Le procès en appel de l'affaire de l'homme démembré près de Rouen s'ouvre ce lundi 20 novembre à la cour d'assises de Rouen. En novembre 2022, deux femmes avaient été condamnées à 22 et 17 années de réclusion criminelle. Le parquet général avait décidé de faire appel d'un verdict jugé trop "clément".
C'est le 4 novembre 2018 qu'a lieu la macabre découverte. Sous une bâche bleue échouée sur les bords de la Seine à Amfreville-la-Mi-Voie, à quelques kilomètres de Rouen (Seine-Maritime), la brigade fluviale de la gendarmerie de Rouen découvre un corps nu, sanguinolant et démembré.
Deux jours plus tard, une analyse de prélèvements sanguins identifie la victime. Il s'agit de Sliman A., un homme de 45 ans, résidant au Petit-Quevilly. D'autres restes humains lui appartenant sont retrouvés dans des sacs poubelles à Pont-de-l'Arche (Eure), à une quinzaine de kilomètres de là.
Rapidement, la compagne de Sliman, Céline V., est interpellée. Elle reconnait dès la première audition avoir tué son concubin, à coups de hache et de couteau, après lui avoir fait boire un verre d'alcool avec un anxiolytique. Des relevés téléphoniques mettent en avant l'implication d'une autre femme dans ce crime. Jessica A. est une cliente de Céline V., esthéticienne à domicile. Elle ne connaît pas la victime.
Un procès hors-norme
Quatre ans après les faits, un procès particulièrement suivi s'ouvre, en novembre 2022, à la cour d'assises de Rouen. Céline V. et Jessica A. sont jugées pour "assassinat" et "atteinte à l'intégrité d'un cadavre". Une autre femme, ayant eu connaissance du projet criminel, est quant à elle jugée pour "abstention volontaire d'empêcher un crime ou un délit contre l'intégrité d'une personne".
Pendant le procès, Céline V., 35 ans, décrit le comportement violent de son compagnon, avec lequel elle a eu un fils, les crises de colère, l'alcool et la menace de s'en prendre à leur fils si elle le quitte. Une situation d'emprise qui l'aurait conduite à vouloir le faire "disparaître". Le scénario du crime mûrit. "Mon cerveau a vrillé, j'ai compris que c'était lui ou moi", assure-t-elle à la cour, précisant avoir déjà essayé par deux fois de tuer Sliman.
Regardez ce reportage de V. Arnould et L. Aoudia réalisé lors du procès, le 17 novembre 2022 :
Au sixième jour du procès, l'avocate générale requiert 30 ans de réclusion criminelle contre Céline V., 25 ans contre Jessica A. et 5 ans dont 4 avec sursis contre leur complice. Au cœur de ses réquisitions, la personnalité de Céline V., "une esthéticienne qui va se plaindre de son homme violent, fainéant, alcoolique, auprès de ses clientes ou encore de ses proches" mais dont le discours fluctue, estime la procureure, rappelant que l'assassinat a été largement préparé durant trois mois.
Le verdict tombe le samedi 19 novembre 2022 au palais de Justice de Rouen : 22 ans de prison pour Céline V., 17 ans de prison pour Jessica A. et l'acquittement de la troisième accusée, jugée pour ne pas avoir empêché le crime. Des peines largement insuffisantes pour la famille de la victime.
Quatre jours de procès en appel
Du côté des parties civiles, l'avocat de la soeur de la victime, Me Frank Berton, s'était dit "très surpris par le quantum des condamnations et la clémence de la cour d'assises de Rouen". Le ministère public, lui aussi, considère les peines des trois accusées trop clémentes. Le 23 novembre 2022, il fait appel.
Je ne nie pas les difficultés de Céline V. dans sa vie de couple avec Sliman A. mais ces clés de compréhension ne viendront jamais justifier un assassinat.
Olga Martin-Belliard, avocate généralelors de son réquisitoire
Ce nouveau procès s'ouvre donc ce lundi. Si l'affaire sera encore une fois jugée à Rouen pour des raisons pratiques, la cour d'assises de l'Eure sera chargée d'étudier le dossier. Le nouveau verdict est attendu au terme de cinq jours d'audience dans la capitale normande.