L'association Bio en Normandie organise une campagne de promotion destinée à mettre en valeur les "circuits-courts". C'est la tendance du moment. Dans le sud de la plaine de Caen, Marianne a créé une exploitation de maraîchage. Elle a trouvé une clientèle "qui veut manger propre et local".
À Grainville-Langannerie, Marianne est consciente d'être très chanceuse, voire privilégiée. "Quand j'ai songé à devenir maraîchère, mon oncle m'a dit : tu ne vas quand même pas aller t'installer ailleurs qu'ici !" Elle s'est donc vue proposer 16 ha de bonnes terres à louer, dans la ferme familiale. "Sans cette aide, je ne sais pas si j'aurais pu aller au bout de mon projet" dit-elle avant d'ajouter :
Trouver de la terre dans la plaine de Caen à un prix abordable, c'est assez difficile. C'est un bassin céréalier. Et c'est difficile de passer avant les céréaliers !
Marianne Siméon a donc créé la Petite fermes des "Béliers" tel qu'elle en avait rêvé lorsqu'elle travaillait dans l'informatique en région parisienne. "J'en avais marre de cette vie en ville, coupée des saisons", raconte cette jeune femme dynamique qui a grandi dans la Manche, "en pleine campagne".
Le pari pouvait sembler osé : après une formation d'un an qui lui a permis d'obtenir un Brevet de Responsable d'Exploitation Agricole, Marianne a créé une exploitation de maraîchage. Elle cultive des tomates, des aubergines, des poivrons et des haricots sous des tunnels "solides, qui résistent au vent de la plaine". Et dans les parcelles attenantes poussent les fraises, les pommes de terre, les carottes. Sa deuxième récolte s'achève. La ferme a déjà trouvé sa clientèle. "J'ai tellement de demandes... Il y aurait de la place pour d'autres maraîchers bio !"
"L'envie de manger des légumes qui n'ont pas traversé l'Europe"
Le destin de Marianne Siméon a sans doute croisé le désir de bien des consommateurs : "J'ai souvent des gens qui viennent parce qu'ils veulent manger des légumes propres, produits localement. Et ils veulent voir la tête de la maraîchère" sourit-elle en attrapant une botte de poireaux fraîchement sortis de terre. Le mardi soir et le samedi matin, elle vend sa production dans une dépendance de la ferme. Au départ, quelques papiers ont été distribués dans les boîtes aux lettres alentours, puis le bouche-a-oreille a fait le reste.
Marianne a aussi bénéficié du soutien d'une AMAP (une Association pour le Maintien de l'Agriculture Paysanne). Cette association n'a pas eu trop de mal à recruter une vingtaine de familles qui s'engagent à acheter une panier de légumes chaque semaine. "Les gens paient au mois, en avance. C'est un apport de trésorerie qui me permet de fonctionner", reconnaît Marianne en accueillant les premiers "Amapiens" qui joue le jeu au point parfois de participer à quelques corvées.
Une bise, un bonjour, des sourires : Marianne est adossée au mur, près de l'entrée : "la soirée Amap, c'est ma récréation. C'est le seul moment où je ne travaille pas. Ils se servent". Les adhérents ont rendez-vous chaque mardi soir à 19h pour prendre livraison de leur panier. "Ce sont des gens qui ont envie de retrouver le goût, le bon goût, explique Stéphanie Desavis, la présidente de l'Amap des Béliers. Et ils ne veulent plus manger de légumes qui arrivent d'on ne sait où". Sur un coin de table, le trésorier de l'association remplit le formulaire d'inscription d'une nouvelle-venue. Certains bavardent en remplissant leur panier. "Il se passe vraiment quelque chose, ajoute la présidente de l'AMAP. Mais vous voyez, ça rentre, ça sort, ça communique. Les légumes, c'est le socle, la base. Mais après, il se passe quelque chse. C'est très plaisant".
"Manger bio et local, c'est l'idéal" : la campagne de communication de l'agriculture biologique en Normandie
Jusqu'au 29 septembre, soixante-dix fermes normandes ouvrent leurs portes pour proposer des conférences, des ciné-débats, des dégustation. Il s'agit de promouvoir le circuit-court, le produit cultivé et vendu à côté de chez soi. Bio, forcément.
Yves Madeline, le trésorier de l'association Bio en Normandie est venu sur le plateau du JT de France 3 Normandie ce 25 septembre afin d'expliqur les vertus du circuit-court :
C'est d'abord l'ocasion de voir le sourire du paysan. Les agriculteurs bio sont souvent heureux dans leur métier. C'est aussi une façon de soutenir un mode de production qui est bon pour l'environnement. Le circuit-court, c'est aussi un prix équitable, rémunérateur pour le producteur.