Affaire Mamoudou Barry : sa veuve s’effondre après la diffusion de la vidéo de l’agression de son mari

Mercredi 14 septembre 2022, lors du premier jour d’audience du procès de l’agresseur présumé de Mamoudou Barry, les proches de la victime ont dû visionner la vidéo de l’agression mortelle de l’universitaire franco-guinéen.

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Nouvelle épreuve pour Fatoumata Barry. Lors du premier jour du procès de l’agresseur présumé de son mari, cette jeune veuve a tenu à assister au visionnage des images de vidéosurveillance de l’arrêt de bus de Canteleu où l’universitaire s’est fait agressé. Les images corroborent les témoignages des personnes ayant assisté à la terrible agression du 19 juillet 2019. Alors que Mamoudou Barry était en voiture avec son épouse, Damien A. profère des insultes à l’encontre de l’universitaire. Ce dernier sort de sa voiture pour obtenir des explications.

« La vie de Mamoudou Barry a été anéantie en 5 secondes »

C’est en ces termes que l’expert légiste a résumé l’agression commise par Damien A. Au deuxième jour du procès, le médecin décrit "un enchaînement de quatre coups comme on peut le voir dans les sports de combat". Le dernier a été porté alors que Mamoudou Barry essayait de se relever et qu’il était de dos. La victime est tombée sur la tête très violemment. L’expert explique que "son corps ne présente aucune lésion de défense".  Le chercheur guinéen décèdera le lendemain d’un traumatisme crânien.

Très fortement touchée par ces images qui la replongent dans le drame de sa vie, la jeune maman s’effondre au moment de la suspension d’audience décidée par le président à l’issue de la diffusion de la vidéo. L’accusé, lui, a été dispensé par les médecins de cette séquence de visionnage.

Le caractère raciste en question

Damien A. est également poursuivi pour avoir commis ces faits en "raison de l'appartenance ou de la non-appartenance" de la victime à une "prétendue race ou religion déterminée". L’expert psychiatre, interrogé également ce jeudi 15 septembre 2022, a précisé que l’accusé avait nié toute intention raciste. Cependant, plusieurs témoins font état à la barre d'insultes racistes proférées par l'accusé au moment des faits : « Vous les noirs, vous êtes tous des fils de pute, on va vous niquer ; sale race de noir, il l’a cherché, je chie sur ton cadavre », avait-il asséné à Mamoudou Barry.

La Ligue internationale contre le racisme et l'antisémitisme (Licra) et le Mouvement contre le racisme et pour l'amitié entre les peuples (Mrap) se sont portés parties civiles.

A la barre, les parents de l'agresseur présumé assurent eux ne jamais avoir entendu leur fils tenir de propos racistes.

Un procès au rythme de l’accusé

La lourde pathologie psychiatrique de l'agresseur présumé de Mamoudou Barry complique son procès devant la cour criminelle de Seine-Maritime. Interné en hôpital psychiatrique dans une unité pour malades difficiles depuis son interpellation, l'accusé, âgé de 32 ans reconnaît d'un "oui" les faits, le regard dans le vide, depuis le box où deux soignants l'encadrent.

La bouche trop ouverte de cet homme souffrant de schizophrénie, sous curatelle renforcée depuis 2013, rend souvent incompréhensibles ses réponses, au point que les avocats de la partie civile renoncent à lui poser des questions.

"Je ne l'ai jamais vu comme aujourd'hui", assure sa curatrice à la barre.

"Un certificat médical du 22 août dit qu'il est en état de comparaître sous réserve d'une médicalisation très lourde", ajoute l'avocate de la défense Herveline Demerville.

Cette violence ne date pas de 2019. La mère de l'accusé le confirme à la barre.

"Il a changé de comportement au départ de son père de la maison, il tapait ses sœurs", note-t-elle. "Son père me tapait dessus. Il a été violent plusieurs fois devant son fils", ajoute-t-elle. Ce que le père confirme à la barre. L'accusé a aussi souffert du décès de son petit frère lorsqu'il avait 4 ans, selon sa mère.

"J'ai prévenu à plusieurs reprises la curatelle en amont pour lui dire que mon fils était en crise, qu'il ne prenait plus son traitement", se désole cette femme, "j'ai prévenu la police (...) Ils m'ont laissé comme ça..."

L'avocat de la famille de la victime Antoine Vey demande des explications. "Au niveau de l'hôpital, il n'y avait peut-être pas suffisamment de places d'hospitalisation", avance la curatrice. 

"On envisagera peut-être la possibilité d'engager la responsabilité de l'État du fait d'un défaut de suivi", avertit cet avocat des parties civiles.

A la barre, plusieurs témoins ont estimé qu'au moment des faits l'accusé ne semblait, "pas dans son état normal", "parlait tout seul".

Ce soir de juillet 2019, le trentenaire s'était ensuite rendu chez sa petite amie, prétextant, selon elle, s'être "battu" en lui montrant sa "main gonflée". Mais deux jours plus tard, "on a vu les informations à la télé, il m'a dit : "c'est moi", ajoute celle qui, malgré sa "peur", ira le dénoncer.

L'accusé dont le casier affiche trois condamnations, encourt 20 ans de prison, à ce procès qui se poursuivra ce vendredi.

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