Ludivine Cuchor est propriétaire d'un bar à Rouen. Sans activité et sans revenu pendant plusieurs mois, elle a frôlé le désespoir. Par le biais de la CCi Normandie, la jeune femme a trouvé de l'aide auprès de l'association APESA. Son objectif : un accompagnement psychologique.
Nous sommes le 17 mars 2020, voilà un mois jour pour jour que Ludivine Cuchor a racheté ce fonds de commerce. Elle y a ouvert son bar, en centre ville de Rouen. Son enseigne est bien visible de l'extérieur, on peut y lire "Le Fleuron". Mais ce 17 mars tout bascule, le flou s'installe, le bar n'est déjà plus en fleur : Ludivine doit fermer en raison de la crise sanitaire.
A ce moment je ferme, je n'ai plus de salaire, je n'ai plus de travail. Je n'ai pas d'aide non plus, je n'ai rien.
En une année d'activité, son établissement est resté fermé 9 mois. Pour cette maman de trois enfants, ce qui devait être une belle aventure se transforme en cauchemar.
Aujourd'hui, Ludivine sait mettre des mots sur ce qu'elle a vécu, le regard brillant, elle nous raconte. "Je me suis écroulée. J'étais au bord du précipice. Je gardais tout, je ne disais rien. C'était d'autant plus compliqué quand les personnes extérieures disaient que les commerçants s'en mettaient plein les fouilles. En plus d'être faux, personne ne veut vivre ça." Il lui fallait trouver une solution.
Un appel à l'aide
Ludivine souhaitait faire porter sa voix mais garder son "honneur" comme elle le dit si bien. Un geste fort va alors l'amener à rencontrer différents médias pour parler de son histoire. Elle rejoint quelques commerçants pour un shooting photo. Se sentant privée de tout ce qu'elle avait, elle pose nue.
Son désespoir, Ludivine en fait part à la presse régionale. La Chambre de commerce et d'industrie Normandie s'empare de son cas et le partage au tribunal de commerce de Rouen. Cela finit par arriver jusqu'à l'association APESA (Aide Psychologique pour les Entrepreneurs en Souffrance Aiguë). Une aide lui est proposée, mais elle n'est pas financière. Il s'agit d'un accompagnement psychologique. D'abord sceptique, la jeune femme accepte trois rendez-vous chez un psychologue.
J'ai pu tout lâcher sans être jugée. J'ai enfin pu déposer mon bagage, toutes ces briques qui me pesaient de plus en plus. C'est ce dont j'avais besoin.
Francis Goddefroy, président d'APESA Normandie, était sur notre plateau pour nous présenter les enjeux liés à l'instabilité du moment et l'importance de la bonne santé mentale.
Depuis, la réouverture des bars a été annoncée pour le 19 mai (pour les terrasses), Ludivine s'y prépare déjà.
Combative, Ludivine a déjà le regard vers la lumière de ces prochains jours. Mais elle n'oublie pas ses homologues et voisins commerçants qui ont rencontré le même désespoir et qu'elle a déjà orientés vers l'association APESA.