Quentin Duteil, un Caenais de 34 ans, a conçu le "repousse relou", un sifflet d'alarme pour lutter contre le harcèlement de rue. Il souhaite désormais partager les plans pour en faire un bien commun.
Dans l'agglomération de Caen (Calvados), un drôle d'objet s'échange dans les bars et lieux de fêtes. Pas plus grand qu'un pouce, le "repousse relou" est un sifflet d'alarme pour lutter contre le harcèlement de rue.
Petit mais puissant, ce sifflet dispose d'une double sortie d'air, créant deux sons de fréquences différentes, pour un effet particulièrement désagréable à l'oreille afin d'effrayer un agresseur ou alerter les passants. "Ça donne un son strident, un peu vibrant", décrit Quentin Duteil, le concepteur de l'objet, un Caennais de 34 ans.
Designer et modéliste de métier, c'est lui qui fabrique l'objet en plastique, sur son imprimante 3D. "J'ai trouvé le modèle du sifflet en ligne. Ça fait un moment que je suis conscient de la réalité des femmes et des minorités en ville, alors je me suis dit que ça pouvait aider", explique-t-il, déclarant vouloir "apporter [sa] pierre à l'édifice" de la lutte contre le harcèlement de rue.
Distribution générale
Lorsqu'il a conçu son premier sifflet, en mars dernier, il s'est empressé de partager sa création sur Instagram. "Ça a tout de suite plu", son entourage témoignant beaucoup d'enthousiasme face à l'objet. "C'est une solution non-violente, ce qui rassure", explique-t-il.
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Depuis, dès qu'il sort dans un bar ou en soirée, Quentin Duteil emporte avec lui une poignée de "repousse relous", qu'il offre à qui en demande. Il en dépose régulièrement une vingtaine au bar Moon & Sons, avenue de la Libération à Caen, qu'il fréquente avec des amis. "À chaque fois, ça part en deux jours". L'objet comporte en plus l'avantage d'avoir une fabrication à bas coût. En prenant en compte le prix de l'électricité et du plastique, chaque unité coûte moins d'un euro.
Grâce au bouche-à-oreille, les demandes affluent dans la messagerie de son compte Instagram. Régulièrement, le jeune homme fait varier le design du sifflet. "Il y en a des mats, des brillants, des très beaux", s'amuse-t-il. Un établissement caennais lui en a commandé deux centaines en amont d'un évènement festif.
"Objet d'utilité publique"
Pour autant, Quentin Duteil se refuse à faire breveter l'objet, et encore moins à en faire une activité marchande. "Je ne me sentirais pas à l'aise de faire du business sur un objet qui doit être un bien commun, un objet d'utilité publique", lance-t-il. Tout juste demande-t-il à ceux qui lui commandent le sifflet d'amortir le coût de fabrication, sans réaliser de marge.
Le créateur entend même partager les plans du "repousse relou" en source ouverte, afin que chacun puisse l'imprimer en autonomie. Pour obtenir les plans, ou passer une commande, il suffit de le contacter sur son compte Instagram.