Le marin de Granville qui a remporté la course en 1997 vit désormais retiré en Uruguay. Il ne sort de son silence qu'en de très rares occasions, préférant mener sa vie au contact de la nature. L'année dernière, il a passé deux mois en mer dans l'Atlantique sud pour échapper au confinement...
Il a certes accepté de répondre à quelques questions, mais on comprend vite que ce n'est pas pour parler de lui-même ni de ses souvenirs. "Vous êtes entré dans la légende", se risque l'animateur de ce "live" organisé par le Vendée Globe le lundi 25 janvier. "Oui, peut-être", élude le marin qui préfère parler de la course : "je n'imaginais pas un final aussi groupé. J'adresse un grand merci à tous les concurrents. Pour nous spectateurs, c'est un vrai bonheur".
Le 17 février 1997, Christophe Augin remporte le Vendée Globe sur Geodis, un monocoque en carbone construit au chantier JMV Industries de Cherbourg. Il est à ce jour le seul skipper à s'être imposé dans trois tours du monde en solitaire (il a aussi gagné les Boc Challenge 1991 et 1995). Au début des années 2000, le Granvillais a rompu avec le monde de la course au large pour aller se faire oublier en Amérique du sud.
Lorsqu'il revient dans sa Normandie natale, c'est en toute discrétion. Il faut que le Vendée Globe le sollicite pour qu'il consente à rompre sa diète médiatique. "Tous les quatre ans, je me passionne pour ça. Je ne m'y plonge pas totalement, parce que j'y passerais tout mon temps. J'aime beaucoup étudier la stratégie au large. J'y passe une heure chaque jour., sans trop regarder dans les détails, sinon je serais resté deux mois et demi derrière mon ordinateur".
"Pour moi, les dix premiers sont tous vainqueurs, ajoute Christophe Auguin que se dit vraiment admiratif. Ils ont tous mené mené leur bateau parfaitement, les trajectoires sont exceptionnelles. Après, il va falloir un premier, un deuxième, un troisième, et il faudra tenir des compte des compensations, mais la règle était connue avant le départ".
"Il faut vraiment aimer la mer..."
L'entretien s'achève et Cristophe Auguin retourne à sa vie, dans ce paysage verdoyant entraperçu derrière lui sur l'écran. Aux dernières nouvelles, le marin partage sont temps entre la navigation et les travaux dans sa ferme en Uruguay. Il y accueille quelques touristes, prévient-il, le silence "est roi" et le confort "rudimentaire". C'est ainsi que vivent les vrais gauchos.
Dejà...les navs 2020/2021... 2019/2020, complet...
Publiée par Christophe Auguin sur Mercredi 29 mai 2019
Christophe Auguin organise aussi des expéditions sur son bateau, "un cigale de 16 mètres". Il peut emmener jusqu'à cinq passagers-équipiers sur les canaux de Pagagonie ou dans l'archipel du Cap-Horn. Cette année, la pandémie aura fortement compromis son activité de croisières. Au mois d'avril, pour échapper aux mesures de confinement, il a même dû rester au large. Dans un article du 31 mai, un journaliste du quotidien argentin La Nacion narre l'épopée d'un Français qui a "appareillé d'Ushuaïa pour naviguer pendant deux mois dans l'Atlantique sud pour échapper à la quarantaine".
"Pour la première fois, je me suis senti plus en sécurité que sur la terre ferme", raconte alors Christophe Auguin qui avait pris la précaution d'embarquer avec trois mois de vivres. Une méchante tempête l'a obligé à venir s'abriter à Mar del Plata (sans toutefois être autorisé à mettre pied à terre). Le journaliste note que l'homme "ne paraît pas vraiment douter de sa capacité de résistance en mer". Ces deux mois de navigation sans toucher terre lui inspirent cette sentence : "il faut quand même aimer la mer".