Il y a quelques années encore, il aurait été inimaginable de commander une bourriche en un clic de souris, mais la révolution numérique gagne petit à petit les parcs ostréicoles. En Normandie, une vingtaine d'ostréiculteurs sont convertis au e-commerce. D'autres s'y préparent.
Chez Marie Quétier, à Saint-Germain-sur-Ay, les journées commencent désormais sur la page Facebook de l'entreprise. "Je regarde si on a des messages de gens qui passent commande, explique Sernin Pitois. Là, j'ai une cliente du Pas-de-Calais qui veut deux bourriches de deux kilos pour le 23 décembre".
La maison produit des huîtres sur la côte ouest du Cotentin ainsi qu'à Utah Beach. C'est la crise sanitaire qui l'a poussée à se lancer dans le commerce en ligne. "Tous les restaurants sont fermés. En mars et en avril on n'a rien vendu. Sur l'année, le recul est de 30 %, et encore, on s'estime heureux par rapport à certains".
Il a donc fallu trouver une nouvelle manière d'écouler la production. "On a commencé à prendre des commandes sur Facebook il y a six mois. Cela ne compense pas les pertes, mais nous sommes très contents de ce qui se passe". Les bourriches d'huîtres sont confiées chaque matin à une société d'expédition de colis qui les livre partout en France en 24 ou 48h.
Il n'y a pas d'intermédiaire. On a une vraie relation avec le client
"Il y a quelques années encore, cela semblait incongru de vendre les huîtres sur internet, mais les modes de consommation évoluent", observe Jean-Marc Jacquette, chargé de mission au Comité régional de conchyliculture. La vente en ligne est encore marginale. Aucun recensement n'a été effectué. Vingt à trente ostreiculteurs et expéditeurs auraient déjà franchi le pas.
"La profession réfléchit à la manière de se diversifier, d'être moins dépendante de la grande distribution et de la vente en gros. La vente en ligne, c'est une autre façon d'entrer dans le circuit court. On a le nom du producteur. Il n'y a pas d'intermédiaire. On a une vraie relation avec le client, plus qu'avec un achat dans une grande surface de la région parisienne", poursuit Jean-Marc Jacquette.
Pour les fêtes, confinées ou pas confinées. Nous continuerons à vous livrez partout en France. Huîtres spéciales d'Utah...
Publiée par Huîtres Marie Quetier sur Jeudi 19 novembre 2020
Patrick Liron fut le premier à se lancer en Normandie. C'était en 2007. Cet expéditeur installé à Gouville-sur-mer commercialise des huîtres issues des différents bassins de production normands. "Quand j'ai commencé, c'était pour toucher des zones où on ne trouve pas facilement des produits de la mer, par exemple dans l'Est de la France, ou en Auvergne, explique-t-il. Aujourd'hui, ça ne représente que 3% de mon chiffre d'affaire, mais il faut être présent. Celui qui n'y est pas a tort parce que ça va se développer."
L'huître voyage bien
Son site inernet vient d'être entièrement repensé. C'est une vraie boutique en ligne, une vitrine des "grands crus en Cotentin" qui permet d'acheter des huîtres de Saint-Vaast-la-Hougue, d'Isigny-sur-mer ou d'Utah beach. En un clic, le paiement est effectué, et les bourriches sont expédiées par un transporteur. "Avant, c'était la vente par correspondance. Aujourd'hui, les gens ont le reflexe internet."
L'huître a pour elle de bien voyager, même à température ambiante. "On la sort de l'eau le matin, elle est livrée le lendemain. Sachant que le produit se conserve une semaine, c'est confortable". Internet a le don de raccourcir les distances. L'huître de Normandie peut ainsi accéder à toutes les tables, livrée avec sa toute sa fraîcheur et ses arômes appétissants.