L'initiative. À Rouen, dans le quartier Grammont, la boxe thaï crée du lien entre les habitants

Vous initier à la boxe thaï dans le (très) joli cadre du parc Grammont, à Rouen (Seine-Maritime), ça vous tente ? C'est l'objectif du Boxing tour de l'amitié. Depuis un mois, l'association Do For Love s'invite dans les quartiers populaires pour faire découvrir gratuitement ce sport de contact.

S'il ne faut pas avoir peur de se prendre des coups pour pratiquer la boxe pieds poings, promis, vous ne repartirez pas avec un coquard. Les plus jeunes participants ont à peine quatre ans. Les plus âgés dépassent la cinquantaine. Ils viennent de Grammont ou d'ailleurs et se retrouvent tous les mardis et jeudis soir, de 19h à 20h30, pour se défouler.

Cela fait déjà deux ans que l'association Do For Love propose ces sessions boxe thaï, ouvertes à tous et toutes. Après les émeutes de juin 2023, ces entraînements... musclés, prennent place dans les quartiers populaires. Avec plusieurs objectifs : encourager un mix générationnel et culturel, favoriser les rencontres et se dépasser, toujours. Et ça marche : en un mois, 700 personnes se sont prêtées au jeu !

Ça leur permet de prendre confiance en eux. Ça leur apprend à se défendre aussi, il y en a qui cherchent aussi ça. C’est bon physiquement, c'est bon mentalement, et socialement… on se fait des super amis !

Jamal Kherbeche, entraîneur de boxe thaï et président du Boxing Club de l’amitié

à France 3 Normandie

"C'est un bon défouloir"

700 personnes... Dont plus de la moitié de femmes. Ici, chacun s'entraîne à son rythme, et chacun a ses raisons. "Si quelqu'un m'embête, je pourrai le frapper, je pourrai me défendre !", lâche Youssra, 9 ans. Jamal Kherbeche a repéré en elle le potentiel d'une future championne. Il persuade sa mère de l'inscrire au club de Petit-Couronne. L'enfant est dynamique, précise dans ses coups et semble avoir trouvé là son activité fétiche !

Regardez ce reportage de M. Queïnnec, P. Léonard & L. Prevost :

Nadia, 38 ans, a elle aussi trouvé sa voie dans la boxe thaï, et compte s'inscrire à des cours en septembre prochain. C'est en passant à vélo dans le parc Grammont qu'elle a découvert, par hasard, ces séances d'initiation estivales. Avant de revenir puis de progresser, de semaine en semaine... "J'arrive à dépenser toute l'énergie que j'ai en trop. C'est un plaisir : les cours sont super, on est à l'extérieur, et c'est un bon défouloir."

À 22 ans, Hicham, lui, fait partie des plus entraînés. Il s'est lancé dans la boxe thaï il y a un an, après plusieurs années de judo. "Taper dans un sac... C'est ça qui me plaît dans ce sport", explique-t-il, décrivant aussi un sport complet, tant sur le plan musculaire que cardiovasculaire. "Ce que je veux, cette année, c'est chercher la compétition. J'aimerais faire les prochains championnats de France."

Un "prétexte pour passer un moment ensemble"

Pour les moins dégourdis ou ceux qui ont trop peur de finir avec un nez cassé, l'association Do For Love propose en plus, les mardis et jeudis, des ateliers renforcement musculaire, confiance en soi ou encore naturopathie et massages. L'objectif étant que chacun y trouve son compte. L'ambiance est familiale, positive, et la petite collation proposée aux participants, bienvenue.

La structure travaille depuis déjà cinq ans sur le sport inclusif... Mais pas que. Avant de proposer ces animations hebdomadaires, elle organisait des distributions de repas, par exemple. Le sport entre ainsi dans la lignée d'un projet social global. 

"C'est un prétexte pour passer un moment ensemble, apprendre à se connaître, dépasser parfois nos préjugés", souligne Mickael Buquet, président et cofondateur de Do For Love. "On est ravi de voir des enfants avec le sourire, des mamans, des papas... On a un mix générationnel intéressant. Et puis, on a des gens qui viennent d'ailleurs, qui découvrent le quartier et ses habitants."

Outre ces cours de boxe thaï, l'association compte ouvrir, dans les mois qui viennent, un grand complexe dédié au sport à Saint-Etienne-du-Rouvray. Un projet ambitieux mené aux côtés d'un bâilleur social. Il portera le nom d'Amina Zidani, espoir de la boxe normande et marraine de l'association.