Du jeu vidéo Virtual Regatta à la Transat Jacques Vabre, Basile Buisson embarque pour la "vraie" aventure

À 34 ans, Basile Buisson a déjà le pied marin. Officier dans la marine marchande, il régate depuis l'âge de 7 ans. Mais dès 13h29, ce dimanche 29 octobre 2023, le champion de Virtual Regatta va vivre une expérience inédite, et prendre la route du café aux côtés de son co-skipper, Kieran Le Borgne. Entretien.

J-2. Basile Buisson a beaucoup travaillé pour se préparer à la Transat Jacques Vabre. "On a vraiment mis toutes les chances de notre côté", estime-t-il. Sélectionné parmi les meilleurs joueurs de Virtual Regatta, un jeu vidéo de simulation de régate, il s'apprête désormais à vivre sa première course au large.

"Un rêve de gosse"

"Ma maman est avec moi sur le quai, juste à côté du bateau. Ma compagne vient d'arriver avec notre fils. Ils seront là pour le départ, et certainement aussi à l'arrivée. Mon fils a un an et demi, c'est un bon entraînement pour tester les nuits hachées !", confie-t-il, avant de nous accorder un entretien.

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Basile Buisson et Kieran Le Borgne en direct sur France 3 Normandie le 26 octobre 2023. ©France 3 Normandie

France 3 Normandie : Comment s'est déroulée la sélection ?

Basile Buisson, vainqueur de Virtual Regatta : Elle a commencé en 2021, quand le Virtual Regatta et la Transat ont organisé le concours "Du virtuel au réel". J'ai saisi cette opportunité parce que je n'avais aucune raison d'être sur le départ d'une course comme ça un jour, et que c'était un rêve de gosse. Quand j'ai vu le concours passer, je me suis dit, j'ai une seule chance dans la vie, c'est vraiment celle-là. Il faut la saisir !

On était 10 000 à répondre à ce message. Après une sélection sur la régate virtuelle, on s'est retrouvé à 1 000. Puis, il y a eu une deuxième course, on est passé à 275, jusqu'à arriver à une sélection en mai dernier où l'on s'est retrouvé, les 10 derniers finalistes, au Havre pour un stage de sélection. Il y avait des épreuves sportives, de connaissance du bateau, de la navigation forcément. À l’issue de ce stage-là, j'ai été sélectionné.

"C'est un truc complètement fou, complètement vertigineux"

Qu'avez-vous ressenti à ce moment-là ?

C'était un truc complètement fou, complètement vertigineux de se dire, "wow je suis sélectionné parmi toute cette communauté de joueurs, de passionnés, pour faire la Transat". C'est génial, et en même temps, il n'y a pas une minute à perdre pour se préparer au mieux. Tout est à faire : moi, je n'étais jamais monté sur un Class 40. Ma plus grosse expérience de navigation, en termes de durée, ça avait été un jour et une nuit entre la Corse et Marseille. Je navigue depuis que j'ai 7 ans, mais ça reste des régates où, le soir, on est à la maison, bien au chaud. Là, c'est vraiment une expérience complètement nouvelle.

D'où vous vient ce virus de la voile ?

Mon père faisait de la voile aussi, mais sans en faire beaucoup. C'est avec l'école, lors d'un stage de voile, que j'ai commencé. De fil en aiguille, j'ai commencé à naviguer toute l'année. J'ai mis le doigt dans l'engrenage et régaté sur des bateaux différents, plus grands, un peu partout.

"On est beaucoup plus exposé aux éléments"

Vous habitez à Gap. Vous avez, j'imagine, plus l'habitude de naviguer en Méditerranée ?

Oui. J'ai grandi à Marseille. Et je suis aussi officier de la marine marchande, donc je navigue toute l'année en Méditerranée puisque notre bateau est basé à Toulon. Je suis sur un remorqueur de haute mer de 73 mètres, qui assure la protection du littoral méditerranéen français. On fait de l'assistance aux bateaux et si y a un problème, marée noire, dégazage, on est là pour ramasser les pollutions pour éviter qu'elles ne se répandent.

