Au lendemain de l'attaque mortelle d'un fourgon pénitentiaire dans l'Eure, des actions sont menées devant de nombreuses prisons en France. En Normandie, l'émotion est sans doute encore plus vive. Les deux agents tués lors de l'attaque étaient basés à Caen.
Les premiers sont arrivés ce mercredi matin vers 5 h 30 devant l'établissement. Les personnels du centre de détention de Caen tenaient à rendre hommage à leurs deux collègues tragiquement disparus lors de l'attaque d'un fourgon pénitentiaire au péage d'Incarville, sur l'A13, dans le département de l'Eure.
Une cinquantaine de surveillants se sont rassemblés avant leur prise de service prévue à 7 h 30. Moins de 24 heures après le drame, l'émotion est vive. Les deux agents mortellement blessés travaillaient au centre d'extraction basé à Caen.
« L’atmosphère est très compliquée. Nous sommes tous endeuillés par ce drame. C’était des collègues à nous, nous avions travaillé avec eux. Certains étaient même des proches, des amis à l’extérieur. On est là en soutien, après ce drame. C’est catastrophique ce qu’il s’est passé hier" indiquait Frédéric Liakhoff, secrétaire local FO justice.
Opération prison morte, "tout va rester fermé"
Aux centres de détention de Val de Reuil (Eure) et de Condé-sur-Sarthe (Orne), une centaine de personnels pénitentiaires s'est rassemblée pour rendre hommage aux victimes de l'attaque du fourgon.
« La famille pénitentiaire est en deuil. On est là ce matin pour apporter notre soutien à la profession, à la famille des victimes" assure Benjamin Gauthier, secrétaire local au centre de détention de Val de Reuil pour Force Ouvrière justice.
Les agents précisent que l'opération "prison morte", lancée par l'intersyndicale pénitentiaire au niveau national, sera bien mise en place aujourd'hui dans les centres de détention normands.
"Les collègues vont faire des retards sur leur prise de service. On fera le strict minimum dans les mouvements. D’habitude sur le centre de Val de Reuil, les cellules sont ouvertes. Aujourd’hui, tout va rester fermé et chacun restera dans son bâtiment en sécurité » souligne Benjamin Gauthier, secrétaire local au centre de détention de Val de Reuil pour Force Ouvrière justice.
Parmi les personnels réunis ce mercredi matin devant le centre de détention des vignettes, Cadelus Savois, agent du pôle de rattachement des extractions judiciaires (PREJ) du Val-de-Reuil. "Avec Fabrice (l'un des deux agents tués ce mardi), c'était amical, ça fait longtemps qu'on se connait. Il était chef mais on avait de bons rapports. On se voyait de temps en temps pour dezs missions de plusieurs jours. C'était un très bon collègue, quelqu'un de respectable, qui faisaiit bine son travail. Une bonne personne."
Des questions et revendications
A Rouen, certains surveillants de la prison ont décidé d'arborer une cible sur le torse. "On a un sentiment de tristesse pour nos collègues qui se sont faits lachement assassinés hier. Aujourd'hui, c'est toute l'administration pénitentiaire qui est en deuil, on se doit d'être solidaire avec tout le monde", explique l'un d'entre eux avant de s'emporter : "Notre profession est en train de sombrer. On est au bord du gouffre et on en a ras-le-bol. Il faut vraiment que ça cesse. On a un sentiment d'injustice."
Les responsables syndicaux rappellent que c'est la première fois en 32 ans qu'un agent pénitentiaire décède dans le cadre de ses fonctions.
Si l'heure est au recueillement, les agents pointent du doigt les interrogations que soulève ce drame.
Tout le monde se pose des questions. Et ce n’est pas la première fois qu’on alerte la pénitentiaire en disant, attention vous ne donnez pas les moyens aux personnels de pouvoir travailler correctement
Bruno, secrétaire régional de l’UFAP Unsa justice et secrétaire local du centre pénitentiaire de Caen
Les agents de la pénitentiaire sont-ils suffisamment équipés, armés, pour assurer ces transferts ? Les extractions sont-elles encore nécessaires à l'heure où la majorité des établissements pénitentiaires sont équipés de dispositifs de visioconférence ?
Tous espèrent avoir des réponses à leurs interrogations en début d'après-midi lorsqu'Eric Dupont-Moretti, le garde des Sceaux, recevra au ministère de la Justice une délégation intersyndicale.