Le personnel soignant du service psychiatrique de l'hôpital de Brive a adressé un courrier à sa direction afin de s'opposer à l'accueil d'un patient au lourd passé criminel, surnommé "le cannibale". Il avait éventré un homme dans une rue du centre-ville de Brive en 1997, avant de réitérer en 2004, perpétrant un meurtre avec acte de cannibalisme sur son codétenu.
C'est avec inquiétude et incompréhension que le personnel soignant du service psychiatrique Henri Laborit, de l'hôpital de Brive, a appris, début juin, le potentiel transfert d'un patient, connu pour ses deux meurtres d'une violence inouïe, dans leur service. Information de nos confrères de La Montagne, qui nous a été confirmée.
Un meurtrier bien connu à Brive, surnommé "le cannibale". Il avait éventré en pleine journée un homme dans une rue du centre-ville de Brive en 1997, avant de tuer son codétenu en 2004, lui mangeant la cervelle à la petite cuillère, à la prison de Saint-Maur, dans l'Indre.
Une inquiétude somme toute légitime pour ce service de soins intensifs psychiatriques (SSIP), situé à l'écart du centre hospitalier de Brive, qui a adressé un courrier à sa direction pour exprimer son refus d'accueillir ce patient : ce courrier, nous nous le sommes procuré et il mentionne notamment : "Notre expérience et notre expertise professionnelles […] nous amènent à penser que nous avons la légitimité pour nous opposer au transfert dans notre service hospitalier d’un tel patient à la dangerosité potentielle évidente et avérée."
Une structure non adaptée
Long de trois pages, le courrier argumenté explique pourquoi le personnel soignant s'oppose à ce transfert. N'étant pas une unité de soins intensifs psychiatriques (USIP) en tant que telle, mais bien un SSIP, le courrier explique que le site "ne dispose ainsi pas des mêmes moyens humains, matériels et thérapeutiques". Leur service n'accueille que des patients de façon transitoire, le temps d'une crise psychique, mais ne constitue pas "un lieu de vie".
Dans le courrier, le personnel soignant décrit également "Monsieur B." comme une personne de "taille imposante, avec une force musculaire très développée", ce qui n'aide pas à rassurer l'équipe paramédicale, composée de neuf femmes et de six hommes.
Les règles de sécurité à l'intérieur du site ne sont, selon le courrier, pas suffisamment strictes pour surveiller correctement un tel patient. La nuit en particulier, où ils peuvent sortir librement de leur chambre. Depuis le mois de juin 2022, les patients sont également autorisés à conserver leurs effets personnels, même tranchants ou contondants, à la suite des recommandations de l'Agence régionale de la santé.
Autant d'arguments qui expliquent l'impossibilité de gérer un patient dangereux dans ce service. Monsieur B. est hospitalisé depuis octobre 2021 en unité pour malades difficiles (UMD) au centre hospitalier du pays d'Eygurande (CHPE), au nord d'Ussel.
Un transfert pour préparer le retour à son domicile ?
Les soignants du service psychiatrique de Brive s'interrogent également sur le bien-fondé de ce transfert. "Il semblerait que son transfert dans notre service soit fait dans un processus de préparation de son retour à domicile. Il nous semble fortement improbable [...] qu'un médecin psychiatre demande sa sortie et qu'un représentant de l'État le valide", est-il écrit.
Pourtant, le transfert a l'air d'être bien avancé. On peut en effet lire que le personnel a été "très surpris" d'apprendre qu'une demande de visite du site d'Henri Laborit pour le patient avait déjà été faite et qu'une visioconférence avait eu lieu le 7 juin avec l'UMD pour échanger sur sa situation clinique.
Le préfet de la Corrèze, Etienne Desplanques, a toutefois nuancé les craintes du personnel soignant, affirmant que "les inquiétudes formulées par des personnels du centre hospitalier de Brive semblent venir d'échanges entre personnels médicaux à la suite de la dernière commission médicale de suivi, qui ne préjugent en rien de la décision que prendra le moment venu, le préfet."
Le préfet, que nous avons contacté par mail, a également affirmé qu'il "n'avait pas été saisi à ce jour par la commission de suivi, qui n'a elle-même pas encore statué".
Une commission doit en effet avoir lieu le 23 juin pour statuer ou non sur ce transfert à Brive. Une décision qui interviendra un mois après qu'une infirmière a été tuée au centre hospitalier universitaire (CHU) de Reims.