Alors qu’un reconfinement se profile en France face à la recrudescence de l’épidémie de coronavirus, certains maires souhaitent être davantage associés aux décisions gouvernementales.
"Autant on a été très associés au moment du déconfinement, autant là, ce n’est pas le cas", déplore Christophe Bouillon, maire de Barentin, une commune située en Seine-Maritime. Ce mercredi 28 octobre à 20 heures, Emmanuel Macron annoncera, lors de son allocution télévisée, de nouvelles mesures pour lutter contre la propagation de la Covid-19 en France. Un reconfinement du pays pour quatre semaines serait à l'ordre du jour au vu de la situation sanitaire du pays qui est en train de se dégrader. En Normandie, 794 personnes sont hospitalisées, selon les chiffres au 27 octobre de l'Agence Régionale de Santé, contre 743 le 10 avril dernier, le plus haut pic déclaré lors de la première vague.La question du reconfinement et de son organisation se pose donc. Invité de la matinale de LCI ce matin, le maire de Nice, Christian Estrosi, a demandé une "cogestion" entre les maires et les préfets dans l’organisation de la situation sanitaire dans les territoires.
Une idée essentielle pour Christophe Bouillon qui regrette que les maires n’aient pas été associés aux mesures qui vont être annoncées.Je demande une cogestion entre les Préfets et les Maires. On en a beaucoup parlé il y a quelques mois puis elle a été laissée de côté. Je prends des décisions que d’autres ne prennent pas parce qu’elles sont adaptées à mon territoire. #LaMatinaleLCI pic.twitter.com/rMphxkZEq0
— Christian Estrosi (@cestrosi) October 28, 2020
Qu’il n’y ait pas eu de discussions au moment du confinement en mars dernier je comprends, tout le monde a été pris de court. Mais la deuxième vague on pouvait l’anticiper et donc nous consulter.
"On aimerait être concertés"
"C’est nous qui devons traduire aux gens les mesures sur le terrain, et là on ne sait pas ce qu’il va se passer. Comme lors du couvre-feu, certains arrêtés sont arrivés samedi après-midi !", poursuit-il. "Ce manque d’anticipation nous empêche de donner des réponses concrètes aux gens et de jouer notre rôle."
Débuté vendredi 23 octobre à minuit dans 54 départements français dont la Seine-Maritime et le Calvados, le couvre-feu interdit les déplacements de 21h à 6h du matin, une contrainte pour ceux qui ne vivent pas là où ils travaillent. "Quand vous travaillez dans une grosse agglomération et que vous devez rentrer chez vous, quand êtes-vous censés quitter le travail ? C’est sur ce genre de questions que nous aurions aimé être concertés", explique Christophe Bouillon.Quel type de reconfinement ?
"On prend une décision avec huit jours de retard. Parfois, on a l’impression de naviguer à vue et ça créé un climat anxiogène", réagit de son côté Olivier Paz, maire de Merville-Franceville (Calvados)."Par exemple, on sait que le virus circule peu en extérieur, donc le jogging dehors peut être toléré et ainsi permettre de desserrer la vis sur certaines choses et éviter au maximum les lieux et les conditions où il circule plus", propose-t-il. En ce qui concerne l’idée d’un reconfinement territorialisée notamment pour des communes peu peuplées, le président de l’APVF, lui, n’y croit pas car "les gens circulent et se déplacent avec le virus".J’espère que le nouveau confinement prendra en compte ce que l’on sait déjà sur la maladie et sur sa transmission
Et si pour ces deux maires le reconfinement est nécessaire pour endiguer l’épidémie, leurs craintes se portent sur les professionnels notamment de la restauration ou encore de l’évenementiel et pour les petits commerces. "Le cafetier, le boulanger, font la vie d’un village. J’ai peur que ce soit leur coup de grâce", souffle Christophe Bouillon.