Témoignage. "L'adrénaline, c'était le sel de ma vie" : Philippe Dal Molin, ex-flic, n'a jamais vraiment raccroché

Publié le Écrit par Mélisande Queïnnec

Ancien commandant de police, Philippe Dal Molin a fait toute sa carrière au 36 Quai des Orfèvres. Désormais retraité, il continue les interrogatoires en tant que réserviste à l'Hôtel de police du Havre (Seine-Maritime). Boosté par l'adrénaline.

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"L'adrénaline, pour moi, c'est très important. Le sel de ma vie, c'était ça. J'avais envie de faire des trucs qui correspondaient à mon état d'esprit, celui d'un aventurier je dirais. La police m'offrait ce genre de choses", confie Philippe Dal Molin.

L'ancien policier n'a pas complètement raccroché. Aujourd'hui à la retraite, il nourrit cette soif de risque en tant que réserviste... Au Havre, bien loin du mythique 36 Quai des Orfèvres.

Regardez le reportage de D. Commodi, J. Rousseau et A. Duval Barré :

durée de la vidéo : 00h02mn14s
Philippe Dal Molin, ancien policier. ©France 3 Normandie

"On était au cul des équipes de braqueurs"

Au cours de sa longue carrière, Philippe Dal Molin dit avoir été "bien servi" : "police judiciaire, groupes actifs de la PJ, lutte contre le banditisme... On était, excusez-moi l'expression, au cul des équipes de braqueurs", se souvient-il.

"À l’époque, il y avait beaucoup d'argent dans les banques. Il y avait des équipes structurées qui les dévalisaient. J'ai été dans ce genre de services très actifs où l'on traquait et interpellait après moult mois de filatures et d'enquêtes ces équipes de braqueurs, en flagrant délit. Le terrorisme dans les années 1980, c'était Action Directe, Jean-Marc Rouillan, Nathalie Ménigon et Max Frérot."

De gauche à droite, Jean-Marc Rouillan, Nathalie Ménigon et Max Frérot, membres d'Action Directe. © AFP

Philippe Dal Molin évoque une affaire qui résonne comme un traumatisme. En 1984, un hold-up perpétré Avenue de Trudaine, à Paris, par le groupuscule terroriste d'extrême gauche, se termine en bain de sang. Deux policiers y sont tués. "C'était des gens extrêmement dangereux qui avaient tué deux flics. On savait qu'il fallait pister. On n'y arrivait pas, jusqu'au jour où ils ont été interpellés."

"J'ai connu une autre police"

Ce rapport à l'adrénaline, ce besoin de faire toujours plus pour le maintien de l'ordre, n'a jamais vraiment quitté le policier. Qui se souvient de rapports très fraternels avec ses collègues de la PJ. "On n'est pas fonctionnaire de police. On l'est évidemment, mais on est avec des copains, des amis, des frères."

A l'époque, quand je partais quinze jours en vacances, mes amis me manquaient. C'est une espèce d'addiction. Ça m'a valu un divorce.

Philippe Dal Molin

à France 3 Baie de Seine

L'insigne de l'ancien policier. © J. Rousseau / France 3 Baie de Seine

Ce qui a changé ? Les procédures. "J'ai connu une autre police. À l’époque, les gens qui ne parlaient pas étaient rares. Il y avait des méthodes... un peu différentes. Il y a prescription, je peux en parler. Les tartes dans la gueule ça existait, mais pour la bonne cause si je puis dire. Ça a évolué, la société a évolué, la police a évolué. C'est bien qu'il y ait un respect de la liberté de chacun et de l'individu, évidemment."

Toujours au fait d'un métier qu'il n'a donc pas vraiment quitté, l'homme de terrain occupe son temps libre entre interrogatoires, donc, et écriture. "Je suis aussi romancier. Je n'écrirai jamais sur ma propre expérience de policier. Ce qui m'intéresse sont les histoires que j'ai imaginées. Mon prochain roman, c'est un roman d'aventures", conclut Philippe Dal Molin.

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