Rouen : au cimetière du Monumental, la nature reprend ses droits

Au cimetière du Monumental à Rouen (Seine-Maritime), des fleurs sauvages et des insectes ont repris possession des lieux. Avec son projet de renaturation, la ville prend de l'avance sur les normes à venir : fini les produits phytosanitaires et le désherbage à outrance.

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Un retour à la vie parmi les morts. Au cimetière du Monumental à Rouen, la nature reprend ses droits. L’herbe remplace peu à peu le gravier autour des tombes, et les abeilles butinent tranquillement des fleurs sauvages, que l’on pensait jusqu’ici disparues. “On a eu une vraie floraison cette année !”, se réjouit Julien Goossens, le directeur adjoint chargé de la renaturation de la ville au sein de la Direction des espaces publics et naturels. 

Trèfles, campanules sauvages, eupatoires et même coquelicots poussent au pied des caveaux. “Dans le langage courant, on parle de mauvaises herbes, mais il n'y en a pas de bonnes ou de mauvaises. Ce sont des fleurs naturelles, sauvages, de nos régions, qui ont leur place…”, explique Julien Goossens. “La campanule sauvage, c’est un très bon indicateur ! Ca veut dire que le sol est frais et stable”

Le fait d’avoir une fleur spontanée, ça permet vraiment d’avoir tout ce cortège d’insectes qui se développent sur la ville.

Julien Goossens, directeur adjoint chargé de la renaturation de la ville de Rouen

 

Protéger la biodiversité

Ce retour à la nature est le résultat du bannissement des produits phytosanitaires et du désherbage à outrance. Avec son projet de renaturation, la ville de Rouen souhaite rééquilibrer le rapport minéral/végétal dans l’espace public et redonner aux cimetières l’aspect naturel d’un parc. La municipalité a même pris de l’avance sur les lois à venir, puisque l’usage des pesticides dans les cimetières sera interdit à l’échelle nationale dès juillet 2022. 

Dans l’espace public, nous n’avons plus le droit de traiter. Dans les cimetières, c’est encore autorisé mais la ville de Rouen a fait le choix de limiter fortement l’utilisation de ces produits afin d’anticiper.

Julien Goossens

Le retour des orchidées sauvages

Et ça fonctionne ! Les espèces végétales se diversifient, et une jolie surprise a fait son apparition le mois dernier… “On a eu un très très beau cadeau de la nature, puisqu’on a eu 7 espèces d’orchidées sauvages. Ce sont des espèces protégées alors on n’intervient surtout pas. On veut que le cycle de la fleur puisse se faire pour que ces espèces puissent tout doucement se réinstaller.”

Laisser la nature se faire et intervenir le moins possible, mais pas question pour autant d’encombrer les allées pour accéder aux sépultures. “Le cimetière est avant tout un lieu de recueil alors on adapte notre gestion. On fait ce qu’on appelle de la tonte différenciée : il y a des zones que l’on va tondre et d’autres non pour que les fleurs puissent s’exprimer complètement et faire leur cycle….. c’est très utile pour les insectes”, poursuit le directeur adjoint chargé de la renaturation de la ville

 

Un projet de renaturation pour la ville de Rouen

La Ville de Rouen mène à plus grandes échelles “un plan de renaturation” de l’espace urbain en ville, c’est-à-dire un réaménagement d’espaces jugés trop minéralisés. “Pendant des années, on a étalé du bitume partout dans nos villes. Ce dernier pose problème en créant des îlots de chaleur. Les températures atteignent sur le bitume plus de 60 degrés ce qui est terriblement néfaste pour les sols”, explique Julien Goossens. 

L’objectif est donc de rafraîchir les sols. A Rouen, des travaux ont commencé à certains endroits. Une partie des trottoirs, “parfois très larges”, va donc être dédiée à la végétation en pieds d’arbres. “On commence donc à décroûter le pied des arbres pour ré-installer de la végétation. Plus on végétalise le pied des arbres, plus les arbres bénéficient de cette fraîcheur et se développent. ”

Résultat, avenue de Bretagne, après une déminéralisation au pied des arbres en décembre 2020, le bitume laisse place à la nature. Des travaux sont actuellement en cours à différents endroits de la ville, notamment dans la rue Dufay. Atteindre le chiffre de 30 % de végétalisation du territoire permettrait de limiter la hausse des températures tout en favorisant la biodiversité.

Du vert à la place du béton, c'était l'une des promesses de campagne du maire de Rouen et président de la Métropole Nicolas Mayer-Rossignol. D'autres projets verront prochainement le jour,  notamment une canopée urbaine, allée Eugène Delacroix. 

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