Sébastien Lecornu est l'un des membres du gouvernement à être resté en place depuis l'élection d'Emmanuel Macron. L'élu normand rempile à la tête d'un nouveau ministère. Retour sur un parcours politique fulgurant.
Ce n'est pas une surprise. Sébastien Lecornu fait de nouveau partie de l'équipe gouvernementale. L'élu de l'Eure, âgé de 35 ans a été nommé au ministère des Armées. Un maroquin de la première importance qui récompense ce macroniste converti et désormais maillon essentiel de l'exécutif depuis 2017. Retour sur le parcours politique d'un jeune loup de la droite normande devenu l'un des rares à chuchoter à l'oreille du Président de la République.
2002, les débuts de Sébastien Lecornu dans l'Eure
Sébastien Lecornu prend sa carte à l'UMP (devenu Les Républicains) à l'âge de 16 ans. A Vernon, dans l'Eure, il devient l'un des figures locales de la droite. Le député UMP de la 5ème circonscription de l'Eure de l'époque, Franck Gillard, l'emmène à l'Assemblée Nationale. Au Palais Bourbon, Lecornu est le plus jeune assistant parlementaire de la mandature.
A la même époque, il rencontre une autre figure de la droite euroise : Bruno Le Maire. Et à travers lui, il va commencer à gravir les premières marches. En 2009, Le Maire est nommé Secrétaire d'Etat aux Affaires européennes dans le gouvernement Fillon et Sébastien Lecornu l'accompagne au Quai d'Orsay comme conseiller en charge des affaires institutionnelles. Là encore, il est le benjamin de tous les conseillers ministériels. Et quand Bruno Le Maire est promu au ministère de l'Agriculture, Lecornu, le suit toujours au sein du cabinet.
2014, le temps des conquêtes électorales
Pour la première fois à l'occasion des élections municipales de 2014, il est élu sur son propre nom à Vernon. Lecornu devient maire de la ville à 28 ans à l'issue d'une quadrangulaire au second tour. Il avait alors largement battu ses concurrents.
Mais l'homme est ambitieux et poursuit son chemin lors des échéances électorales suivantes, en 2015, pour les départementales. Sébastien Lecornu est élu conseiller sur le canton de Vernon avec plus de 70% des voix au second tour. Et c'est au nez et à la barbe de l'ancien chef de l'opposition de droite, Jean-Paul Legendre qu'il va remporter le siège de président de l'Assemblée. Il est alors le plus jeune président d'un département en France.
2017, Sébastien Lecornu à la table du Conseil des ministres
François Fillon est balayé dès le 1er tour. Pour la première fois dans l'histoire de la Vème République, le grand parti de droite républicaine échoue à se qualifier pour le second tour de l'élection présidentielle. Emmanuel Macron remporte l’Elysée face à Marine Le Pen. Les partis politiques traditionnels sont ébranlés et se recomposent.
Comme d’autres figures normandes des Républicains (Edouard Philippe, Bruno Le Maire), Sebastien Lecornu accepte la main tendue du nouveau président, il est nommé au gouvernement, secrétaire d’Etat à l’écologie. Dans l’ombre de son ministre de tutelle, le très médiatique Nicolas Hulot, Lecornu travaille ses dossiers. Il a la charge de suivre des sujets aussi sensibles que la fermeture de la centrale nucléaire de Fessenheim, le site d'enfouissement de déchets nucléaires de Bures ou l'abandon du projet d'aéroport à Notre-Dames-des-Landes, près de Nantes. Lors du premier remaniement et du gouvernement Philippe II, le Normand est récompensé et devient ministre chargé des collectivités.
2018, Sébastien Lecornu, l'homme du grand débat national
Au mois de novembre 2018, la crise des gilets jaunes éclate. Les centaines de milliers de Français défilent chaque samedi dans les rues des grandes agglomérations et bloquent les ronds-points. Malgré des annonces peu avant les fêtes de fin d'année, Emmanuel Macron ne réussit pas à calmer le plus grand mouvement social qu'aura connu son premier mandat. Le Président de la République charge Sébastien Lecornu d'organiser "un grand débat national."
Pendant des semaines, l'élu eurois aura la charge de coordonner les échanges. Son expérience d’élu local plaide en sa faveur. Le ministre est à l’aise dans l’exercice, sa gestion de la crise est saluée par le Président. Lecornu devient une pièce maitresse de la Macronie.
2020, Sébastien Lecornu : un macroniste devenu incontournable
A l'été 2020, Emmanuel Macron entame "l'acte II" de son quinquennat. Edouard Philippe est remercié et quitte Matignon. D'autres ministres ne survivront pas non plus à ce remaniement. Lecornu, lui, est encore promu aux Outre-Mer. Le Normand hérite d'un portefeuille ministériel inflammable. Il souffre dès le départ de son étiquette de métropolitain à l'hôtel de Montmorin. Il devra notamment gérer la crise de la chlordecone, ce pesticide qui a fait de nombreuses victimes dans les bananeraies en Guadeloupe et en Martinique. Le ministre fait egalement face à l'opposition des antillais aux vaccins contre la Covid-19.
Sous sa gouvernance, la nouvelle Calédonie refusera par referendum son indépendance. Une victoire de poids pour le gouvernement. Seule ombre au tableau : les résultats de Marine Le Pen dans les territoires ultra-marins au second tour de l'élection présidentielle de 2022. Presque partout, la candidate d'extrême droite est arrivée en tête, devant Emmanuel Macron.
En cette fin de premier quinquennat et début de second mandat, Lecornu est de toutes les réunions stratégiques auprès d’Emmanuel Macron, avec le Premier ministre, le secrétaire général de l’Elysée et le Président de l'Assemblée Nationale, il est l’un des rares à chuchoter à l’oreille du Président.