"Moi aussi je parle de la vie des gens, mais je ne suis pas dans le monde des Bisounours" : passe d'armes entre un député macroniste et une élue insoumise

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Emma Fourreau (LFI - NFP) et Christophe Blanchet (Modem - Ensemble) ont débattu sur la gouvernance du pays et le pouvoir de l'union de la gauche à l'Assemblée nationale après les résultats du second tour des élections législatives anticipées.
Échange tendu entre Emma Fourreau (NFP) et Christophe Blanchet (MODEM) ©France Télévisions

Au soir du second tour des élections législatives, des élus de tous les bords de l'échiquier politique sont venus sur le plateau de France 3 Normandie, commenter les résultats. Un vif échange a opposé Christophe Blanchet (Ensemble) et Emma Fourreau (NFP) quant au poids de la gauche à l'Assemblée nationale.

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"Cette alliance à gauche ne veut rien dire", aura-t-elle une signification dans l'Assemblée ? Invitée à réagir aux propos de Nicolas Conquer (LR/RN), candidat battu à Cherbourg-en-Cotentin, la députée européenne Emma Fourreau (LFI - NFP) a expliqué que l'union de la gauche avait "réussi à se mettre d'accord autour d'un programme de 100 jours de gouvernement, chiffré, avec des mesures très claires, comme le blocage des prix et le SMIC à 1600 euros".

Emma Fourreau, qui a été battue par Joël Bruneau dans la 1ère circonscription de Caen, envisage maintenant que l'alliance du Nouveau Front Populaire puisse "gouverner la France", espérant désormais qu'Emmanuel Macron nomme "un ou une première ministre" issu de ses rangs.

La leçon de Christophe Blanchet

Député de la 4e circonscription du Calvados (Ouistreham-Côte Fleurie) depuis 2017, Christophe Blanchet a tenu à ramener la jeune insoumise (24 ans) à la réalité de l'hémicycle. "J'ai beaucoup de respect pour vous Madame, mais il faut aussi connaître le fonctionnement de l'Assemblée Nationale. La réalité, c'est que quand on a un tiers de l'hémicycle, il faut convaincre la moitié de voter la chose. Là, en l'occurrence, vous pourrez peut-être proposer le smic à 1600 euros, mais ce ne sera pas voté. Il va falloir faire des arbitrages, des pas l'un vers l'autre à partir du moment où ça sert l'intérêt général".

Rodé aux joutes du Parlement, Christophe Blanchet a appelé au pragmatisme. "Vous avez défendu votre programme, mais après l'élection, ce n'est plus le programme que l'on défend, ce sont des possibilités, des réalités, et les possibles ne sont pas toujours réalisables", assénant que le NFP n'allait pas "imposer quoi que ce soit" en n'ayant pas la majorité des sièges de l'hémicycle. 

Emma Fourreau lui a rappelé ses principes : "On soutient un programme jusqu'au bout. Ce n'est pas 'on promet des choses aux gens et puis une fois que l'on est élu, on le met à la poubelle', c'est de l'incohérence, les députés se battront pour toutes les mesures qui ont été présentées", au moins soumettre les propositions au vote. 

Un travail en bonne intelligence pour le bien des Français ?

Ces propos de la récente élue au Parlement européen ont été aussitôt qualifiés de "lubie" par le candidat de la majorité présidentielle. "Moi aussi je parle de la vie des gens mais je ne suis pas dans le monde des Bisounours. Vous ne représentez que 30% de l'Assemblée. Pour que ça puisse passer, il va falloir s'adapter."

Néanmoins Christophe Blanchet a tenu à tempérer ses propos, et à envisager de travailler avec des députés ne partageant pas tout à fait ses orientations, promettant qu'ils "se retrouveraient sur des sujets pragmatiques, qui intéressent les Français, comme le pouvoir d'achat", citant en exemple le travail commun du Modem et des élus de gauche sur la taxation des superprofits des entreprises.

Au final, un débat d'idées vif mais respectueux et courtois. Serait-ce le marqueur du début d'un apaisement, d'une phase de concorde transpartisane à l'hémicycle ? Réponse dans les semaines à venir.

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