Après de nombreux rebondissements et un chantier au long cours, l'électricien compte distribuer sur le réseau les premiers électrons d'ici le 21 septembre. Il a officiellement demandé à l'Autorité de Sûreté Nucléaire (ASN) l'autorisation de procéder à la première fission, nécessaire à la production d'électricité.
Enfin le bout du tunnel ? EDF semble en être persuadé. L'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) "a reçu aujourd'hui (ce vendredi 30 août 2024) la demande d'EDF pour la divergence de l'EPR", c'est-à-dire la première fission nucléaire, a indiqué à l'AFP le gendarme du nucléaire, qui doit l'examiner "dans les prochains jours".
La fission nucléaire est la réaction nucléaire générant l'énergie qui va produire de la vapeur, laquelle va faire tourner une turbine entraînant un alternateur et ainsi produire de l'électricité.
En ce qui concerne le raccordement, ou "couplage", au réseau électrique de ce nouveau réacteur à eau pressurisée, le 4e de ce type installé dans le monde, "il n'y a pas d'évolution de planning à ce jour", a indiqué EDF. Le groupe, détenu à 100% par l'Etat, table donc toujours sur une livraison des premiers électrons avant la fin de l'été et donc au plus tard le 21 septembre, soit 12 ans après le calendrier prévu initialement. Le réacteur aura alors atteint le palier de 25% de puissance.
Du courant pour 3 millions de foyers
Lorsque l'EPR atteindra sa pleine production à 100%, il alimentera quelque 3 millions de foyers, une étape qu'EDF promet d'atteindre d'ici la fin de l'année.
L'exploitant des centrales nucléaires a reçu le 7 mai le feu vert de l'ASN pour la mise en service du 57e réacteur français, installé à côté de deux plus anciens, à Flamanville. EDF a alors immédiatement procédé au chargement de 60.000 crayons de combustible nucléaire dans la cuve du réacteur. L'étape de chargement, clé pour le lancement progressif de la production d'électricité, s'est achevée à la mi-mai.
Depuis, EDF a procédé aux essais à froid, qui se sont terminés le 10 juillet. Les essais à chaud ont eu lieu par la suite en montant le réacteur à 155 bars et 303 degrés.
Une facture évaluée à 19 milliards
Alors que le président Emmanuel Macron a décidé de relancer le nucléaire, en commandant six réacteurs EPR2 (et huit supplémentaires en option) à l'énergéticien, le démarrage de l'EPR de Flamanville, même s'il a été décidé bien avant, revêt une dimension hautement symbolique. Avant lui, les dernières centrales à être entrées en service étaient celles de Chooz (nord-est), en 2000 et de Civaux (centre) qui a démarré en 2002.
Le raccordement du nouveau réacteur de Flamanville, le plus puissant du pays (1.600 MW), marquera la fin d'un chantier qui aura duré dix-sept ans. Les nombreux déboires qui ont affecté le chantier (fissures dans le béton de la dalle, anomalies dans l'acier de la cuve, et défauts de soudure sur les traversées de l'enceinte de confinement) ont fait exploser la facture, désormais estimée à 13,2 milliards d'euros par EDF, soit quatre fois le devis initial de 3,3 milliards.
En 2020, la Cour des Comptes l'avait évaluée à 19 milliards, en comptant notamment les "surcoûts de financement".