L'électricien impute en partie ce nouveau retard sur la pandémie. Le chargement du combustible est retardé d'environs six mois. La facture continue de grimper : 300 millions d'euros en plus.
Alors que l'EPR d’Olkiluoto construit par Areva en Finlande a démarré le 21 décembre dernier, son homologue français continue d'accumuler les retards. Sa mise en service est de nouveau reportée. C'est ce qu'a annoncé ce mercredi 11 janvier, EDF. "La date de chargement du combustible est décalée de fin 2022 au second trimestre 2023. L'estimation du coût à terminaison passe de 12,4 milliards d'euros à 12,7 milliards", indique le groupe dans un communiqué.
En chantier depuis 2007, l'EPR a accumulé les déconvenues, avec dernièrement un important problème sur des soudures. Dans un rapport rendu au gouvernement le 9 juillet dernier, la Cour des comptes avait dénoncé "un échec opérationnel, des dérives de coûts et de délais considérables". La jurdiction financière administrative ne manquait pas de souligner la multiplication par 3,3 des coûts de construction de l'EPR de Flamanville et par 3,5 du délai de mise en service, par rapport aux prévisions initiales. Les magistrats estiment que s'ajouteraient pour 6,7 milliards de "coûts complémentaires" en plus de la construction à proprement parler, dont une bonne part de frais financiers.
"Un contexte industriel rendu plus difficile par la pandémie"
Le nouveau calendrier annoncé ce mercredi 11 janvier tient compte "de l'état d'avancement des opérations et de la préparation du démarrage dans un contexte industriel rendu plus difficile par la pandémie", indique EDF. Cette annonce intervient alors que le France s'apprête à lancer un nouveau programme de construction de réacteurs nucléaires, comme l'a annoncé le président Emmanuel Macron le 9 novembre. En Normandie, EDF a choisi le site de Penly, en Seine-Maritime, pour accueillir l'un des futurs EPR. Pour Greenpeace, ce "énième retard (ndlr : de l'EPR de Flamanville) disqualifie les annonces de nouveaux réacteurs". L'organisation écologiste demande un moratoire sur les travaux de l'EPR.
Pour l'heure, seuls trois réacteurs EPR sont déjà entrés en fonctionnement dans le monde: deux en Chine, à Taishan, et un en Finlande. Un incident avait conduit en juillet à l'arrêt d'un des réacteurs chinois de nouvelle génération. EDF explique ce mercredi qu'il a subi "un phénomène d'usure mécanique de certains composants d'assemblages" et que cela "ne remet pas en cause le modèle EPR". En Finlande, la construction de l'EPR aussi n'a pas été un long fleuve tranquille : 16 ans de chantier et douze ans de retard sur la date de mise en service initialement prévue.