L'enseigne de prêt-à-porter féminin Pimkie, qui avait acté en 2023 la suppression de 63 magasins, envisage de fermer 36 boutiques supplémentaires en 2024. En Normandie, cinq d'entre elles sont concernées.
La fermeture annoncée des premiers 63 magasins devait déjà conduire à la suppression progressive de 257 postes. Aujourd'hui, 239 postes supplémentaires sont menacés. C'est le chiffre avancé par la direction de l'enseigne dans un communiqué, publié jeudi 18 janvier.
Nous travaillons chaque jour à notre plan de transformation visant à réinventer l’expérience Pimkie et à travailler sa désirabilité auprès de notre cible des 18-25 ans. Un nouveau concept magasin Pimkie ouvrira dans les semaines à venir.
Elodie Chelle, Directrice générale adjointe de PimkieDans un communiqué
36 magasins concernés, dont cinq en Normandie
Depuis la reprise de l'enseigne en février 2023 par le consortium Pimkinvest, Pimkie a engagé un plan de transformation pour "pérenniser son activité" et "renouer avec la croissance".
23 boutiques sur les 63 prévues dans ce plan lancé en juin 2023 et "fondé sur le redimensionnement du parc de magasins", ont déjà été fermées au 31 décembre 2023, précise l'entreprise.
Mais "le contexte économique", "la baisse de fréquentation" et "l'inflation" des derniers mois ont "impacté considérablement les ventes et les résultats économiques", la conduisant à accélérer ce plan avec la fermeture de 36 magasins supplémentaires en 2024, dont cinq en Normandie, ce qui implique la suppression de "197 postes en France" et "42 postes au siège social sur 143".
Clap de fin pour cinq magasins normands
En Normandie, cinq magasins devraient ainsi fermer leurs portes, en plus du Pimkie d'Hérouville-Saint-Clair (Calvados), dont la fermeture avait déjà été annoncée lors de la première restructuration, selon la liste établie par Pimkinvest.
Prochains à fermer, donc : le Pimkie de Gonfreville-l'Orcher (Seine-Maritime), dans le centre commercial Porte Océane, celui de Rouen Saint-Sever, celui de Barentin (Seine-Maritime), celui de Mondeville (Calvados) situé à Mondeville 2, et enfin, le Pimkie de Cherbourg-en-Cotentin (Manche) au centre commercial Cotentin.
"Les critères qui ont prévalu sur le choix des magasins" sont "l’alignement avec le positionnement de l’enseigne, la rentabilité ou le potentiel de rentabilité, la zone de chalandise et son potentiel et la concentration des points de ventes dans une même agglomération", précise Pimkinvest.
Ajoutant que "dans le cadre des négociations, des mesures d’accompagnement seront proposées pour aider les collaborateurs à construire leur projet".
"Il y aura un accompagnement particulier autant pour les collaborateurs qui vont rester dans le cadre d’un reclassement interne que ceux qui partiront."
Un "tsunami" : la colère des syndicats
Cinq magasins en Normandie, mais 32 autres partout en France : des boutiques Pimkie vont fermer leurs portes y compris dans de grandes agglomérations et délaisser les centres villes. Au détriment de l'image de la marque, estime Emmanuelle Merzeaud, déléguée syndicale CGT Pimkie au national et responsable, depuis 24 ans, du magasin de Bordeaux centre, destiné lui aussi à fermer ses portes.
C'est totalement incompréhensible de fermer des Pimkie dans de grandes agglomérations. On ne comprend pas cette stratégie. On est en colère, pour nous c'est un tsunami.
Emmanuelle Merzeaud, CGT Pimkieà France 3 Normandie
"Quand Pimkie a été repris, les acheteurs étaient convaincus que les magasins rentables étaient situés dans des villes moyennes, où la concurrence est moins importante", explique-t-elle.
"Ce qui nous désole, c'est que notre PDG [Salih Halassi, ndlr] parle d'accélération 2024, de rebond 2025 et de consolidation 2026... Mais en 2023, qu'a-t-on fait ? Il nous a dit que la fin 2023 avait été difficile, mais ce n'est pas une surprise. On savait que l'on était déficitaire. Alors pourquoi réagir seulement maintenant ?"
Précariser les femmes ?
La fermeture des magasins Pimkie représente ainsi un véritable coup de massue. D'autant que 14 d'entre eux... vont être transformés en "Miniso", une enseigne de peluches.
"Ce que la CGT dénonce, c'est que l'on dise à des salariés du prêt-à-porter féminin qu'ils vont devenir vendeurs de peluches. Ce n'est pas du tout la même approche. Dans le prêt-à-porter, la part de conseil et d'approche client est importante. C'est même le cœur de notre métier : essayer d'embellir la femme, de la faire se sentir bien dans sa peau."
D'autre part, la majorité des salariés de Pimkie sont des femmes. "Cela va mettre à mal les emplois déjà précaires des femmes", estime ainsi Emmanuelle Merzeaud.
Pour elle, l'ultra fast-fashion a "tué" la moyenne gamme en proposant, dans un contexte d'inflation, des vêtements toujours moins chers à une clientèle qui a revu sa manière de consommer. Et retrouver un travail pourrait être compromis par un marché "difficile" : "beaucoup de boutiques de prêt-à-porter ferment", conclut la déléguée syndicale.
Minelli, Camaïeu, André, San Marina, Jennyfer ou Naf Naf... Depuis quelques mois, des marques bien connues des consommateurs souffrent d'un cocktail détonnant (pandémie, inflation, concurrence...). Le secteur du prêt-à-porter est ainsi secoué par une violence crise.