VIDEO. Cimetière de Verneuil d'Avre et d'Iton : que faire des 1 500 tombes laissées à l'abandon ?

Le constat est sans appel : 1 500 tombes sont laissées à l'abandon dans le cimetière de Verneuil d'Avre et d'Iton et présentent un danger pour le public. La mairie de Verneuil-sur-Avre donne deux ans aux familles pour les remettre en état.

La question concerne toutes les communes françaises : que faire des tombes laissées à l'abandon et comment gérer la rareté des places disponibles dans les cimetières municipaux ? Les enjeux sont sensibles et peuvent facilement heurter les familles concernées. 

1 500 tombes en mauvais état

Pour tenter d'y répondre, la mairie de Verneuil d'Avre et d'Iton a fait appel à une société extérieure spécialisée, Ad’Vitam. Les 3 728 sépultures présentes dans le cimetière ont été analysées finement grâce à des photos aériennes et une étude individuelle de chacune. Ce diagnostic permet de les classer selon leur état, leur solidité et leur étanchéité.

Un délai de 2 ans pour les familles

Et à l'issue de cette longue procédure, la société spécialisée estime que "1 500 tombes sont en déshérence", (c'est-à-dire non entretenues par les familles qui possèdent la concession) et qu'il est urgent d'intervenir pour 545 d'entre elles, car "elles ne respectent pas les conditions minimales d'entretien", selon Didier Terragno, président d'Ad'Vitam Finalys. Ces dernières sont des tombes parfois plusieurs fois centenaires, situées dans les parties les plus anciennes du cimetière.

La commune de Verneuil d'Avre et d'Iton vient de lancer une "procédure de reprise" pour ces sépultures identifiées. L'objectif est double : sécuriser le cimetière pour éviter tout incident mais aussi augmenter le nombre d'emplacements disponibles car ceux-ci se font rares.

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Reportage. Cimetière de Verneuil d'Avre et d'Iton : que faire des 545 tombes en mauvais état ? ©Frédéric Lafond et Eric Lombaert / France Télévisions

"Évidemment, c'est une décision que l'on prend avec regret car c'est un lieu historique et de mémoire mais nous sommes obligés de le faire" déplore Patrick Bieber, maire adjoint en charge du patrimoine et du cimetière. "Il faudrait constamment que l'on ait 400 emplacements de libre en cas de catastrophe naturelle ou industrielle, épidémies... Actuellement on en a 265, c'est-à-dire qu'il en manque 135" calcule-t-il.

Concrètement, les familles ont désormais deux ans pour remettre en état les tombes de leurs ancêtres. Des centaines de courriers recommandés ont été envoyées par la mairie aux adresses indiquées sur le contrat de concession. En vain, car 90% des lettres sont revenues sans parvenir à leur destinataire.

La difficile recherche des familles

La mairie ne dispose pas de moyens suffisants pour mener des recherches généalogiques plus poussées. Une vaste campagne de communication est lancée dans la commune, dans la presse locale et avec des plaquettes apposées sur les tombes concernées pour tenter d'informer les familles. 

Si d'ici deux ans, les sépultures menaçantes ne sont pas entretenues, la commune se chargera de les reprendre. Patrick Bieber, maire adjoint en charge du patrimoine et du cimetière,"veut assurer que les ossements seront traités avec dignité".

Les ossements seront placés dans un reliquaire, qui est un mini-cercueil, qui sera lui-même placé dans un ossuaire avec une plaque qui permettra d'identifier le défunt. Évidemment la trace sera conservée à notre service d'état civil.

Patrick Bieber

Adjoint au maire en charge du cimetière de Verneuil d'Avre et d'Iton

Patrick Bieber est conscient que le sujet peut être sensible et que cette solution a été bien considérée avant d'être prise : "Dans ce genre de situation, certaines communes optent pour l'incinération. Ce n'est pas notre cas actuellement. Nous avons deux ans pour y réfléchir car cela pose des questions importantes selon les convenances personnelles ou religieuses et on ne voudrait pas froisser les familles". 

Les statistiques des opérations similaires menées dans d'autres communes françaises montrent que seulement 10% des familles se manifestent et remettent en état les sépultures. Un chiffre révélateur d'un désintérêt croissant pour les cimetières selon Didier Terragno, le président d'Ad'Vitam. 

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