Mise en cause dans une affaire de trafic de stupéfiants depuis octobre 2021, Mélanie Boulanger pourrait bien comparaître devant la justice. Saisi de l'affaire, le parquet de Bobigny réclame un renvoi en correctionnelle pour la maire de Canteleu, près de Rouen.
Nouveau rebondissement dans l’affaire Mélanie Boulanger. Le parquet de Bobigny (Seine-Saint-Denis) a requis, le 24 décembre, un procès pour “complicité de trafic de stupéfiants" à l'encontre de la maire socialiste de Canteleu (Seine-Maritime), et de son adjoint en charge du développement économique, Hasbi Colak. Dix-sept autres personnes sont également visées par cette réquisition, a appris l’AFP, confirmant une information du Monde. La décision finale revient désormais au magistrat en charge de l'instruction.
Complicité de trafic de stupéfiants
Selon le parquet, Mélanie Boulanger aurait facilité le trafic de stupéfiants, orchestré par une famille résidant à Canteleu, en différant “l'installation de caméras de vidéosurveillance”, a avancé la vice-procureure de Bobigny, citée par le journal. "Si ses déclarations et les documents qu'elle fournit montrent que, publiquement, celle-ci tentait de lutter contre les trafics de stupéfiants sur sa commune, les investigations ont démontré que parallèlement, elle “travaillait” avec les Meziani en leur fournissant des informations essentielles à la pérennité et au développement de leur trafic de stupéfiants", poursuit le parquet.
Interrogé, l’avocat de Mélanie Boulanger, Arnaud de Saint Remy, déplore le traitement médiatique de l’affaire et promet des poursuites. “Cette information a fuité dans la presse avant même que nous ne soyons destinataires d’une notification par le juge d’instruction. Cette violation du secret de l’instruction fera l’objet d’une plainte de notre part.”
D’après le média d’investigation normand Le Poulpe, Mélanie Boulanger aurait eu connaissance de ce possible renvoi en correctionnelle depuis plusieurs semaines. Pour l’heure, l’élue et son avocat ont décidé de ne pas réagir à cette annonce. La démission potentielle de la maire n’est pas non plus à l’ordre du jour.
Des tentatives d'intimidation
Pour rappel, la maire de Canteleu et son adjoint avaient été placés en garde à vue le 8 octobre 2021, lors d’un coup de filet antistupéfiants. Bilan : plus d’un million d’euros de biens immobiliers, 350 000 euros en liquide, des voitures, une quinzaine de kilos d’héroïne et des armes à feu avaient été saisis. Dix-neuf personnes avaient été placées en garde à vue dans le cadre d’une information judiciaire, ouverte en septembre 2019, pour trafic de stupéfiants et association de malfaiteurs et menée par un juge de Bobigny.
Suite à sa garde à vue, l’élue s’était défendue de n'avoir “aucun lien” avec les trafiquants de drogue de Canteleu, dont elle est maire depuis 2014. Sur notre antenne, Mélanie Boulanger évoquait plutôt des tentatives d’intimidation. “Ce sont des petites pressions : on me dit “on connaît votre voiture”. Ce sont des choses de cet ordre-là. On m’a suivie. C’est quelque chose qui ne m’a pas fait changer, je n’ai jamais renoncé, abandonné.”
Quelques mois plus tard, la maire de Canteleu et son adjoint ont été en examen pour complicité de trafic de stupéfiants par le parquet de Bobigny en avril 2022 et placés sous contrôle judiciaire.