Paul François ne décolère pas après l'annonce par le groupe allemand Bayer de supprimer la marque Monsanto dès qu'il aura racheté le géant américain des OGM et des pesticides. L'agriculteur charentais qui a fait condamner Monsanto pour intoxication estime que "c'est une façon de se laver les mains".
La société chimique et pharmaceutique allemande Bayer a décidé de supprimer la marque Monsanto, trop connotée.
C'est la première conséquence du rachat de Monsanto par Bayer. Ce jeudi la société allemande a acheté les titres Monsanto pour 128 dollars par action et les a retirées de la cote à Wall Street.
La disparition de l'étiquette Monsanto
Si l'intégration formelle ne débutera que dans "deux mois", Bayer enterre dès maintenant le nom sulfureux de Monsanto de sa cible, synonyme pour ses détracteurs des dérives de l'agrochimie, et associé à une cascade de procédures judiciaires.
Mais la disparition de l'étiquette Monsanto est de pure forme: les marques de la firme de Saint-Louis seront vendues à l'identique, de Dekalb (semences de maïs et colza) à De Ruiter (semences potagères) en passant par le célèbre Round up, herbicide au glyphosate mis en cause pour ses effets cancérogènes.
L'inquiétude de Paul François
Paul François, le céréalier qui a réussi à faire condamner Monsanto pour intoxication, après dix ans de procédure estime que "c'est une façon pour Montsanto de se laver les mains".Le céréalier installé à Bernac en Charente considère que "c'est un moyen pour le géant américain de se débarasser des procédures en cours".
Paul François est le premier agriculteur à avoir fait condamner Montsanto.
Ecoutez son interview réalisée par Alice Gobaud.
Le 24 avril 2004 Paul François avait été intoxiqué par un produit de la firme américaine Monsanto, le Lasso, cet herbicide soupçonné d’être cancérigène. C’est le début d’une longue descente aux enfers : hospitalisation, coma, psychiatrie.
En 2007, l’agriculteur décide de poursuivre en justice la multinationale américaine, et contre toute attente, obtient gain de cause.
En 2012, l'entreprise Monsanto est condamnée à l’indemniser, mais en juillet 2017 la Cour de cassation annule cette décision et renvoie Paul François devant une autre cour d’appel.
Les craintes de Marie-Monique Robin, auteur d'un documentaire sur Montsanto
En novembre 2017, la journaliste Marie-Monique Robin s'interrogeait sur notre site sur la responsabilité de Montsanto une fois absorbé par Bayer.
La lauréate du prix Albert Londres avertissait alors :
"Ma crainte c'est que Monsanto organise sa disparition légale pour échapper à toutes les poursuites judiciaires en cours dans le monde. On soupçonne que c'est la raison pour laquelle Monsanto souhaite être racheté : pour échapper à tout cela. Et pour Paul François et tous les autres, ce serait une très mauvaise nouvelle".