Nos forêts se meurent. Phénomène directement lié au changement climatique, certaines espèces, comme le hêtre, sont en grande souffrance. Dans l'Orne, l'Office national des forêts vient d'entamer une campagne de martelage sanitaire afin d'identifier les arbres qui n'ont pas resisté au manque d'eau.
C'est un effet direct du réchauffement climatique et de la sécheresse. Depuis trois ans, les forestiers de la forêt d'andaines constatent un dépérissement de certaines espèces et notamment du hêtre. Nous avons suivi les forestiers lors d'une opération de martelage, une tâche qui consiste à évaluer les arbres et signaler ceux qui sont condamnés.
Malheureusement c'est toute la forêt qui est concernée avec les sécheresse successives de ces dernières années. Le manque d'eau, alors c'est pas qu'on a moins d'eau mais elle est moins bien répartie. On en a l'hiver, mais quasiment pas l'été. Les hêtres qui sont une espèce très gourmande en eau commencent vraiment à souffrir.
En équipe les forestiers inspectent tous les hêtres afin d'évaluer leurs chances de survie. Pour celui-ci l'avis est sans appel. Cet arbre a été frappé par la sécheresse en pleine croissance. "Ces arbres n'ont pas encore fait leur travail, il n'ont pas donné de régénération", explique Jerôme, technicien forestier, "c'est dommage, le but dans cette parcelle là c'est d'avoir du semis, du renouvellement quoi, ces arbres là malheureusement ne peuvent pas fournir tout leur potentiel".
Les arbres marqués, ceux qui sont trop faibles pour être laissés tels quels, seront prochainement abattus et dirigés vers le marché du bois. Pour ne pas être simples spectateurs de ce phénomène climatique, les spécialistes de l'ONF imaginent déjà la forêt de demain.
Bientôt des arbres du Sud dans les forêts normandes ?
On envisage de planter des essences qui viennent du sud de la France, essayer de les adapter ici. Des essences qu'on n'a pas l'habitude de voir, notamment ici on n'a pas de chênes pubescents, pourquoi pas essayer de faire des essais avec cette essence-là.
Des solutions qui ne soulagent pas la peine de ces forestiers qui ont façonnés, depuis des dizaines d'années, cette forêt normande.
Spectateurs privilégiés de cette forêt en souffrance, ils espèrent que ces arbres morts participeront tout de même à une prise de conscience
Voila, c'est le choix de Dame Nature, qui réagit par rapport à ce que toute l'Humanité lui inflige, donc on récolte ce que l'on sème...
Comment se porte la forêt française, ces dernières années ?
"La forêt française est une composante majeure du territoire national", explique Eric Toppan, économiste du bois pour le compte du syndicat de forestiers privés Fransylva ,"puisque c'est 30% du territoire métropolitain qui est recouvert de bois et forêts (près de 17 millions d'hectares, NDLR). Elle a doublé de surface en un peu plus d'un siècle. C'était à peu près un quart du territoire métropolitainqui était forestier à la fin des années 1980. Elle est en croissance pour deux raisons essentielles : d'une part parce que dans les années 1980, 1990, il y a eu de grandes campagnes de boisement. Par ailleurs, avec la déprise agricole, la forêt avance chaque année de quelques mètres en lisière".
Le gouvernement a annoncé 150 millions d'euros pour le reboisement au mois de septembre, en quoi était-ce nécessaire ? "Nous ne reboisons pas suffisamment depuis une bonne vingtaine d'années maintenant" selon Eric Toppan.
Vosges : la tempête silencieuse. #FaceApp pic.twitter.com/Ymrb3a5hGf
— Ministère de l’Écologie (@Ecologie_Gouv) July 19, 2019
"On a enfin une mesure forte qui tombe à point nommé parce qu'on a beaucoup moins reboisé ces 20 dernières années d'une part et d'autre part, la forêt est soumise aujourd'hui à des risques réels dont on observe d'ores et déjà les conséquences, c'est le changement climatique. Les sécheresses nombreuses ces dernières années provoquent une modification significative des populations d'insectes et notamment les insectes xylophages".
"On a comme ça des massifs forestiers aujourd'hui décimés, c'est une véritable catastrophe en Franche-Comté, dans le Grand-Est, par
les attaques des scolytes (des coléoptères) ces trois dernières années, qu'on attribue clairement au dérèglement du climat, ajoute Eric Toppan.