Quand on est sur un bateau comme ça, beaucoup plus petit, on est beaucoup plus exposé aux éléments. On est en équipage très réduit, à la merci du vent et des vagues. Là, il y a de grosses conditions qui sont attendues sur le départ et sur la première semaine de course. Des conditions qu'on appréhende très différemment sur un voilier comme ça, par rapport à un bateau de plus de 50 mètres.

Qu'appréhendez-vous le plus ?

La météo. On est sur des conditions qui peuvent casser le bateau et compliquer les choses... Et ce qui va être dur à gérer, à mon avis, c'est la durée. La Transat Jacques Vabre, c'est quand même un marathon de plus de 20 jours qui va tirer sur l'organisme.

Il va falloir trouver un rythme de sommeil, de phases de récupération, bien s'alimenter. Trouver ce rythme, cette petite routine qui fait qu'on sera prêt quoi qu'il arrive. La gestion de l'effort dans la durée, ça peut être assez costaud.

Vous vous êtes bien préparé...

Ça a été très court comme période [depuis mai 2023, ndlr]. J'avais déjà commencé à me préparer pour la sélection, avec un peu de course à pied pour le cardio, un peu de musculation, du gainage pour être en forme.

Mais en fait, les efforts que l'on fait sur le bateau, les mouvements, on ne les fait pas ailleurs. Il faut naviguer, naviguer, naviguer, pour être le plus prêt possible. C'est aussi une énorme partie de gestion du bateau : il y a des bruits et il faut s'y habituer pour détecter si quelque chose ne va pas. Un bruit anormal, c'est ça qui doit nous mettre la puce à l'oreille. 

"Kieran et moi, on rigole beaucoup sur le bateau"

Comment s'est passée votre première rencontre avec Kieran Le Borgne ?

La première rencontre avec Kieran, c'était lors de la semaine de sélection. On a tous passé une demi-journée sur le Class 40 avec lui. C'était l'occasion pour lui de nous observer... Et ça s'est plutôt bien passé puisque j'ai été pris !

Depuis, on se rend compte qu'on a encore plus de points communs que ce que l'on pensait. On rigole beaucoup sur le bateau, on a les mêmes goûts musicaux, les mêmes références cinématographiques. C'est vraiment très sympa !

En plus de ça, c'est toute sa famille qui est vraiment géniale. Elle nous aide à préparer le bateau, à gérer tout le côté administratif, la sécurité, la nourriture. Sa maman nous fait des petits plats qu'elle déshydrate et qu'elle met sous vide. On est très bien logé !

Vous connaissiez déjà la Normandie avant d'arriver au Havre ?

En fait, j'y ai habité un an, dans le cadre de mes études à l'ENSM [École nationale supérieure maritime, ndlr]. La cinquième année se fait au Havre. J'habitais à côté du centre Coty, c'était sympa de revenir ici dans un autre cadre !

C'est une première, une sélection comme ça dans le monde de la voile, et dans le monde du sport en général. Ça n'a été fait qu'une seule fois avec un joueur de Gran Turismo [Jann Mardenborough, ndlr], devenu pilote professionnel de GT. C'est complètement inédit, c'est une très belle expérience, et une aventure folle partagée avec toute la communauté de Virtual Regatta.

Justement, parlons de Virtual Regatta. Ce simulateur de régate... Pensez-vous qu'il peut réellement être utile pour s'entraîner ou savoir si l'on est fait pour la voile ?

Virtual Regatta, c'est une bonne approche. C'est un très bon outil pour comprendre et réfléchir aux décisions à prendre sur un bateau. Il permet de faire des tests sur le routage météo, d'appréhender la course au large et de se faire la main.

Donc si les gens veulent aussi vivre cette expérience, ils peuvent essayer. À ceci près qu'ils peuvent rester sur leur canapé et éviter de se prendre des embruns dans la tête !

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