Pas évident de trouver l'amour quand on habite à la campagne. C'est même la galère quand on est un jeune agriculteur. Les sites internet se multiplient et des agences matrimoniales labourent le terrain.
"Un agriculteur n'arrive pas à gagner sa vie, il travaille beaucoup et ne prends pas de vacances. Les femmes que je rencontre ne veulent même pas les voir" se désespère Maryline Moisan. Cette normande dirige depuis 2010 une agence matrimoniale, "Amour normand", installée à Vire dans le Calvados. Depuis 12 ans, elle laboure le terrain pour organiser des rencontres et ce n'est pas toujours un long fleuve tranquille.
Plusieurs centaines de célibataires passent par son agence pour tenter de trouver l'amour. Une mission difficile quand on habite à la campagne, où l'on se trouve plus isolé qu'en ville. Pour sortir, il faut faire souvent quelques kilomètres, pour trouver un bar où prendre un verre. Pour faire se croiser les célibataires, Maryline organise des évènements. Soirées karaoké, voyages et soirée dansante, comme ce samedi 4 mars 2023 à Saint-Germain-du-Crioult (14).
Si trouver l'âme sœur n'est jamais facile, c'est une vraie galère quand on est un jeune agriculteur.
Dans la vraie vie, sur 10 femmes que je vois, il n'y en a que 2 qui acceptent une rencontre avec un agriculteur.
Maryline MoisanAgence Amour normand
Maryline Moisan déplore l'image donnée par les médias à la profession. "On entend dire tout le temps qu'un agriculteur ne gagne pas sa vie, qu'il ne part jamais en vacances, les femmes se demandent ce qu'elles vont faire avec lui". Cette image négative colle aux semelles des jeunes agriculteurs.
Un métier qui fait peur
Astrid, agricultrice installée entre Bayeux et Saint-Lô, a trouvé "chaussure à son pied". À 37 ans, elle est mariée avec un paysagiste, mais elle a pris son temps. "On passe beaucoup de temps au travail et on a donc peu de place pour rencontrer des gens à l'extérieur. C'est une réalité et cela joue en notre défaveur. C'est vrai que c'est encore un métier qui fait peur, j'ai deux copines agricultrices qui n'ont pas trouvé. Elles sont pourtant jolies. La profession fait néanmoins tout ce qui est possible pour changer l'image de l'agriculteur bourru, renfermé et se consacrant 24h/24 à son métier et à son exploitation.
On a le plus beau métier du monde, on doit être fier de ce qu'on fait, ne pas être timide.
Alexis GraindorgeVice-pdt des jeunes agriculteurs de Normandie
Alexis Graindorge, jeune agriculteur installé au Mesnil-de-Briouze dans l'Orne, se bat pour changer l'image négative qui colle aux bottes du métier d'agriculteur.
Le Vice-président des Jeunes Agriculteurs de Normandie estime qu'il faut être fier de son métier. "On a le plus beau métier du monde et il faut sortir des clichés. Bien sûr que l'on peut gagner sa vie très correctement dans l'agriculture, mais pas en travaillant 35 heures par semaine, plutôt 70 heures". Il reste encore beaucoup de terrain à labourer pour que les agriculteurs trouvent l'amour dans le pré. Preuve que le marché est lucratif, de nombreux sites sur internet se spécialisent dans la rencontre d'agriculteur.