Hockey. Le rêve de ligue Magnus s'envole pour Caen malgré une très belle saison

Jeudi soir, à Tours, Les Drakkars de Caen se sont inclinés au bout du suspense dans le match 4 des demi-finales de play-offs d'accession à la Ligue Magnus. La défaite (5-4, après prolongation) scelle le sort de la formation normande après une saison débutée difficilement mais finie en trombe.

La beauté du sport réside parfois dans sa cruauté. Menés deux manches à une dans la série de demi-finales de playoffs face à Tours, menés 4-1 au cœur du match 4, décisif, les hockeyeurs caennais ont trouvé d'invraisemblables ressources pour égaliser à 22 secondes du terme de la troisième et dernière période par Marc-Antoine Gagnon (4-4). L'espoir de recoller à deux manches partout et de s'offrir un dernier match décisif à Caen ce samedi renaît. 

Mais du haut de leurs remparts, les Tourangeaux douchent vite l'euphorie normande. La prolongation est entamée depuis à peine plus de cinquante secondes quand Fabien Metais score le but crucial, celui qui envoie son équipe en finale, et qui, d'un coup, stoppe net la saison des Drakkars. Dur à avaler pour des Caennais qui partaient favoris de la série après leur fin de saison régulière en boulet de canon (8 victoires consécutives).


Au final, deuxièmes de la phase de championnat, les hockeyeurs calvadosiens échouent face au 6e dans une demi-finale homérique (match 1 : 1-3, match 2 : 5-3, match 3 : 4-7, match 4 : 4-5) où la meilleure défense de D1 (2 buts encaissés par en moyenne) aura explosé face à la palette offensive tourangelle. Maigre lot de consolation, Dunkerque, vainqueur de la saison régulière, a lui aussi chuté aux portes de la finale contre Epinal. 

Saison du renouveau réussie

Malgré cette fin cruelle, le HCC peut être satisfait d'une saison de transition globalement réussie. La tâche était loin d'être évidente pour l'entraîneur Julien Guimard, Rouennais d'origine, transfuge de Mont-Blanc. Il arrivait après une décennie chaperonnée par Luc Chauvel.

Si le début de saison a pu laissé entrevoir quelques crispations, le technicien a su fédérer son groupe pour l'amener en demi-finale des playoffs d'accession à la Ligue Magnus, un niveau de compétition que les Drakkars n'avaient plus atteint depuis 7 ans (2016). Lors de son intronisation il y a un peu moins d'un an, fin avril 2022, Julien Guimard se définissait comme un coach "accordant beaucoup d'importance aux valeurs humaines".


Il en a fallu pour obtenir ces excellents résultats, mais aussi pour accepter le terrible coup dur de l'annonce du cancer de Jérémie Romand. L'ex-international français était revenu au club l'été dernier pour apporter son expérience. De cette absence de celui qui était rapidement devenu un pilier du vestiaire, le HCC cru 2023 a fait une force mentale. Le graal d'une finale n'était pas si loin. 

Au rang des satisfactions, les dirigeants caennais pourront se féliciter d'un mercato estival réussi. La prolongation du Canadien Felix Chamberland (meilleur scoreur avec 46 points) et les signatures de ses compatriotes Marc Beckstead et Marc-Antoine Gagnon auront été des décisions avisées. A noter aussi l'éclosion de Raphaël Chauvel. A 18 ans, le fils de l'ancien manager du club caennais a réussi une saison qui confirme son grand potentiel, en étant décisif 12 fois en saison régulière, 7 fois en phase finale. 

Objectif 2024, la montée en Magnus ?

"Le projet du HCC, c'est d'être champion de D1" rappelait Christophe Lanes, président, en préambule de la demi-finale contre Tours. Toutefois, retrouver la Ligue Magnus, huit ans après la dernière relégation, n'était pas inscrit au tableau de marche de cette saison. D'ailleurs, Caen n'avait pas déposé de dossier pour prétendre accéder à l'élite du hockey français, condition sine qua non pour la rejoindre. 

Pour envisager de retourner un jour croiser à nouveau le fer avec les meilleurs équipes françaises, le club caennais devra trouver de l'argent, et au moins doubler son budget, aujourd'hui d'1,2 millions d'euros, dont près de la moitié alloué à la formation. Il devra aussi rivaliser d'ingéniosité pour se relever de la suppression de son pôle espoir U18, décision forcée par la fédération le mois dernier. La formation était depuis des années, le socle de la réussite caennaise. 

Autre grande problématique, la patinoire. Les hockeyeurs doivent la partager avec les amateurs de patins de l'agglomération et les patineurs et patineuses artistiques de l'ACSEL, qui, eux aussi visent l'excellence à l'instar du couple Vouillamoz-Giniaux, récemment présent au Championnat du monde


Les 1 200 places de l'enceinte caennaises ont été bien souvent occupées lors des matchs des Drakkars cette saison. Une satisfaction autant qu'une frustration pour les dirigeants qui estiment qu'ils pourraient attirer encore plus de spectateurs si la structure était plus grande. Si l'hypothèse d'une deuxième glace à Caen est un projet dans les cartons, elle ne figure pas non plus dans les priorités de la Mairie, qui vient déjà de construire un palais des sports coûteux. Eriger une toute nouvelle patinoire, qui pourrait accueillir près de 2 000 personnes n'est pas à l'ordre du jour, d'autant plus que la structure actuelle a subi un beau lifting il y a deux ans à peine. 

Mais avant de rêver en grand, Caen devra d'abord confirmer, sur la glace, sa belle première saison sous les ordres de Julien Guimard. Restera à consolider cet été des fondations solidement coulées. D'ici à la reprise de la compétition, les hockeyeurs caennais ont le temps de se reposer. Ils l'ont bien mérité. 

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