"Démolis... On est démolis", le témoignage poignant des parents de Mélanie Lemée, une gendarme tuée par un chauffard

Quatre ans qu'il attendent que justice lui soit rendue... Le 4 juillet 2020, lors d'un contrôle routier, Mélanie Lemée a été fauchée par une voiture à Port-Sainte-Marie, dans le Lot-et-Garonne. Le conducteur avait refusé d'obtempérer. Dans l'Orne, les parents de la jeune gendarme soupirent : "C'est tristement long. 51 mois après, le procès n'a toujours pas eu lieu..."

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Dans leur salon à la Ferté-Macé (Orne), des photos de leur fille, en uniforme ou en judokate... De beaux souvenirs que les parents de Mélanie Lemée gardent précieusement. Quatre ans après son décès, la douleur est toujours aussi présente : "Démolis... On est démolis", nous confie son père, Christian Lemée, la voix tremblante sous l'émotion.

"C'est tristement long avec l'impression qu'on n'arrivera jamais jusqu'au bout"

La colère est toujours aussi forte avec le sentiment d'être toujours au même point : "Le procès de Mélanie n'a pas eu lieu alors qu'on est 51 mois après. On est dans une situation assez délirante où l'auteur a été arrêté le jour même ce fameux 4 juillet 2020 et 51 mois après, on en est encore là."

Le samedi 4 juillet 2020, en début de soirée, Mélanie Lemée est percutée et tuée par un chauffard. La gendarme, originaire de la Ferté-Macé (Orne) procédait à un contrôle routier près d'Agen (Lot-et-Garonne) mais l'automobiliste a refusé de s'arrêter, fauchant, au passage, cette dernière. Le conducteur a été rapidement interpellé après le drame qui s'est déroulé vers 21 h 30. Le parquet d'Agen avait déclaré que le suspect avait reconnu les faits. L'homme âgé de 27 ans conduisait sous l'emprise de stupéfiants. Il était au volant alors que son permis lui avait déjà été retiré.

L'enquête a établi que le véhicule roulait entre 130 et 160 km/h. Aucune trace de freinage n'a été retrouvée. Des éléments concrets et pourtant la procédure est longue. Les parents de la gendarme attendent que justice soit rendue à leur fille : "Quatre ans, ça nous paraît très long, anormalement long. On a suivi toute la procédure, mais ça nous paraît inacceptable que ce soit si long dans la mesure où la justice a l'individu sous la main. Il y a peu de choses qu'elle peut contester à part si c'est volontaire ou pas. C'est tristement long avec l'impression qu'on n'arrivera jamais jusqu'au bout", soupire Danielle Letissier, la mère de la jeune femme de 25 ans.

"On ne peut pas comprendre, même si c'est la loi"

Pourtant, peu après le décès de leur fille, un hommage national lui a été rendu. À l'époque, les parents étaient reçus par Emmanuel Macron et par Gérald Darmanin, pour sa première sortie en tant que ministre de l’Intérieur : "Gérald Darmanin nous avait dit que pour lui ça devrait être relativement rapide dans la mesure où on avait l'auteur, les faits étaient indiscutables. Donc, nous, on pouvait entendre que la procédure prenne deux voire trois ans", explique Christian Lemée.

L'année dernière, après trois ans de détention provisoire, la durée maximale possible, l’homme suspecté d’être à l’origine du décès de la jeune femme de 25 ans a été remis en liberté sous surveillance électronique : "On n'a pas compris, on ne peut pas comprendre ça, même si c'est la loi. On voudrait faire confiance à cette justice, mais là, on ne comprend plus", ajoute le père de Mélanie Lemée.

On apprend ce mercredi 25 septembre 2024 que la chambre de l’instruction du tribunal d’Agen a décidé, ce mercredi 25 septembre 2024, que Yassine El Azizi, le conducteur, serait jugé pour violences volontaires sur personne dépositaire de l’autorité publique, ayant entraîné la mort sans intention de la donner. Pour l’heure, aucune date de procès n’est fixée.

Mais pour les parents de la gendarme, il faut que ça avance plus vite et que la justice soit exemplaire : "L'actualité de ces derniers mois montre que d'autres policiers, d'autres gendarmes meurent à peu près dans les mêmes conditions que notre fille", lance Christian Lemée.

Tourner la page pour avancer

"Au-delà de la disparition de Mélanie, il y a aujourd'hui tous ces gendarmes et policiers qui exercent leur métier et si la justice ne donne pas un signal suffisamment fort pour que chacun sache ce que l'on peut ou pas faire. Là, on laisse passer du temps comme si rien ne s'était passé", s'esclaffe Christian Lemée.  "On attend une sanction qui marque. Les refus d'obtempérer, c'est tous les jours, dans tous les départements. Ce n'est pas acceptable. Il faut une condamnation exemplaire", ajoute sa femme.

Malgré la tourmente et la longue attente, le couple veut garder espoir : "On veut croire en cette justice. On a un autre enfant, aussi important à nos yeux que Mélanie. Il faut que justice soit faite et qu'il construise sa vie. Ce n'est pas plus facile pour lui. On se doit de tenir debout même si notre vie est à jamais ébranlée, atrophiée, on doit lui redonner de l'espoir à lui", explique Danielle Letissier.

Tourner la page pour avancer. En attendant, ils peuvent compter sur leur entourage et tous ceux qui les soutiennent : "À la Ferté-Macé, ils ont baptisé la salle des arts martiaux de la Ferté-Macé du nom de notre fille, ce sont des gestes qui nous permettent de tenir la tête de hors de l'eau". Mélanie Lemée était une gendarme engagée et une judokate qui laisse derrière elle une très grande empreinte.

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