A Jazz sous les pommiers, des piqûres qui suscitent beaucoup de questions et d'incompréhension

Depuis plusieurs semaines, des malaises associés à des piqûres se multiplient lors de soirées un peu partout en France. Lundi soir, plusieurs lycéens ayant assisté à un concert à Jazz sous les pommiers à Coutances, en ont été victimes. L'organisation du festival renforce la sécurité pour rassurer.

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"En rentrant lundi soir à l'internat, j'avais mal au ventre. Je me suis assis dans ma chambre et petit à petit, j'ai senti quelque chose arriver." Charles, lycéen, est pris d'un mal de tête et commence à trembler. Il peine à parler. Une ambulance se trouve déjà en bas de son établissement. Un de ses camardes est en train d'être pris en charge. "Je suis allé les voir. Ils ont regardé mon dos et ils ont trouvé trois points."

Maux de tête, maux de ventre, étourdissements, sensation de grande fatigue, c'est aussi ce qu'a ressenti Alban lundi soir. Lui aussi assistait au concert des lycéens à Jazz sous les pommiers ce lundi soir à Coutances. "Au début, je n'ai rien senti", se rappelle le jeune homme. "A un moment, mes copains m'ont dit que j'avais une tâche de sang dans le dos. On pensait que c'était juste un bouton. Quand on est sorti, ma responsable d'internat m'a emmené voir les pompiers. Ils ont confirmé que c'était une piqûre."

Des recherches qui prendront du temps

Alban et Charles ne sont pas des cas isolés. Le procureur de la République de Coutances, Michaël Giraudet, confirme le dépôt de plusieurs plaintes dès lundi soir pour le même motif, sans toutefois en révéler le nombre exact. Des prises de sang ont été effectuées sur les victimes. "Le spectre de molécules à rechercher est très vaste puisque nous ne savons pas ce qui a été injecté ni même si quelque chose a été injecté", nous indique le magistrat, "De plus, peu de laboratoires sont équipés pour effectuer ces recherches. Par conséquent, elles (ces recherches) peuvent prendre plusieurs semaines." Pour l'heure, aucune personne n'a été interpellée.

Et en attendant, les questions se bousculent dans la tête des victimes. "On ne comprend pas forcément la cause, pourquoi les gens font ça", explique Alban, "On se dit qu'on est drogué ou qu'on peut choper des maladies à notre insu." Quand le lycéen pense à une seringue, le sida lui vient immédiatement à l'esprit. "Je me demande ce qu'on m'a injecté dans le corps, si on m'a injecté quelque chose dans le corps, si ce n'est pas un effet placebo. Désormais, je n'ai plus spécialement envie d'aller dans des salles de concert closes." Lundi soir, Lou n'a pas été piquée. Mais certaines de ses amies, raconte-t-elle, l'ont été. "J'étais censée aller ce soir à une soirée salle Marcel Hélie mais du coup on ne va pas y aller. On n'a pas trop envie de se faire piquer. C'est hyper paniquant."

Trouver rapidement avant la saison des festivals

Ce phénomène de piqûre sauvage en soirée est rapporté depuis plusieurs semaines un peu partout en France. Mais c'est la première fois qu'il est observé dans le département, indique Véronique Billy, la présidente de la protection civile de la Manche. "On a sensibilisé tous nos équipiers sur la possibilité de malaise suite à des piqûres. La première intention, si on a quelqu'un qui fait un malaise, c'est de regarder s'il y a des piqûres. On a mis en place des équipes mixtes pour qu'une secouriste féminine puisse ausculter des femmes et qu'un secouriste masculin puisse examiner les hommes." Un véhicule "isolé" est prévu pour effectuer ces examens. "C'est quelque chose de nouveau pour nous. Avant, on ne s'amusait pas à déshabiller quelqu'un complètement pour voir s'il y a des traces de piqûre."

Une nouveauté, dont les secouristes de la protection civile se seraient bien passés, tout comme les incertitudes qui entourent ce phénomène. "On n'a pas assez d'éléments", déplore Véronique Billy, "Les gens, quand ils ne sont pas bien, c'est déjà un peu tard pour faire l'analyse et savoir ce qu'on leur a injecté. Les choses qui sont utilisées sont très volatiles, ça disparaît très vite dans le sang. Après il faut analyser les cheveux mais ça prend beaucoup plus de temps. Il faudrait qu'on trouve rapidement parce qu'il y a la saison des festivals qui arrive. Il ne faudrait pas que ça donne des idées à plein de gens de faire ça.

"On n'a pas beaucoup piqué de quadras ou de quinquas"

Et ce phénomène d'entraînement, la présidente de la protection civile de la Manche n'est pas la seule à le redouter. "Je pense que plus on le relaie, plus le phénomène grossit et plus on les encourage à continuer", déclare Denis Le Bas, le directeur du festival, quelque peu agacé. "Moi, je pense que que ça ressemble à un défi entre jeunes, un défi bien idiot et bien triste du genre : combien t'en as piqué dans la soirée ? "

Pour autant, pas question pour les organisateurs de Jazz sous les pommiers de faire comme s'il ne s'était rien passé. "Ce phénomène nous préoccupe", assure Denis Le Bas, "On va donc renforcer la sécurité, la fouille des sacs, les palpations aléatoires. Surtout pour le concert de la nuit électro ce mercredi soir. Pour les autres concerts, ce sont des personnes assises dans les salles et tout se passe bien. Hier soir, il y a eu des milliers de personnes dans les salles et il ne s'est rien passé. C'est sur un certain type de concerts que ces malveillances ont tendance à se produire. Jusqu'à présent, on n'a pas beaucoup piqué de quadras ou de quinquagénaires. Faut pas non plus en faire toute une montagne. On fera attention les uns aux autres et tout va bien se passer."

La 41e édition de Jazz sous les pommiers doit s'achever ce samedi soir.

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