Désigné vainqueur de l'élection du poste de premier secrétaire par la direction du Parti socialiste ce vendredi matin, le camp d'Olivier Faure est finalement d'accord pour convoquer la commission de récolement du PS. De son côté, le maire de Rouen Nicolas Mayer-Rossignol revendique toujours sa victoire
Une crise est-elle en train de débuter au sein du Parti socialiste ? Le duel entre Nicolas Mayer-Rossignol et Olivier Faure tourne au psychodrame. Les deux hommes ont revendiqué la victoire à la tête du parti des roses.
A quelques minutes d'intervalle, le maire de Rouen a annoncé sa victoire à la presse, suivi par Olivier Faure sur YouTube. Il était 1h30 au milieu de la nuit.
Informations à retenir :
> Dans un communiqué, la direction du PS annonce ce vendredi matin à 8h30 qu'Olivier Faure a été réélu avec 50,83%. Moins de 400 voix sépareraient les deux concurrents sur les 24 000 suffrages exprimés. Le premier secrétaire sortant "a obtenu 12 076 des voix soit 50,83 % des suffrages exprimés", contre "11 683 voix, soit 49,17%" des voix pour Nicolas Mayer-Rossignol, selon le communiqué.
> De son côté, ce vendredi matin à 9h le maire de Rouen assure remporter le scrutin avec 50,5% des suffrages. Il réclame que la commission de récolement du PS soit réunie avant que les résultats définitifs ne soient communiqués.
Plus tard dans la matinée, la numéro 2 du PS, Corinne Narassiguin, affirme que les représentants de Nicolas Mayer-Rossignol au siège du parti à Ivry-sur-Seine (Val-de-Marne) ont refusé d'examiner les résultats.
> Dans un nouvel échange de tweets, Nicolas Mayer-Rossignol réclame que la commission de récolement se réunissent ce vendredi après-midi. "Aucun résultat ne peut-être proclamé unilatéralement, comme cela a été tenté ce matin", a-t-il ajouté a destination de Corinne Narassiguin.
> En conférence de presse à 13h30, le maire de Rouen réaffirme sa position : "nous avons gagné cette élection!" Selon notre confrère du JDD, Arthur Nazaret, Nicolas Mayer-Rossignol n'exclut pas un recours en justice.
> Vers 17h, le camp d'Olivier Faure est finalement d'accord pour convoquer la commission de récolement du PS, indique dans un communiqué le mandataire national de son texte d'orientation, Pierre Jouvet. Également appelée "commission d’organisation du congrès", cette commission doit donc prochainement réunir des représentants des différents candidats.
De multiples irrégularités ?
"Nous avons remporté ce résultat à hauteur de 53,47% des voix sur 90% des dépouillés", avait déclaré "NMR" dans la nuit. Selon lui, l'écart avec son concurrent n'était "plus rattrapable".
Les militants "ont exprimé ce soir, par un vote clair, leur volonté de poursuivre le rassemblement de la gauche et des écologistes en me renouvelant leur confiance", avait assuré pour sa part Olivier Faure.
Les deux camps, s'accusent mutuellement d'irrégularités dans les votes : Surveillants de scrutin non autorisés à entrer dans des bureaux de vote, bourrage d'urnes... Les partisans des deux candidats ont déjà annoncé des recours et demandes d'annulations de vote dans des sections. Une commission de recollement des résultats doit se réunir.
Selon la numéro 2 du PS, Corinne Narassiguin interrogée dans la nuit, Olivier Faure arrivait légèrement en tête du vote, autour de 52%, selon les premières tendances portant sur "plus de 50% des fédérations représentant plus de 50% des votants".
Ce sont "les seuls chiffres réels qui peuvent être compilés", a assuré le mandataire du candidat sortant, Pierre Jouvet, dénonçant une "déstabilisation inadmissible" de la part du camp adverse, et "des méthodes qu'on a trop vues outre-Atlantique", dans une allusion à la défaite jamais reconnue de Donald Trump à la présidentielle américaine de 2020.
Olivier Faure a remporté le scrutin avec certitude
Pierre Jouvet, mandataire et soutien d'Olivier Faure
A l'inverse, Nicolas Mayer-Rossignol affirmait que même si quelques fédérations plus favorables à Olivier Faure n'étaient pas encore dépouillées, il obtiendrait dans le pire des cas 50,5% des voix. Le maire de Rouen demande par ailleurs "l'annulation d'un certain nombre de résultats", en raison de contentieux, notamment dans la section de Liévin (Pas-de-Calais, environ 300 voix).
Dans un communiqué, les soutiens d'NMR abonde dans la nuit : "En dehors de tout fonctionnement normal et précieux de notre parti, Olivier Faure, utilisant les moyens du parti, déclare sa victoire, sans aucune instance prévue qui a la charge d’annoncer les résultats."
L'avenir de la NUPES remise en question
Le vainqueur doit être officiellement intronisé lors d'un congrès dans une semaine à Marseille. Le résultat pourrait avoir des conséquences sur l'accord Nupes conclu en mai 2022 pour les législatives avec LFI, EELV et le PCF. Cette alliance a notamment permis de garder un groupe de 32 députés socialistes à l'Assemblée nationale, malgré l'échec historique à la présidentielle de la candidate Anne Hidalgo (1,7%). Mais elle a profondément divisé le PS.
Olivier Faure défend sa stratégie d'alliance de gauche "sans exclusive", seul moyen selon lui de faire barrage à la droite et à l'extrême droite en 2027. Nicolas Mayer-Rossignol, plus réservé sur cet accord, ne cache pas ses réticences vis-à-vis du parti de Jean-Luc Mélenchon. Il a le soutien de la troisième candidate, la maire de Vaulx-en-Velin Hélène Geoffroy, clairement hostile à la Nupes. La bataille de chiffres va se poursuivre vendredi, comme lors du vote des militants sur le texte d'orientation jeudi dernier, destiné à déterminer le rapport de force dans les instances du parti.
Les adhérents avaient alors placé Olivier Faure en tête à 49,15% des voix, contre 30,51% pour Nicolas Mayer-Rossignol, et 20,34% pour Hélène Geoffroy.
Soutenu par la maire de Paris Anne Hidalgo, la présidente d'Occitanie Carole Delga et l'ex-président François Hollande, Nicolas Mayer-Rossignol affirme être le seul à pouvoir rassembler, sur une "voie centrale". Pour Olivier Faure, les résultats du premier vote prouvent que seuls 20% des adhérents ont voté contre la Nupes, confortant de fait sa ligne.
Son entourage affirme qu'il dispose déjà d'"une majorité absolue au conseil national" (sorte de parlement de la formation, ndlr), grâce à l'appui d'au moins 60 premiers secrétaires fédéraux, qui comptent pour un tiers dans la composition du conseil. Il s'agit d'une projection, le vote des premiers fédéraux n'aura lieu qu'en février.