Merville-Franceville : des propriétaires luttent contre d'éventuelles expropriations

À Merville-Franceville, commune du Calvados, le Conservatoire du littoral souhaite constituer de nouvelles réserves foncières dans l'Estuaire de l'Orne. Samedi 12 mars, des dizaines de propriétaires ont manifesté contre car ils craignent d'être expropriés.

"Non non non à l’expropriation, gardons nos maisons !" Ce slogan, une centaine de manifestants l’a répété ce samedi 12 mars, à Merville-Franceville, commune située entre Cabourg et Ouistreham.

Du 20 janvier au 22 février, une enquête publique a été menée à Merville-Franceville au sujet de l’acquisition de terrains par le Conservatoire du littoral. Mais les propriétaires des habitations concernées sont contre ce projet, qui pourrait peut-être les exproprier.

Plus de 40 habitations concernées

"Nous voulons nous faire entendre pour que la préfecture puisse se rendre compte qu’il va y avoir des conséquences humaines, pas seulement financières. Des familles sont là depuis des décennies. Nos maisons seront acquises pour être détruites, il n'y aura plus rien, plus de souvenir. C’est des lieux de vie qui sont irremplaçables, pour tous ceux qui sont ici !", explique Thierry Dujarrier, président de l’association les amis des Dunes de Merville-Franceville.  

Selon la municipalité, cela concerne trois habitations à l’année et 40 résidences secondaires situés sur l'ancien camping Carolus, dont le Conservatoire du littoral possède déjà la moitié des parcelles.

"Je peux comprendre leur désarroi. À l’évidence, c’est certainement des moments heureux qui ont été vécus dans ces lieux. Je conçois que ce soit difficile", a réagi Olivier Paz, maire de la commune. L’édile rappelle que cette affaire date de 1986. 

Quand le Conservatoire du littoral a créé une zone de préemption, c’est-à-dire un endroit où il a vocation à tout acheter, c'était il y a 36 ans. Ce périmètre a été acté, accepté par la mairie, le département, l’Etat.

Olivier Paz

Maire de Merville-Franceville

Des propriétaires opposés à ce projet 

Martine Tel-Brochard, habite un bien de famille depuis trente ans. Très attachée à cette maison, elle dit avoir appris la nouvelle, fin février, par des voisins : "On n’est pas informés. Il y a eu des réunions mais moi je n'étais pas au courant, j’ai jamais reçu de papiers. Aucun courrier, aucune nouvelle de leur part. Quelqu’un serait venu chez moi, faire une enquête, me dire voilà « vous allez être expropriée », on va vous reloger ou vous donner tant d’argent pour racheter la maison… Mais là, y a rien eu du tout, rien."  

Patricia Bricard, elle, possède un mobil-home sur le camping Carolus. Ses grands-parents l’ont acheté en 1974 et, depuis, le lieu se transmet de génération en génération : "J’ai 50 ans, je viens depuis l’âge de 18 mois. J’ai connu mon mari à Franceville. Mes enfants sont pratiquement nés ici, ils ont appris à marcher ici. On habite en région parisienne donc dès qu’on peut s’échapper, on vient ici. On a tous nos amis, c’est vraiment une grosse famille. Je ne conçois pas de partir d’ici, c’est impossible.

Le rôle du Conservatoire du littoral

Depuis près de 30 ans, le Conservatoire du Littoral mène des opérations d’acquisitions foncières. "On est chargés d’acheter des espaces, des terrains privés ou de se faire affecter des terrains publics pour en assurer la préservation et l’ouverture au public", expliquait Jean-Philippe Lacoste, délégué Normandie du Conservatoire du littoral, dans un Enquête de régions, publié en juillet 2017.

Selon un arrêté préfectoral, cette procédure aurait déjà permis d’acquérir 59 hectares sur les 82 de l’espace dunaire de Merville-Franceville Plage. Souvent grâce à des accords à l'amiable. Objectif pour le Conservatoire : laisser la mer entrer naturellement et protéger l’environnement.  

L’enquête publique est désormais terminée. Un rapport va être remis au préfet du Calvados, le 22 mars. Ce dernier devra décider de déclarer ou non l’utilité publique sur la zone concernée. Si sa réponse est favorable, une phase d’expropriation débutera alors.

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