchants est campé par les pêcheurs néerlandais. Après avoir écumé les ressources des eaux de la Mer du Nord, ils débarquent en force dans la Manche, et au large des côtes normandes. Depuis le début de la semaine, plusieurs chalutiers "raflent tout" peste Dimitri Rogoff, président du Comité Régional des Pêches de Normandie. "Ils viennent piller nos côtes avec des navires plus gros que les nôtres, et avec une technique de pêche dévastatrice", poursuit-il. Incriminée, la Senne danoise, une technique qui consiste à déployer un immense filet de forme carrée sur une superficie égale à "3 ou 4 terrains de football" pour amasser le maximum de poissons.

"De mémoire de marin, on n'a jamais vu de pêcheurs hollandais venir si près de nos côtes" Dimitri Rogoff, président du Comité Régional des Pêches


En théorie, les Néerlandais sont dans leur bon droit. Ils bénéficient d'accords de pêche datant de 1972 leur permettant de prélever des ressources jusque dans la zone de 6 à 12 miles du bord des côtes normandes. Mais ils n'y venait plus depuis des décennies. "De mémoire de marin normand, on n'a jamais vu de pêcheurs hollandais venir si près de nos côtes" explique Dimitri Rogoff. S'ils reviennent aujourd'hui, c'est d'une, qu'ils ont épuisé la ressource en Mer du Nord, de deux, qu'ils n'ont plus le droit de pratiquer la pêche électrique, et de trois, qu'ils veulent envoyer un message aux Normands : "Vous avez plaidé pour l'interdiction de la pêche électrique. Très bien, on va vous rappeler que l'on a le droit de venir pêcher chez vous, et nous déployons notre flotille en Manche-Est".

Devant ce problème de "cohabitation directe", le Comité Régional des Pêches de Normandie a demandé aux autorités nationales d'aller inspecter les chalutiers bataves, soupçonnés notamment de prélever plus de poissons que la norme autorisée. Les autorités n'ont pour le moment effectué aucun contrôle selon Sophie Leroy, à la tête de l'armement cherbourgeois. "Ils prennent tout, leurs chalutiers sont plus gros que les nôtres. On ne peut même pas imaginer aller au clash comme avec les Anglais l'an dernier, les Hollandais ont une force de frappe impressionnante", se désespère-t-elle. L'invasion batave "remet en cause la politique commune des pêches, renchérit Dimitri Rogoff. On ne peut pas se laisser envahir par de tels navire, ce n'est pas compatible, on ne peut pas et on ne veut pas partager avec eux", ponctue-t-il. 


Deux gigantesques chalutiers au nord de Cherbourg


Au-delà de ce conflit, un autre problème pourrait vite envenimer les relations franco-néerlandaises. Au large de Cherbourg, les petits chalutiers normands ont croisé deux gigantesque navires-usine: Le Margiris et le Annie Hillina. Ils font partie des plus gros chalutiers au monde, mesurant plus de 140 mètres de long, pesant 6200 tonnes et pouvant collecter en une journée 250 tonnes de poissons, l'équivalent du total annuel de cinq bateaux normands. Ces chalutiers géants appartiennent tous deux à la compagnie Parlevliet & Van der Plas, qui avait été condamnée à une amende record de 580 000 euros en 2012. En cause, la pêche illégale du Maartje Theadora, un navire-usine similaire aux deux bateaux nouvellement dénoncés. Il avait été dérouté vers Cherbourg et bloqué dans la rade pendant plusieurs jours

Ces monstre des mers inquiète les Français, mais aussi les Anglais, car il navigue également près des côtes de Brighton. Et pas seulement les pêcheurs, qui ont l'habitude de voir de tels navires à cette période de l'année. "L'hiver, il y en a une vingtaine comme ceux-là, tempère Dimitri Rogoff, président du Comité Réginoal des Pêches de Normandie. Les associations de protections des océans, tel Sea Shepherd, sont suryout vent debout. Elles dénoncent "le carnage" causé par les chalutiers géants, capable de "pêcher en quatre jours l'équivalent de ce que mange toute la population française de phoques en un an". D'énormes navires qui détruisent la faune et la flore marine, qui tuent de nombreuses espèces qu'ils ne pêchent même pas, des dauphins, des phoques, etc. L'Australie a déjà banni ces ogres des mers de ses eaux, l'Europe prendra-t-elle la décision d'en faire de même ? 
 



 
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