Témoignage. "Personne ne nous a dit que le cercueil était vide" : une famille en colère après un dernier adieu effectué sans le corps de la défunte

Publié le Écrit par Toky Nirhy-Lanto

Un office de crémation en présence de la famille... avec un cercueil vide. C'est la situation inattendue à laquelle a fait face Emmanuelle, une habitante de l'Eure. Au-delà de la tristesse et de la colère, elle et sa famille réclament des explications au crématorium de Caen et aux pompes funèbres.

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Imaginez perdre un proche. Dans ses dernières volontés, peut-être a-t-il demandé une crémation ? Il s'agit du fait de brûler et de réduire en cendres son corps. La mort de l'un des leurs, une étape inévitable de la vie, à laquelle il faudra forcément faire faire face.

Mais cela peut parfois se compliquer, comme pour Emmanuelle, originaire de l'Eure. À la mi-septembre, elle perd sa tante qui vit sur la Côte Fleurie. La nièce respecte alors le souhait de son aïeule et organise une cérémonie au crématorium de Caen (Calvados). La famille se recueille le samedi 14 septembre sur un cercueil... vide.

Le crématorium et les pompes funèbres se rejettent la faute. Pendant ce temps, pour Emmanuelle, c'est la tristesse et l'incompréhension qui se fait ressentir.

Une cérémonie avec cercueil, sans la défunte


Emmanuelle ne décolère pas : "Personne n’a dit à ma famille que le cercueil était vide. Vous vous rendez compte, on a déposé des fleurs, des bougies dans le vent."

Tout commence samedi 14 septembre au matin, avec la cérémonie pour la crémation de sa tante. "C'était la première fois qu'on faisait une cérémonie au crématorium. On ne s'est rendu compte de rien. On n'a pas assisté à la mise en bière car le corps était en mauvais état", nous précise-t-elle. 

Elle n'est pas au bout de ses peines. Deux jours plus tard, elle n'arrive pas à croire ce qu'on lui dit. "Le gérant des pompes funèbres m'a prévenue qu'il n'y avait personne dans le cercueil. C'était le choc, on ne comprenait rien", s'indigne-t-elle. La véritable crémation de sa tante a finalement eu lieu mardi 17 septembre, mais personne n’a pu y assister.

Si on nous avait dit le samedi matin "il y a un problème", on serait parti et on aurait reporté la cérémonie.

Emmanuelle, nièce de la défunte

Forcément, l'entourage de la défunte demande des explications. "Mon cousin a appelé le mardi 17 septembre le crématorium de Caen. Ils lui ont expliqué qu’ils étaient au courant. Ils n’ont pas osé nous le dire car c’était aux pompes funèbres de nous prévenir", relate Emmanuelle. 

Le crématorium rejette la faute sur les pompes funèbres...

De son côté, le crématorium de Caen se défend de tout problème. "Le cercueil était bien fermé à son arrivée. Le transporteur mandaté par l’opérateur funéraire l’a déposé directement sur le catafalque, sans aucune intervention de l’équipe du crématorium qui n’a donc pas manipulé le cercueil. Notre équipe n’a découvert la situation qu’au moment où l’opérateur a contacté l’établissement par téléphone, après le lancement de la cérémonie", avance la direction.

Seule obligation pour l'établissement : "Réaliser la crémation uniquement avec un cercueil scellé". Le crématorium de Caen complète ses explications. "À l’arrivée d’un cercueil, le dossier administratif et l’identité du défunt inscrite sur la plaque nominative sont systématiquement vérifiés, et cela a bien été le cas avant le début de la cérémonie de cette défunte. Les agents d’un crématorium n’ont aucune possibilité de vérifier si un défunt est présent dans un cercueil", d'après ses représentants. 

L'établissement décrit à présent le rôle des pompes funèbres. Deux choses bien différentes, selon ses affirmations. "La mise en bière et la scellée des cercueils relèvent de la responsabilité de l’opérateur funéraire. Aucun représentant de l’opérateur funéraire n’était présent lors de la cérémonie. Le transporteur mandaté par l’opérateur funéraire a déposé le cercueil sur le catafalque dans la salle de cérémonie puis est reparti immédiatement. Il est ensuite revenu au cours de la cérémonie et a attendu la fin de celle-ci pour repartir avec le cercueil vide", indique sa direction.

L'établissement ajoute enfin avoir "reçu un appel de l'opérateur funéraire mentionnant l'absence de la défunte dans le cercueil". Une communication parvenue après le lancement de la cérémonie. Cette obligation d'information "à la suite de la cérémonie" incombait aux pompes funèbres, selon le crématorium. Il se prévaut alors du "respect pour le temps de recueillement de la famille", pour expliquer le fait de ne pas avoir "interrompu la cérémonie en cours". 

Sauf que la cérémonie avait pris du retard. Le cercueil a été déposé rapidement dans la salle de cérémonie. Le crématorium de Caen a certes vérifié les papiers administratifs, mais en aucun cas il n'a vérifié que le cercueil était bien scellé : "Tout s'est fait dans la précipitation mais ce sont les pompes funèbres qui sont responsables du scellé", ajoute le service communication du crématorium en question.

... qui rejettent la faute sur le crématorium

Autre version du côté pompes funèbres. Elles invoquent un cercueil trop petit pour accueillir la défunte à cause de sa forte corpulence. "Dans le cadre d'une crémation, c'est toujours un officier de police judiciaire qui vient sceller le cercueil", rappelle Raphaël Fatout. C'est une obligation qui doit être réalisée par un policier de la commune où se fait la mise en bière. Dans cette situation, souligne-t-il, "un officier de police judiciaire a pu constater qu'on ne pouvait pas mettre le corps dans le cercueil, donc il n'a pas posé les scellés".

"Le sous-traitant va au crématorium, avec le cercueil non-scellé. Il informe le crématorium qu'il n'y a pas de corps, parce qu'on a eu un souci à la mise en bière et laisse le relais au crématorium pour faire une cérémonie où non. Dans mon idée, le crématorium va informer la famille qu'il n'y a pas de corps et  prendre les mesures avec la famille pour fixer une date ou pas", conclut ce responsable d'entreprise.

L'activité de ces pompes funèbres situées à Trouville-sur-Mer (Calvados) a été suspendue pour une durée de 3 mois, par un arrêté de la préfecture du Calvados. Le gérant a déposé ce jeudi 3 octobre un recours au tribunal administratif de Caen (Calvados).

De son côté, la famille ne compte pas en rester là non plus. Elle va porter plainte contre le crématorium de Caen : "On se sent trahis, on s’est moqué de nous, le crématorium nous a laissés se recueillir, faire des adieux devant un cercueil vide", lance Emmanuelle. 

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