Interdiction des Cotons-Tiges en plastique : comment cette entreprise normande s’y est préparée ?

Le leader européen du marché du bâtonnet ouaté est implanté depuis 35 ans près de Flers dans l’Orne. L’entreprise Lemoine a relevé le défi de l’interdiction des tiges plastiques au 1er janvier 2020. Un virage qui lui a permis de conquérir l’Amérique.

Les cotonneuses tournent à plein régime dans un bruit assourdissant. Les bobines se déroulent à un rythme effréné, c’est le même coton qui est utilisé pour la fabrication de billets de banque.

La matière est ensuite collée au bâtonnet ouaté en papier. C’est d’ailleurs l’un des procédés qu’il a fallu adapter sur les machines, comme l’explique Sébastien Mauny, responsable projets et développements chez le groupe Lemoine.

Avant, avec les plastique, il n’y avait pas besoin de colle. Il suffisait de chauffer un petit peu pour que le coton soit fixé au bout de la tige. Avec le papier, c’est autre chose. On a dû ajouter une étape à la fabrication.


Dans l’usine d’assemblage de Caligny, dans l'Orne, la cadence est soutenue. 10 millions de bâtonnets ouatés sont produits chaque jour, soit 500 000 boîtes. 24 milliards de tiges sont assemblées à l’année : le chiffre donne le vertige.
 
 

Les tiges plastiques interdites depuis le 1er janvier 2020


Aujourd’hui, 80 % de la production de l'entreprise est en papier, notamment pour le marché européen. Au 1er janvier dernier, la loi sur la biodiversité est entrée en application. Selon l'article L541-10-5 du code de l'environnement, les assiettes jetables, les gobelets et les cotons-tiges – ces produits en plastique a usage unique – sont désormais interdits à la vente.
 

L’entreprise Lemoine avait anticipé ce virage décisif il y a 3 ans, comme le détaille Jeanne Cluzel-Lemoine, directrice générale du groupe Lemoine :

Nous avions même lancé une gamme de bâtonnets ouatés en papier pour les bébés dès 1995 mais le consommateur n’était pas prêt

La préservation de l’environnement est pourtant devenue aujourd’hui un argument de vente. A l’achat, le produit en papier est aussi 10% plus cher que celui en plastique.

Le sort de la planète préoccupe le client qui est prêt à payer sa boîte de bâtonnets ouatés quelques centimes de plus, selon Jeanne Cluzel-Lemoine.

Je pense qu’avec le bio et la tendance que l’on voit sur l’alimentation, je pense aussi qu’avec tous les problèmes climatiques qui sont largement diffusés par les médias, le consommateur a aujourd’hui ce sens de la responsabilité de la planète, de l’environnement, pour lui-même et pour les générations futures. 

 

Le coton-tige made in Normandie séduit les Américains


C’est l’Allemagne et la Grand-Bretagne qui ont été les premiers à acheter des bâtonnets papiers au groupe Lemoine. En 3 ans, petit à petit, la part de production plastique a ainsi diminuée. L’objectif est de fabriquer à petite échéance 100% de tiges papiers.

Pour cela il a fallu adapter les machines existantes mais aussi développer de nouveaux procédés pour fabriquer des tiges papiers sur place. Quatre machines sont d’ores et déjà en fonctionnement. Elles seront quatre de plus au printemps.

Nous ne verrons pas ces machines. Le process industriel est gardé soigneusement secret car la concurrence est rude dans le secteur. L’ambition du groupe Lemoine est de devenir le n°1 mondial à la place du leader actuel, l’américain US Cotton.

Lemoine est déjà présent dans 65 pays sur les 5 continents. C’est le leader européen du secteur. Créé en 1985, l’entreprise familiale n’a eu de cesse de se développer.
 
Après la création d’une usine aux Philippines, le groupe a investi cette année en Espagne et au Mexique, tête de pont pour la conquête du marché américain.

C’est clairement notre objectif. Depuis le 1er semestre 2019, nos produits sont présents pour la première fois sur le territoire américain 
 

Regardez comment sont produits les fameux cotons-tiges dont on se sert quotidiennement, dans cette vidéo :


Reportage de Nicolas Corbard et Damien Migniau pour France 3 Normandie.
Intervenants: Sébastien Mauny, responsable projets et développements chez le groupe Lemoine/ Jeanne Cluzel-Lemoine, directrice générale du groupe Lemoine

 
Le saviez-vous ? On ne devrait pas dire "Coton-Tige" mais "bâtonnet ouaté"
Si chacun a l'habitude de parler de "coton-tige", c'est pourtant un abus de langage. Le dictionnaire Larousse précise bien que ce terme devenu un nom commun est en réalité une marque. C'est la multinationale Unilever qui l'a déposée en 1952. Le terme utilisé dans l'industrie est donc celui de "bâtonnet ouaté".
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