Les promoteurs du projet "hommage aux héros" en opération séduction à Carentan

Ce vendredi soir à Carentan les marais avait lieu la présentation au public du projet de commémoration vivante autours du débarquement, un projet surnommé "D-day land" qui a fait couler beaucoup d'encre depuis son annonce. 

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"J'ai entendu des histoires de tous bords, je ne voyais pas trop ce que ça pouvait donner." Alors Sébastien Guiffard a fait le déplacement ce vendredi soir pour se forger une opinion. "J'avais envie de ne pas laisser la place au fantasme et laisser les gens qui portent le projet en parler", confie, lui aussi, Maxime Delauney. Surnommé "DDay land" depuis son annonce, le projet "Hommage aux héros" a fait couler beaucoup d'encre. Ses promoteurs ont tenté à Carentan, d'abord devant le conseil municipal puis lors d'une réunion publique, d'éteindre la polémique

Cette présentation à Carentan, l'un des lieux susceptibles, avec Bayeux, d'accueillir ce projet avait comme premier objectif de tordre le cou à une idée reçue. Pas question ici d'un parc d'attraction mais d'un théatre mobile et interactif. Les spectateurs prendront place dans une grande tribune qui, durant 45 minutes, se déplacera en alternant les espaces de reconstitutions en extérieurs et les salles de projection dernier cri. Cet "hommage aux héros" se déroulera en trois périodes : avant, pendant et après le débarquement. "On est sincère dans notre démarche, on est vraiment dans ce devoir de transmission et ça il ne faut pas le remettre en question", assure Roberto Ciurleo, producteur du projet.
 


Si le projet dans sa forme (son dispositif technique) semble clairement défini, reste maintenant à concevoir le fond, le spectacle lui-même. "Le fait de gagner de l'argent avec un projet mémoriel n'est pas un problème. On fait de l'argent avec les musées. Le vrai sujet c'est : qu'est-ce qu'on met dans le projet mémoriel", estime Maxime Delauney. "Si vraiment c'est vu avec des historiens, que le projet est bien encadré, j'espère qu'il verra le jour", déclare Sébastien Guiffard. Car pour tenter de convaincre du bien-fondé de leur entreprise, les promoteurs d'un "hommage aux héros" ont sollicité l'expertise d'un comité scientifique, lequel se réunira le 28 octobre prochain au Mémorial de Caen.
Une précaution qui n'a rien de superflu, tant les critiques à l'égard du projet restent vives, notamment dans l'entourage des anciens combattants. Ce vendredi soir, des proches des commandos Kieffer, qui avaient publié une tribune en septembre dernier pour exprimer leur opposition, n'ont pas mâché leurs mots. "Les familles du commando Kieffer n'accepteront pas que le nom de leurs pères soit associé, de quelque manière que ce soit, à ce parc", a rappelé George de Montlaur, "Peut-on imaginer ces lieux où sont morts et reposent tant d'Amérciains, de Canadiens, de Français, d'Allemands, devenir un parc où un spectacle où des milliers de consommateurs pourront visiter un village "à la 1944" et assister à une parodie de guerre avant d'acheter des souvenirs de guerre et des spécialités gastronomiques normandes ?

"Une profanation du sol sacré de Normandie"

Outre-atlantique aussi "l'hommage aux héros" reste en travers de la gorge des vétérans. Comme le rapportent nos confrères de Ouest-France, les présidents de l'association de 4e division d'infanterie américaine ont pris leur plume pour s'opposer "avec véhémence à la décision de transformer le sol de Normandie en autre chose que la terre sacrée qu’elle est et devrait rester pour l’éternité." Pour eux, ce sepctecle est "une profanation du sol sacré de Normandie."

Le monde militaire n'est pas seul à s'émouvoir du projet. Le Comité de Citoyen de Ver-sur-Mer pour la Défense de notre Patrimoine s'est lui aussi lancé dans la bataille. "Je trouve atroce que des parents puissent dire à leurs enfants : tiens, il y a un spectacle très bien fait, on va regarder comment grand-père s'est fait descendre et après je vous achèterai une glace", lance, avec un brin de provocation, Maxi Krause, la porte-parole du collectif. "Une guerre, c'est quelque chose de tragique. en faire un sepctacle, c'est quelque chose de malsain, c'est un manque total d'empathie, de tact vis à vis des gens qui ont souffert. J'ai des gens qui pleurent au téléphone et me disent : ce n'est pas possible de faire ça."

Une annonce trop rapide ?

Maxime Delauney, relativement enthousiaste vis à vis du projet "Hommage aux héros", comprend cette hostilité à fleur de peau. "L'annonce a été trop rapide", juge ce natif de Carentan, "Hervé Morin a lancé le truc trop rapidement. Il a lancé le truc du "D-day land". C'est quelque chose qui a heurté les gens localement. On a tous des grands-parents qui ont connu cette période. Ca a été une sorte de zone émotionnelle très forte et faut laisser retomber un peu tout ça, leur (ndlr : les porteurs du projet) laisser le temps de travailler."

Le spectacle "Hommage aux héros" devrait être lancé en 2024. Ses concepteur espèrent attirer 600 000 visiteurs.
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