Les orages qui se sont abattus sur Lisieux dans la nuit du 24 au 25 juin 2019 ont aussi touché certaines communes dans la campagne. Au lieu-dit des 4 routes, à 5 kilomètres de Lisieux, des sinistrés isolés s'inquiètent de ne pas être aidés, vu l'ampleur des réparation à venir.
"Ça fait une semaine maintenant - Et on touché à rien. Au téléphone l'assureur nous dit d'attendre les experts ... L'odeur est nauséabonde, la boue a séché mais dehors et dedans c'est un désastre. Qui va payer la remise en état à l'extérieur ? Heureusement la maison est surélevée et a été épargnée."Martine Cornilleau vit dans un état de stress depuis la nuit du 24 au 25 juin et les pluies diluviennes qui ont transformé son petit lieu-dit si paisible en paysage de désastre. Les rives du ruisseau défigurées, des murs de bétons explosés, des bâtiments en passe de s'effondrer, de la boue partout, des arbres arrachés.
(Reportage d'Hélèbe Jacques et Mathieu Bellinghen ; Intervenants : Jocelyne Desfriches et Martine Cornilleau, habitantes sinistrées et Gérard Héanouille, maire d'Ouilly-le-Vicomte)
Les oubliés ?
On parle de Lisieux, de Saint-Désir et d'état de catastrophe naturel. Il leur faut retirer des dossiers en mairie avant le 4 juillet. Mais ça c'est pour les gens de la ville mais pour nous, rien ! Le maire de notre petite commune semble depassé par la situation. Il n'a jamais vu ça ici. On se sent très seusl et oubliés !
Des vagues de boue qui ont tout ravagé en peu de temps
Au petit matin, le 25 juin dernier, Martine Cornilleau et son mari ont compris que cette fois l'orage avait tout détruit dehors, ou presque. Depuis 36 ans que la maman de Martine vit ici, il n'y a jamais eu autant de dégâts. Le ruisseau avait déjà provoqué des inondations mais l'eau ne s'était jamais transformée en torrent infernal, comme ce fût le cas dans la nuit de lundi à mardi.
"Des vagues de boues se sont abattues et ont ravagé les fondations de notre cabane de pêche, faisant exploser les murs de soutainement en béton. Elles ont tout raviné sur leur passage. Cette boue c'était infernal. Le lendemain matin, on ne pouvait pas marcher dans le jardin sans glisser, ni tomber. Il y en a partout"
Selon les témoignages, l'eau descendait de la colline en face, venant renforcer le ruisseau qui s'est transformé en torrent dans le lieu-dit des 4 routes, sur la commune d'Ouilly-le-vicomte, qui est à 5 kilomètres de Lisieux.
Et maintenant comment être reconnu en état de catastrophe naturel quand on est isolé ?
Dans ce qui leur est arrivé, les récits ressemblent à ceux entendus à Lisieux, où les dégats sont encore plus importants. La seule différence pour les riverains, hors Lisieux, c'est la solitude face aux barrières administratives.
Aujourd'hui les époux Cornilleau se demandent qui va payer la facture dans le jardin ?
Il faut appeler un terrassier, faire les choses dans les règles de l'art sur les berges du ruisseau ( il y a un cahier des charges du bassin versant). La cabane va s'effondrer, il y a du béton, du matériel, etc .. la facture va se chiffrer en dizaines de milliers d'euros.
Selon son assurance, ils sont protégés pour les dégats extérieurs à hauteur de 4 496 euros, mais la facture sera 4 ou 5 fois plus élevés probablement.
L'état de catastrophe naturel changerait tout ( 90 % des travaux pris en charge) mais comment être classé ?
Une question essentielle qui reste sans réponse.
"Dans une petite commune comme la nôtre, il n'y a pas de fonctionnaires aguéris et formés contrairement à une grande ville comme Lisieux où les sinistrés ont juste reçu le conseil de penser à faire leur déclaration avant le 4 juillet. Nous RIEN... On est seuls."
Un lettre a été envoyée au député de la circonscription, aux élus. Mais il y a des conditions à remplir, le nombre de sinistré est important par exemple pour être classé en "état de catastrophe naturelle".
Puisque personne ne fait rien. Je partirai avec ma voisine demain à pied, le long du ruisseau, pour espérer trouver d'autres riverains isolés, lance Martine Cornilleau, désespérée.
Pour obtenir de l'aide : comment faire ?