Après s'être embrasée il y a trois semaines, la Nouvelle-Calédonie semble peu à peu retrouver son calme. Mais plusieurs touristes se retrouvent toujours bloqués sur l'île depuis les émeutes qui ont frappé Nouméa. Parmi eux, Mathilde Gaillet, une Normande originaire de Bayeux et son compagnon Mathieu Desmarres. Ils ont fini par pouvoir rentré, jeudi 6 juin 2024, dans la soirée.
Mise à jour, vendredi 7 juin 2024. Mathilde Gaillet, une Normande originaire de Bayeux et son compagnon Mathieu Desmarres étaient partis découvrir la Nouvelle-Calédonie avant que l'île ne s'embrase avec les émeutes. Bloqué depuis plusieurs semaines sur l'île, le couple a pu rentrer à Paris, jeudi 6 juin 2024, dans la soirée.
Cela devait être un voyage idyllique pour Mathilde Gaillet, une Normande originaire de Bayeux, dans le Calvados, et son compagnon Mathieu Desmarres. Le couple prévoyait de découvrir Nouméa et ses plages magnifiques avant de s'envoler pour l'Australie.
Mais ces touristes se retrouvent bloqués en Nouvelle-Calédonie depuis plusieurs semaines, à cause des émeutes qui ont frappé l'île. Ils ne savent toujours pas quand ils seront rapatriés.
Au cœur des émeutes
Les deux touristes Français passaient quelques jours dans le sud de l'île pour profiter de la mer et des beaux paysages quand les premiers barrages se sont mis en place. Ils ne prennent pas la mesure du danger et continuent de découvrir le coin quand les émeutes éclatent.
Ils sont hébergés chez l'habitant, là où les tensions sont les plus fortes : "Quand on a vu notre propriétaire revenir avec une arme à feu, on s'est dit que ça ne rigolait plus", explique Mathilde Gaillet.
Ce jour-là, les habitants du quartier où le couple réside vont prêter main-forte aux forces de l'ordre qui sont bloquées non loin d'un barrage. Un gendarme sera même tué cette nuit-là.
Mathilde et Mathieu sont seuls avec leur hôtesse, un groupe de Kanaks rôdent dans le secteur. Le couple nous raconte :
Ils se sont arrêtés devant la maison et éteint la musique. Ils avaient des barres en fer et tapaient dans les poteaux. Ils sont restés 5-10 minutes et puis ils ont repris leur chemin... De longues minutes où nous étions totalement effrayés. On tremblait...
Mathilde GailletTouriste en Nouvelle-Calédonie
L'attente d'un rapatriement
Quelques jours plus tard, avec l'aide des habitants, Mathilde et Mathieu réussissent à rejoindre leur hébergement initial situé dans la baie de l'orphelinat : "On continuait à entendre les coups de feu et les grenades à longueur de journée", précise Mathieu. Avec l'état d'urgence, les forces de l'ordre et les militaires se déploient en grand nombre, un couvre-feu est établi. Les émeutes commencent à se calmer.
Le centre de Nouméa est tout près du Airbnb qu'ils occupent, un quartier assez sûr, sécurisé par les civils. Mais pour le moment, ils ne peuvent pas partir. Il n'y a pas d'avion pour eux. Les deux Français attendent impatiemment d'être rapatriés depuis des semaines : "Ma famille est très inquiète, surtout qu'ils savent ce qu'on a vécu au début et ils craignent que ça recommence. Au début, on était protégés par les personnes chez qui on était. Là, si des émeutes éclatent à nouveau, si les tensions reprennent, on ne connaît personne. On est tout seul", nous confie Mathilde avec inquiétude.
"On n'a pas de téléphone portable, c'est compliqué avec les forfaits téléphoniques ici. Tous les jours, on se rend au cabinet médical qui appartient au propriétaire de notre logement et on appelle le commissariat. On nous dit qu'on ne peut pas nous apporter de réponse."
Le couple décide finalement de se déplacer au commissariat : "On est tombé sur un rassemblement de touristes. On s'est rendu compte qu'on était tous dans la même situation. En discutant avec eux, on a compris qu'il n'y a aucune cohérence. Certains sont déjà partis, mais n'étaient pas spécialement prioritaires, certains sont malades et sont toujours ici. On a rencontré une personne par exemple qui a des soucis cardiaques, il a une machine au cœur et elle ne fonctionne plus, mais les autorités ne l'ont pas fait partir."
Le couple espère s'envoler et rentrer en Normandie la semaine prochaine. Mais pour l'instant, ils ne sont inscrits sur aucune liste prioritaire. À ce jour, entre 600 et 800 touristes attendent d'être rapatriés.