À la Ferme des Templiers, à La Feuillie, près de Gournay-en-Bray (Seine-Maritime), un éleveur de porcs a été épinglé par la gendarmerie pour avoir illégalement tué des cochons chez lui. Ce dernier s'explique.
Quelle mauvaise surprise pour Franck Monfray et sa femme, quand ils ont vu débarquer une trentaine de gendarmes et les fonctionnaires de la Direction départementale de la protection des populations (DDPP) dans leur exploitation à la Ferme des Templiers, à La Feuillie, près de Gournay-en-Bray (Seine-Maritime), vendredi 15 décembre 2023.
51 cochons saisis
L'éleveur de porc est accusé d'avoir tué des cochons chez lui, illégalement. Selon nos confrères de L'Éclaireur La Dépêche, 51 cochons ont été saisis. Leur sort est entre les mains de la justice. Et le parquet de Dieppe mène une enquête, a-t-il confirmé auprès de France 3 Normandie.
L'éleveur est sens dessus dessous. "J'ai voulu rendre service à des gens de confession orthodoxe. Je l’ai tué sur place, avec un pistolet d’abattage à tige perforante, que nous avons toujours en tant qu'éleveur au cas où un cochon est malade. Je ne le fais que très rarement. Je l'ai fait pour rendre service mais je l'admets, ce n'est pas dans un abattoir, dans les règles comme il le faudrait."
Selon Franck Monfray, il a été dénoncé par l'un de ses proches. Mais ce dernier tient à préciser que la situation est désormais complexe pour les éleveurs de porcs normands depuis la fermeture des abattoirs Socopa du Neubourg.
Retrouvez notre reportage réalisé le 7 novembre 2023, lors de l'annonce de la fermeture de la filière porcs de Socopa au Neubourg :
"Le plus près, c'est Houdan dans les Yvelines mais je ne cautionne pas leur façon de faire, le gazage des cochons. Je ne suis pas pour cette pratique, c'est une mort plus lente. Au Neubourg, ils étaient électrocutés. Et quand je le fais moi-même avec un pistolet d’abattage à tige perforante, ils sont anesthésiés et ne souffrent pas."
Stress des animaux, empreinte carbone...
Franck Monfray dénonce également le nombre de kilomètres qui doit être effectué, le stress pour les animaux, le bilan carbone... "Alors que là, il a parcouru 20 mètres, il n'y a pas d'empreinte carbone, il n'est pas stressé... L'animal n'a pas souffert."
La loi, elle est là mais elle est très mal faite. Il faudrait assouplir la réglementation pour avoir des petits abattoirs de proximité. Il existe des solutions, il faut se mettre autour de la table.
Franck Monfray, exploitant de La ferme des Templiers
Depuis la récente fermeture des abattoirs du Neubourg, Franck Monfray et sa femme ont décidé d'arrêter la vente directe, de fermer le magasin sur leur exploitation. "Et pour l'élevage, on ne sait pas trop encore, cela ne me plaît pas d'envoyer mes cochons faire des kilomètres..."
La Normandie, quatrième région productrice de porcs
Samuel Blaizot, responsable de la filière porcs à la FNSEA (Fédération nationale des syndicats d'exploitants agricoles) de l'Eure, confirme que la situation est désormais délicate pour les éleveurs de porcs locaux.
"Nous sommes la quatrième région productrice de porcs au niveau national et on n'a plus d'abattoirs, déplore-t-il. Et c'est compliqué pour les petites exploitations. Autant, au Neubourg, on pouvait amener quelques bêtes, maintenant, il faut des plus gros volumes."
Pour l'heure, faire appel à un abattoir plus éloigné ne coûte pas plus cher. "Mais on ne sait pas comment cela va évoluer dans les années à venir. Et pour le bilan carbone, ce n'est pas terrible, les cochons font deux fois le tour de la Normandie pour se retrouver dans le supermarché d'Évreux..."
Manger du porc local va devenir de plus en plus complexe en Normandie.
