Dans un contexte climatique changeant, SNCF Réseau investit près de 10 millions d’euros sur la maîtrise de la végétation en 2024. La Région Normandie et l’État s’engagent quant à eux à hauteur de 8 millions d’euros sur 3 ans.
La SNCF souhaite aller plus vite que la végétation et rattraper quelques minutes de retard à l’arrivée. En 2023, 29 000 minutes ont été perdues à cause de problèmes liés à la végétation. "Quand une branche se couche sur la voie ou des caténaires, ce sont des heures de retard, informe Jean-Baptiste Gastinne, vice-président de la Région Normandie. Fin février dernier, il y a eu un retard de 8 heures entre le Havre et Rouen".
Selon SNCF Réseau, 30% des retards de train seraient liés à la végétation et à la faune sauvage.
Le problème ne date pas d’hier. Depuis 2020, une équipe de 33 agents intervient nuit et jour pour nettoyer et élaguer dans toute la Normandie. Le budget de SNCF Réseau lié à la maîtrise de la végétation augmente constamment depuis, passant de 4 à près de 10 millions d’euros en quatre ans.
1 million d’euros supplémentaire en 2024
À cela s’ajoutent cette année des "opérations coups de poing" ciblées sur des zones complexes et stratégiques à traiter comme des talus. "Nous avons complètement repris le talus de la gare de Rouen pour limiter au maximum le risque de disjonction électrique et nous avons bâché pour ralentir au maximum la repousse de la végétation", explique Vincent Palix, directeur territorial Normandie de SNCF Réseau.
Des actions complémentaires sont prévues sur les lignes Paris-Caen-Cherbourg, Lison-Folligny, Serqueux-Gisors et Mantes-Cherboug. Une expérimentation nommée LIDAR est également en cours pour analyser la criticité des arbres ou encore la densité de la végétation pour notamment éviter les regroupements de faune.
+ 50% d’arbres abattus entre 2023 et 2024
En prévention, des milliers d’arbres sont abattus chaque année, la chute d’une branche ou d’un arbre pouvant occasionner des dégâts matériels sur les trains, la voie ferrée ou la caténaire au-delà des retards et des coupures de circulation.
Le vice-président de Région Jean-Baptiste Gastinne assure que l’abattage préventif intervient "dans le respect absolu du cadre réglementaire", considérant notamment les enjeux de nidification. L’objectif pour 2024 est d’abattre 36 000 arbres, contre 24 000 en 2023.
Le changement climatique en cause
La Région Normandie et SNCF Réseau justifient l’augmentation du budget consacré à la maîtrise de la végétation en partie par l’évolution de la météo ces dernières années. "Le changement climatique rend la survenance des tempêtes plus fréquentes et leurs impacts aussi", affirme Vincent Palix pour la SNCF.
"On en enregistre à des moments de l’année où il n’y en avait pas avant, comme la tempête Patricia le 2 août 2023", renchérit Jean-Baptiste Gastinne pour la Région Normandie. Ce jour-là, des chutes d’arbres sur les voies avaient causé l’interruption de la circulation des trains entre Le Havre et Bréauté, en Seine-Maritime.
Mairies et particuliers sollicités
Le plan d’action prévoit aussi la responsabilisation de l’ensemble des riverains du réseau ferré, que ce soient des collectivités ou des particuliers. "Ils doivent prendre soin de leurs arbres et notamment les arbres fragilisés, les traiter à temps pour éviter qu’ils ne tombent sur nos emprises", indique Vincent Palix. Ces arbres-là "représentent un quart des retards dû à la végétation".
Déjà une douzaine de mairies ont fait l’objet de rencontres avec le groupe SNCF Réseau. Au total, 60 ont été identifiées avec des arbres présentant des risques chez riverains de la voie ferrée.