Pourquoi les gilets jaunes filment toutes leurs rencontres avec les élus

Une délégation d'une quarantaine de gilets jaunes a rencontré le président de la Région, Hervé Morin, au Conseil régional à Caen samedi 1er décembre. Les manifestants ont filmé la réunion pour éviter "toute trahison".

Une délégation de gilets jaunes normands a rencontré Hervé Morin, le président de la région, samedi 1er décembre au Conseil régional à Caen. Ils étaient une quarantaine venus de partout en Normandie pour faire entendre leurs revendications : revalorisation du salaire minimum, baisse du salaire des élus, mesures contre l'exode fiscal....

Les gilets jaunes ont filmé intégralement la rencontre avec Hervé Morin. De manière officieuse. Le maire d'Evreux, Guy Lefrand, en a d'ailleurs fait les frais récemment. C'est une pratique qui se généralise au sein des manifestants du mouvement : enregistrer leurs discussions avec la classe politique pour faire preuve d'un maximum de transparence avec la base des gilets jaunes. Vendredi 30 novembre, Jason Herbert, originaire de Charente, l'un des deux représentants des gilets jaunes invités à rencontrer le Premier ministre Edouard Philippe, a ainsi presque aussitôt quitté la réunion, après le refus du chef du gouvernement que l'entretien soit filmé et retransmis en direct sur les réseaux sociaux.
  

"On ne veut pas de trahison"

François Boulo est un avocat inscrit au barreau de Rouen. Il a été désigné par les gilets jaunes de la préfecture de la Seine-Maritime pour rencontrer Hervé Morin samedi matin. "Je ne suis pas un porte-parole du mouvement, j'ai simplement été désigné pour venir à cette réunion, car je prends souvent la parole", dit-il. L'avocat qui a troqué la robe pour l'accessoire fluorescent explique pourquoi il était important pour les manifestants de filmer cette réunion. 

"On ne veut pas qu'il y ait la moindre trahison. Que des gens désignés pour aller à une réunion avec des politiques ne relaient pas les doléances des manifestants", confie François Boulo. 

Sous les arcanes de l'Abbaye aux dames, dans la cour du conseil régional, les gilets jaunes s'inquiètent que des "pseudo-représentants" décrédibilisent la contestation. "On ne veut pas des gens qui négocient pour l'ensemble du mouvement. Il doit y avoir juste des porte-parole qui rapportent ce que disent les manifestants", affirme David Guéry, administrateur de la page Facebook "Stop taxes #76", qui a rassemblé jusqu'à 6 000 membres le 16 novembre, avant de fermer.

"On filme les discussions entre nous et les politiques pour que les gens puissent voir tout ce qui s'est dit sur les réseaux sociaux. Comme ça, s'il y a un démenti d'Hervé Morin sur une partie de notre échange avec lui, on sort la vidéo en disant "ce n'est pas vrai"", précise David Guéry.

"Beaucoup de mots, peu d'actes"

Les membres de la délégation des gilets jaunes qui ont rencontré Hervé Morin vont maintenant retourner chez eux, à Fécamp, Coutances, Le Havre... pour raconter aux manifestants présents sur place ce qu'il est ressorti de cette réunion. "C'est à dire pas grand-chose. Il y a beaucoup de mots, mais peu d'actes", glisse l'un des gilets jaunes de la délégation présente au conseil régional. 
 

Sont-ils eux-mêmes représentatifs de l'ensemble mouvement ? "Oui, nous ne sommes pas comme les huit premiers "pseudo" porte-parole du mouvement. Là, en Normandie, il y a une vraie représentativité des gilets jaunes parmi les délégués qui ont rencontré Hervé Morin", veut croire Olivier Bruneau. Les gilets jaunes normands attendent maintenant un retour du président de la région dans les prochains jours. 
 
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