Lutte contre les rodéos urbains en Seine-Maritime : la police du Havre a une brigade spécialisée

Créée en 2019, l'unité spécialisée de la police du Havre est la seule du département de la Seine-Maritime entièrement dédiée à la lutte contre les rodéos urbains. Un sujet d'actualité de l'été 2022 avec la volonté du ministre de L'intérieur de renforcer les contrôles après des accidents.

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Trois jours après l'accident survenu le 5 août 2022 à Pontoise (Val d'Oise) où deux enfants avaient été grièvement blessés, le ministre de l'Intérieur avait annoncé un intensification de la lutte contre ces rodéos par les forces de l'ordre en demandant que 10.000 opérations de contrôle soient réalisées.
Gendarmes et policiers ont donc multiplié les interventions, jusqu'à trois par jour.

Le 22 août, la préfecture de la Seine-Maritime publiait un premier bilan des actions organisées depuis le 16 août contre ces rodéos urbains :

  • 115 opérations de contrôle ont été menées (soit une augmentation de + 82 % par rapport à la semaine du 8 au 15 août), notamment sur les communes suivantes : Bolbec, Dieppe, Elbeuf, Fécamp, Le Havre, Lillebonne, Rouen et Saint-Étienne-du-Rouvray ;
  • 753 personnes ont été contrôlées, donnant lieu à 129 verbalisations
  • 12 engins motorisés ont été saisis (dont 10 motos).

 Le cas à part du Havre

La police nationale du Havre a depuis 2019 une unité spécialisée. C'est la seule du département de la Seine-Maritime à être entièrement dédiée à la lutte contre les rodéos urbains.

Les policiers sont présents dans les quartiers, effectuent des patrouilles, inspectent les caves et les garages à la recherche de deux-roues motorisés et de quads. Des engins, parfois volés, qui sont souvent utilisés pour des  rodéos, mais qui servent aussi au trafic de produits stupéfiants ou à des vols.

On ne travaille pas qu'en flagrant délit, on, travaille aussi dans le cadre d'enquêtes préliminaires, souvent à la suite d'appels reçus au standard du 17."

Sandra Dufénieux, chef de secteur Caucriauville-Rouelles-Aplemont pour la police nationale du Havre

Avec l'aide des caméras de vidéoprotection de la Ville du Havre, les policiers parviennent à identifier les véhicules impliqués dans les rodéos et font ensuite un travail d'enquête.

Comme l'a expliqué le commissaire Clément Duez,  adjoint au chef du service de voie publique du Havre, à notre journaliste Emmanuelle Partouche, le dispositif est efficace :

"On a vraiment une plus-value opérationnelle avec des résultats qui se voient sur la voie publique et que constatent les habitants du Havre."

Chaque année des véhicules sont saisis par la police du Havre et sont ensuite détruits.

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Créée en 2019, l'unité spécialisée de la police du Havre est la seule du département de la Seine-Maritime a être entièrement dédiée à la lutte contre les rodéos urbains. Un sujet d'actualité depuis, lors de l'été 2022, de plusieurs accidents comme celui de Pontoise où des enfants ont été gravement blessés. ©France Télévisions

 

"10.000 contrôles ? De la poudre aux yeux !"

En Seine-Maritime, en dehors du cas spécifique du Havre, dans les commissariats de Dieppe, Fécamp, Bolbec, Lillebonne, et dans ceux des agglomérations de Rouen et d'Elbeuf (où des effectifs supplémentaires promis sont toujours attendus) la demande du ministre de l'Intérieur d'augmenter, en plein été, les contrôles anti rodéos fait réagir les syndicats de la police nationale.

C'est le cas de Frédéric Desguerre, secrétaire régional Normandie du syndicat Unité SGP pour qui la demande de Gérald Darmanin est "de la poudre aux yeux parce que nous n'avons pas les moyens de combattre réellement les rodéos. Nous n'avons pas les moyens humains de faire des contrôles trois fois par jour."

"Nos collègues n'ont pas  les ordres clairs et écrit de pouvoir interpeller les véhicules qui sont en train de faire un rodéo."

Frédéric Desguerre, secrétaire régional Normandie du syndicat Unité SGP

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23 août 2022 : Frédéric Desguerre, secrétaire régional Normandie du syndicat Unité SGP Police réagit au dispositif de lutte anti-rodéos urbains mis en place par le ministre de l'Intérieur. ©France Télévisions

 Le responsable syndical précise que des "notes de service tombent régulièrement, rappelant que toute poursuite est interdite, que les policiers doivent cesser toute poursuite d'un véhicule, volé ou pas, qui fait un rodéo."

Frédéric Desguerre ajoute que pour lutter contre les rodéos, les policiers ont besoin d'ordres clairs pour "pouvoir réprimer quand a besoin de réaliser des interpellations" et, dans le cadre de la prévention, "qu'il faut une présence policière sur le terrain, dans la rue".

"Les gens qui appellent le 17 ne comprennent pas"

Karim Bennacer, délégué départemental de Seine-Maritime du syndicat Alliance Police Nationale, réagit lui aussi au plan de lutte contre les rodéos urbains demandé par le ministère de l'Intérieur.

D'abord, il rappelle que le phénomène des rodéos n'est pas nouveau et qu'il revient à chaque période estivale. La "spécificité" de 2022 étant que les individus impliqués "refusent d'obtempérer et prennent la fuite, mettant en danger la vie d'autrui."

Karim Bennacer indique que la police ne peut pas poursuivre les motos ou quads, "car si un accident survient, les policiers peuvent être accusés et faire ensuit l'objet de procédures judiciaires … " Il ajoute que lorsqu'un rodéo se produit "les gens qui nous appellent en composant le 17 ne comprennent pas qu'on leur réponde que la police ne va pas intervenir."

Karim Bennacer explique qu'à défaut de pouvoir arrêter les pilotes de motos en flagrant délit pour les raisons évoquées plus haut, "un travail est fait en amont, avec comme au Havre, des cellules rodéos (mises en place l'été) qui, avec les mairies et les bailleurs sociaux, localisent les endroits où sont entreposés les engins suspects, souvent sans plaques ou pas homologués pour circuler sur la voie publique. Des motos et quads qui sont ensuite saisis dans le cadre d'une enquête."

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