Aux Moutiers-en-Cinglais, un EHPAD submergé par la seconde vague de la Covid-19

A la résidence "Les Opalines", aux Moutiers-en-Cinglais, dans le Calvados, le personnel tire la sonnette d'alarme et lance un appel au secours. La quasi totalité des résidents sont atteints par le coronavirus, les décès s'enchaînent et l'établissement manque de bras. 

"J’espère que vous pourrez mettre en lumière ce qu’il se passe ici, aux Opalines, ce que subissent nos anciens, ce que supporte le personnel soignant et la détresse dans laquelle nous sommes tous." C'est par un véritable appel au secours que s'achève le mail  adressé à notre rédaction par un personnel de cette résidence pour personnes âgées situé aux Moutiers-en-Cinglais, dans le Calvados, un personnel qui souhaite garder l'anonymat "de peur de représailles de la part des dirigeants du groupe" propriétaire de l'établissement.

Le dernier point épidémiologique publié ce mardi soir par l'Agence Régionale de Santé le souligne : les Ehpad sont frappés de plein fouet par la seconde vague de la covid-19. Une grande partie des clusters recensés en Normandie sont localisés dans ces établissements pour personnes âgés. Et aux Moutiers-en-Cinglés, cette seconde vague semble avoir des allures de véritable raz-de-marée.

La résidence "Les Opalines", qui appartient au groupe privé Bridge, compte aujourd'hui 31 résidents pour 35 places disponibles. "Nous venons d’obtenir les derniers résultats des tests effectués vendredi 13 novembre, tous les résidents sont positifs. Nous comptons également 18 soignants contaminés (comprenant la direction, le personnel de cuisine, le personnel de maintenance, les aides-soignantes et les infirmiers, titulaires et remplaçants)", alerte l'auteur du mail qui nous est parvenu ce mardi soir. Jointe par téléphone, la direction de l'établissement se refuse à communiquer le moindre chiffre mais confirme que la quasi-totalité des pensionnaires est atteinte du coronavirus, tout comme une bonne partie du personnel.

Une "plutôt bonne réputation"

"A ce jour, nous avons eu deux décès dans l’établissement ce weekend du 14-15 novembre, la mise en bière se faisant dans la chambre du résident décédé, nous attendons encore 2 décès dans les heures à venir et 2 de nos résidents sont hospitalisés à cause du Covid-19", indique le salarié de la résidence "Les Opalines". Le maire de la commune des Moutiers-en-Cinglais confirme pour sa part avoir été appelé ce week-end pour deux décès au sein de l'établissement et se dit peu optimiste pour les prochains jours. L'élu local tient néanmoins à souligner que la résidence a "plutôt bonne réputation".
 

Au printemps dernier, l'établissement a été épargné par la première vague de l'épidémie. Aucun cas à déplorer selon la direction. Mais cet automne, "malgré l’ensemble des dispositions prises par mes équipes et validées par le Centre d’appui pour la prévention des infections associées aux soins (Cpias)", le virus peine à être contenu. "Le nombre de cas asymptomatiques étant répandu, il a fallu s’adapter à la situation et nous avons procédé avec l’appui de l’ARS, à des sessions de dépistage de nos résidents et salariés pour identifier des cas positifs. C’est le scénario que tous les professionnel de résidences accueillant des personnes âgées redoute, que nous ne souhaitons à personne, mais que nous devons gérer", indique Chloé Anger, la directrice de la résidence "Les Opalines" qui souligne la mobilisation et "la grande solidarité" de ses équipes dans cette épreuve.

D'anciens salariés de retour pour "prêter main forte"

Cette solidarité, notre contact au sein du personnel de l'établissement ne la nie pas et rapporte que plusieurs de ses collègues, ayant par le passé démissionné, sont revenus pour "prêter main forte". Mais cette personne dénonce des conditions de travail qui ne cessent de se dégrader sous le coup de l'épidémie.

Avec l'augmentation du nombre de cas positifs au sein des salariés et la difficulté de la direction à trouver des renforts, les journées de travail s'allongent pour ceux qui restent en poste. "Les soignants sont sur des amplitudes horaires de 11h à 11h30, rémunérées sur 10h", indique notre interlocuteur. "Il y a une succession de remplaçantes, d’intérimaires, de personnes n’ayant aucun diplôme, et chacune leur tour, elles ne reviennent pas à cause de la maladie ou des conditions de travail." Et d'alerter :"Nos résidents souffrent, ils vont mal, ils méritent que l’on passe encore plus de temps auprès d’eux alors que nous pouvons leur en offrir encore moins qu’avant."

Selon la directrice de la Résidence des Opalines, l'établissement est loin d'être un cas isolé : "Nous sommes autant exposés que tous les établissements sanitaires et médico-sociaux du département". Ce mardi, l'Agence Régionale de Santé recensait dans le Calvados 29 clusters dans des Ehpad (et 42 en Seine-Maritime). 

 
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