PORTRAIT. Équipière chez Mcdo et livreuse de produits fermiers, Camille est en colère avec les agriculteurs

Camille Puisney cumule deux activités que l'on pourrait penser incompatibles. Salariée chez McDonald's, elle a monté son entreprise de livraison de viande en circuits courts. En parallèle, elle est aussi secrétaire générale de la Coordination rurale dans la Manche.

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Des steaks hachés de fast-food à la bonne viande rouge de la ferme, il n'y a qu'un pas. Celui de Camille Puisney. Ancienne apprentie agricole, la Manchoise de 25 ans cultive le paradoxe d'être équipière chez McDonald's tout en travaillant dans le monde agricole. 

Entre 2014 et 2018, Camille a suivi un apprentissage, dans une exploitation d'élevage laitier. Une fois diplômée, elle a ressenti le "besoin de voir autre chose". À 20 ans à peine, il a tout de même fallu trouver un emploi pour gagner sa vie. Elle commence alors un petit boulot au McDonald's de Coutances. 

McDonald's, tremplin pour lancer son entreprise 

Sept ans plus tard, elle y est toujours. Un contrat de 130 heures par mois qui lui permet de toucher le SMIC. "Au départ, ça devait être un emploi basique, puis on y prend goût. On peut dire ce qu'on veut, mais je prends du plaisir à y travailler. Il y a une bonne équipe au restaurant, et ça me permet de gagner ma vie, de rembourser les emprunts."

Préparer des hamburgers n'est toutefois pas une vocation pour Camille Puisney, qui a toujours eu "l'amour pour la terre, pour l'élevage". Alors, dès qu'elle l'a pu, elle a lancé son entreprise de vente directe et de livraison de viande.

Le fast-food a été le moyen de financer le démarrage de sa société. En mai 2023, également aidée par ses proches, elle crée Les Colis de Camille

Chaque mois, elle se rend chez des amis éleveurs et choisit un veau.

C'est une sélection à l'oeil. Je regarde l'animal, la façon dont il est formé, dont il est traité de sa naissance jusqu'à l'abattoir, ce qu'il mange. Je suis ça à la lettre.

Camille Puisney

La bête choisie, elle contacte ses clients. Une fois le carnet de commandes rempli, elle programme une date d'abattage, puis fait appel à un organisme qui prépare la viande sous vide, avant de livrer les cartons de 5 ou 10 kg à ses clients. 

La vente directe était pour elle une évidence. "C'était important pour moi de créer ce lien local, de pouvoir offrir des prix rémunérateurs aux agriculteurs", explique-t-elle. D'autant que la satisfaction se fait apparemment d'un bout à l'autre de la chaîne : "Je n'ai que d'excellents retours sur la viande que je vends".

Tancée sur les blocages, elle ne se démonte pas

Pour l'instant, après neuf mois d'activité, elle ne peut pas encore vivre de son entreprise. Elle aurait aimé avoir des aides de la Région, mais n'était pas éligible puisqu'ayant déjà un emploi salarié. Qu'à cela ne tienne, elle grandira à mesure que le temps passe, et se donne un délai de cinq à six ans pour vivre pleinement de sa société. 

Passionnée par le monde agricole, et hyperactive, Camille Puisney s'est aussi engagé au sein de la Coordination rurale. Depuis le début du mouvement des agriculteurs en colère, elle participe aux actions.

Blocages routiers, opérations coup de poing dans les grandes surfaces, réunions : la jeune femme se bat pour défendre les siens. Même si parfois, certains se permettent des remarques sur son job chez McDo. Elle ne se démonte pas pour autant.

Je trouve ça gênant d'attaquer les gens qui travaillent chez McDo ou chez Leclerc. Il faut bien manger, il n'y a aucune honte ! Il n'y a pas de sous-métier.

Camille Puisney

Son franc-parler et sa jeunesse apportent une plus value à l'action syndicale. Elle a choisi de s'impliquer dans la Coordination rurale notamment "parce qu'on y défend des prix rémunérateurs pour les agriculteurs", mais aussi pour le dynamisme de l'équipe, le côté "intergénérationnel".

Il y a peu de temps, elle passait encore des matinées à aider des exploitants dans le domaine administratif, et espère qu'avec cette forte mobilisation depuis 15 jours, le matraquage de la paperasserie cesse de peser sur les agriculteurs. Et que la profession ressorte soulagée et grandie de cette crise. 

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