Face à la flambée du coût de l’électricité et à la perspective d’un black-out cet hiver, la ville de Dieppe a fait le choix de limiter son éclairage public. En éteignant ses lampadaires de 23h à 5h30 du matin dans la plupart des rues, la municipalité estime qu’elle pourrait réduire sa consommation de 40%.
"Avant, ça s’allumait à la tombée de la nuit et ça se coupait au lever du jour". Jean-Philippe Caustantin, agent de maîtrise de l’éclairage public à Dieppe, peaufine les réglages d’un réverbère à Dieppe. "Mais les nouvelles pendules sont programmables…"
Ces 60 pendules, commandées en octobre dernier par la municipalité, sont installées un peu partout sur le réseau d’éclairage dieppois. Finis, les lampadaires réglés sur la lumière du soleil. Désormais, la ville les programme pour qu’ils s’éteignent chaque soir à 23h.
1 million d’euros d’économies pour la ville
Seuls l’hypercentre, les rues commerçantes et les quartiers résidentiels densément peuplés resteront éclairés la nuit à Dieppe.
"A 11h du soir, les gens sont presque tous déjà chez eux", relève Luc Desmarest, adjoint au maire de Dieppe en charge de la politique de la ville. "Et le matin, à 5h30, ceux qui travaillent et doivent prendre le bus bénéficieront à nouveau de l’éclairage public. C’est indispensable."
La mesure permettra "une économie de près de 40 % de la consommation électrique pour l’éclairage public", précisait la ville le 20 décembre dernier, dans un communiqué.
"Coupler la coupure de l’éclairage public avec la baisse du chauffage dans les bâtiments publics représente quasiment 1 million d’euros de gagné sur l’année", résume Luc Desmarest. "C’est une piste importante qu’il ne faut pas négliger."
Une mesure saluée par les défenseurs de l’environnement
Outre ces économies d’énergie, certaines associations de défense de l’environnement félicitent aussi l’impact positif de cette mesure sur la pollution lumineuse de Dieppe. Et, par ricochet, sur la biodiversité.
"Il y a un impact direct de la baisse de la lumière sur les populations d’insectes, et sur les couloirs de migration des oiseaux", avance Etienne Gaillard, le coordinateur de l’association France Nature Environnement en Normandie.
"Les oiseaux, lorsqu’ils se déplacent, peuvent être désorientés par les halos de lumière des villes", explique-t-il. Ces derniers modifient leurs schémas de migration et les font dévier de leur trajectoire, provoquant chaque année la mort de millions d’oiseaux.
Dieppe n’est pas la seule ville normande à avoir choisi d’éteindre une partie de son éclairage public la nuit. Rouen, Evreux ou encore Saint-Pierre-lès-Elbeuf ont pris des mesures similaires cette année.